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Le complexe Parisot
Sommes-nous à ce point réduits à des guéguerres de politiciens en quête de pouvoir et singulièrement dépourvus d’idéaux et de projets pour le pays ? C’est ce qu’on est obligé de croire en voyant le triste et risible conflit de paternité autour du Parisot Municipal Complex.
Il n’y a pas lieu de faire un test ADN pour savoir que beaucoup de nos politiciens – pas tous heureusement ! – sont liés ou reliés entre eux. Le syndrome de notre classe (si on peut toujours abuser de ce terme ?) politique est archiconnu et suffisamment documenté : au pouvoir, les politiciens passent, souvent, trop souvent, leur temps à critiquer le précédent régime «pour sa mauvaise gestion» – rien n’est bon, tout est à jeter, nous allons reconstruire sur de nouvelles bases, nous dit-on.
Et on les croit, même si c’est par dépit – et on ne réalise pas que leur horizon, déjà étroit à la base, s’arrête sur la ligne des cinq ans (que dure une législature, s’il n’y a pas cassure avant). Mais, par la suite, ils manquent, rarement, une occasion de «déklar piti zot kamarad» quand le projet sort enfin des terres, ou quand ce n’est pas encore devenu un éléphant blanc !
Pour revenir au complexe (dans le sens «sentiment d’infériorité qui génère une conduite timide, inhibée», selon le Larousse) Parisot, tout cela pour une banderole ? Pas vraiment, il y a autre chose : derrière le drapeau rouge du PTr, il y a une autre couleur : celle du MSM – à tel point que l’on pourrait dire qu’il constitue les deux côtés d’une même pièce de monnaie. Pile ou face si vous viré ou réviré mam !
En allant à la police hier pour consigner une déposition contre Showkutally Soodhun, Patrick Assirvaden nous fait la démonstration qu’ils sont quasi-identiques dans leur approche – la déposition est pour la forme uniquement. Combien de telles dépositions démagogiques ont été faites par Soodhun lui-même contre ses adversaires ?
Assirvaden sait fort bien que la police sous Mario Nobin ne fera rien contre le n°3 du GM, d’autant qu’elle est débordée et qu’elle a mieux à faire pour contrer le trafic de drogue qui semble s’amplifier, à établir des ponts avec la police réunionnaise (qui se méfie de nos flics), et à sécuriser nos routes aussi bien maritimes que terrestres.
À mesure que le MSM et son assemblage hétéroclite s’enfoncent, vous remarquerez que les Travaillistes sortent de plus en plus de leur trou. Face aux multiples «significant achievements» des Jugnauth (qui veulent se refiler le Prime Ministership sans passer par les urnes), Bhadain (pour sa gestion post-BAI et son projet Heritage City, entre autres), Lutchmeenaraidoo (pour son euro-loan et ses fausses prédictions de croissance), Gayan (Cardiac Centre et drogues synthétiques), Collendavelloo (approvisionnement eau 24h/24 qui tarde et absence de considération pour Megh Pillay et Ameenah Gurib-Fakim), Seeruttun (fièvre aphteuse et mauvais traitement des animaux), Thierry Henry, Sandhya Boygah et proches, etc ; les Rs 220 millions de Ramgoolam et ses liens avec Soornack et… Gooljaury (devenu depuis le chouchou du MSM) sont relativisés, voire oubliés.
Et quand Pravind Jugnauth sera à bord de sa nouvelle berline premier ministérielle, Navin Ramgoolam sera, nous dit-il, à la tête d’une mobilisation monstre pour lui barrer la route ! La bataille des fils/dynasties s’annonce âpre – pour eux, entre eux.
Mais pour nous ?
Alors que l’image du pays est, de plus en plus, écornée à l’international par les «delaying tactics» dans l’affaire Boskalis, alors que Brigitte Bardot nous interpelle sur l’ignoble traitement accordé à nos chiens errants, alors que la Première femme présidente est malmenée par les politiciens mâles (et en mal de publicité), alors que la distribution d’eau demeure problématique malgré les promesses soporifiques de Collendavelloo, alors que le thé mauricien disparaît mystérieusement de nos rayons, des politiciens demandent à la police – déjà débordée par ses propres membres qui sont trempés dans le trafic de la drogue – d’enquêter sur l’inscription d’une banale banderole politique, ou se plaignent de la qualité du gâteau piment ou du «briani» qu’on leur sert à l’hôtel du gouvernement…
Bref, quel mélodrame ce complexe Parisot !
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