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Les Chagos et la raison
Je ne sais pas trop comment dire ça, mais est-ce que, lors du dialogue entre sir Anerood et le fantasque Boris de Pfeffel Johnson, ce dernier a couillonné notre Premier ministre (PM) ? (Oui, oui, le mot qui vous fait peut-être sourciller un peu est bien dans mon Larousse !)
Je pose la question parce que notre PM était tout feu tout flamme en allant à la 71e session du Conseil des Nations unies en septembre dernier pour deux semaines entières. Il avait unifié, comme jamais auparavant, tout le pays derrière lui et avait démontré une volonté de ne pas se laisser manœuvrer plus longtemps par les Anglais. Or, que voyons-nous aujourd’hui ? Il semblerait que la gouaille de Boris ait été suffisante pour que SAJ renvoie à juin 2017, apparemment SANS CONDITION AUCUNE, le procès qu’il voulait intenter immédiatement pour établir la souveraineté de Maurice sur les Chagos. Nous aurions pu refuser ce renvoi, SAUF SI LES BRITANNIQUES AVAIENT ACCEPTÉ DE NE PRENDRE AUCUNE DÉCISION UNILATÉRALE PENDANT CETTE PÉRIODE.
Or, nous avons renvoyé notre action à juin 2017 et permis aux Britanniques, pendant ce temps-là, de renouveler leur bail avec les Américains, malgré l’avis du Tribunal arbitral sur la convention du droit de la mer qui spécifiait que Maurice a, d’évidence, «voix au chapitre dans le cadre de décisions importantes autour de cet archipel en attendant que celui-ci soit effectivement confié aux autorités mauriciennes» ! Mieux, cela a permis à la partie britannique, unilatéralement, de déclarer inopérant tout retour des Chagossiens aux Chagos et de tenter d’acheter, dans notre dos, le silence et l’acquiescement des Chagossiens avec 40 millions de livres sterling, étalés sur 10 ans !
Nous avons ainsi, bêtement, perdu neuf mois entiers et quelques positionnements tactiques importants. Par exemple, les américains auraient trouvé bien plus difficile de signer face à un procès déjà engagé par maurice contestant la souveraineté des britanniques aux chagos, tout de même !
Nous avons ainsi, bêtement, perdu neuf mois entiers et quelques positionnements tactiques importants. Par exemple, les Américains auraient trouvé bien plus difficile de signer face à un procès déjà engagé par Maurice contestant la souveraineté des Britanniques aux Chagos, tout de même ! Les Chagossiens ne roulant pas sur l’or et étant souvent d’âge mûr, peut-être devrions nous maintenant aider les Chagossiens à ne pas se laisser tenter en promettant au moins autant de «compensation» que les Anglais ? D’ailleurs, avec une livre sterling appelée à faiblir encore plus quand le Brexit va vraiment mordre, 40 millions de livres sterling seront au moins aussi supportables que les per diems annuels consommés par ceux qui voyagent, y compris vers le Vatican, au nom de l’État ?
Nous avons le bonheur de voir M. Bancoult confirmer que les Chagossiens ne sont pas à vendre, mais les manœuvres des Anglais, affichées sciemment depuis le premier jour où ils mettaient tout en branle pour nous voler les Chagos et déposséder les Chagossiens de leur patrie, ne se sont arrêtées à rien pour assouvir les objectifs. Sir Anerood, lui-même, le reconnaissait l’an dernier et disait ne plus accepter leurs tactiques dilatoires ! Cependant, nous avons, malgré tout, à nouveau été floués et trompés et ne saurons «comment» qu’un jour, peut-être, dans encore 30 ans, quand les archives nationales britanniques seront déclassifiées !
Car il s’agit aussi de reconnaître nos propres insuffisances nationales dans ce pays où NOS archives ne sont jamais déclassifiées, où le Freedom of Information Act reste, chez nous, 16 ans après les Britanniques, toujours du domaine du rêve et où la perspective des Chagos sous notre contrôle ne peut pas enchanter pleinement au vu du pillage pratiqué (toléré ?) dans les lagons de Saint Brandon, des lagons ravagés de Maurice et du traitement généralement infligé aux Agaléens ou aux Rodriguais chez eux.
Vraiment pas de quoi être fier, si vous me demandez !
Après les os de dodo, la matrice du Blue Penny et les Chagos, voilà que l’on nous pille aussi notre dignité…
* * *
Autre sujet de la semaine : M. Anwar Husnoo a été hué et insulté par des marchands «ambulants», à Plaine-Verte, au centre Idrice Goomany. Au-delà de ce comportement qui ne fait pas honneur à qui que ce soit, ce que cette montée de colère illustre, c’est bien le fait que ce ministre à l’apparence fragile et qui n’a pas toujours les meilleures idées (à son arrivée au pouvoir, sa première promesse avait été, bien au contraire, de se faire fort que les marchands «ambulants» puissent accéder à des vans «duty free» !) a bien été le premier à montrer suffisamment de courage et de détermination pour, enfin, régler le problème ! À ce titre, il se fera peut-être encore chahuter par ces «ambulants» qui étaient tout ce qu’il y a de plus inamovible à Port-Louis et ailleurs, encombrant les trottoirs, débordant parfois dans les rues, faisant la nique aux commerçants payant leurs taxes municipales (et leur piquant leurs clients !) et laissant derrière eux, quand ils pliaient bagages en fin de journée, divers monticules de carton et de sacs plastique, mais, en contrepartie, il aura rassemblé les remerciements sincères des citadins, des commerçants et des passants.
Ces derniers sont certes moins bruyants, mais ils sont plus nombreux ! Et la ville respire…
***
Nonobstant la victoire de la raison dans ce conflit entre la municipalité et les «ambulants» qui sont tout, sauf ça, on apprend que la raison a, une fois encore, été mise à mal. C’est l’express du 25 novembre qui nous raconte : 106 opérateurs qui devaient, lors des activités de Porlwi by Light, s’installer aux rues Lebrun, Joseph Rivière, sir William Newton, auraient été… «interdits» au motif qu’ils se trouvent à moins de 500 mètres du marché central, ce qui offense un jugement de la cour. Le fait que le marché soit FERMÉ aux heures de Porlwi by Light, ne semble émouvoir personne. Quand on apprend que c’est après l’intervention de «représentants légaux» que cette décision a été prise, on comprend mieux : ce ne sont souvent pas des gens de bon sens et de raison, mais des accros de jurisprudence et de respect fanatique des mots.
Quitte à ce que leur interprétation implique que le juge soit un écervelé…
* * *
En fin de semaine, la boucle était bouclée. Non pas avec la raison, mais avec la raison du plus fort ! Comme les Anglais aux Chagos, le gouvernement, suprême ironie, à travers ses représentants sur le board d’Air Mauritius mettait lui à l’essai le sens de la dignité de Mes André Robert et Désiré Basset en leur adjoignant… des chaperons ! Explication ? ON va vous aider! Message ? On ne vous fait pas suffisamment confiance pour vous laisser faire seul, ou, au minimum, vous n’êtes pas capables ! Les professionnels intègres qu’ils sont se sont retirés immédiatement. Pour le plus grand bonheur des chefs d’orchestre du départ de Megh Pillay. À la grande déconvenue de ceux qui souhaitaient des sanctions pour les incartades de M. Seetaramadoo. La raison et son compagnon loyal, la justice, aux antipodes de la raison du plus fort, prennent un coup en pleine gueule !
Jusqu’à quand ?
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