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L’heure des choix
La berline a déjà été choisie : une BMW 760Li au coût de Rs 19,4 millions. Reste maintenant à confirmer la date pour la passation de pouvoir entre père et fils. La presse parle du 9 décembre. En l’absence de démenti formel de la part des principaux protagonistes, le pays s’enfonce de plus en plus dans un climat d’attentisme.
Cette atmosphère pesante s’est installée depuis que le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, a annoncé son intention de se retirer afin de permettre à son fils de lui succéder au bâtiment du Trésor. Depuis, les courtisans se repositionnent dans une course effrénée afin de mieux se faire voir de l’héritier désigné du trône.
Cette annonce du Premier ministre en exercice a également rendu le centre du pouvoir à peine discernable tellement les tentatives pour s’en emparer se sont succédé ces derniers temps. Les commentaires du chef du gouvernement dans le sillage de la révocation du CEO d’Air Mauritius : «Je ne suis pas au courant» ou encore «MK tombe sous ma responsabilité mais je ne siège pas au conseil d’administration» sont d’ailleurs très révélateurs de l’état d’esprit de celui que la population a placé à la primature.
Malheureusement, cette même population n’aura pas son mot à dire quand il s’agira de choisir le successeur de sir Anerood Jugnauth une fois qu’il aura abdiqué officiellement.
Cela dit, une question se pose. L’installation à la tête du pays d’un nouveau Premier ministre va-t-elle restaurer la confiance dans les institutions ? Rien n’est moins sûr. Qui plus est, certains agissements au cours de ces derniers mois poussent nombre d’analystes à ne pas céder à un optimisme béat. Car, c’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Le fait, qu’en dépit de beaux discours, Maurice peine toujours à définir des politiques claires pour sortir son économie du piège à revenu intermédiaire vient renforcer cette posture.
Les divergences de vues sur les options de la relance dont nous faisions l’écho, la semaine dernière, braquent également les projecteurs sur les défis à court-moyen terme. La tendance affichée depuis les dernières législatives ne donne pas, non plus, une lueur d’espoir quant à un changement de cap ou à une volonté de faire bouger les lignes. Au contraire : l’incapacité de nos dirigeants à nous proposer une véritable rupture se reflète aujourd’hui dans les principaux indicateurs économiques. La croissance, le chômage, la dette publique et l’investissement, entre autres, sont autant de sources d’inquiétude.
L’absence de consensus entre l’État et le secteur privé sur la meilleure politique agricole à adopter pour le pays (voir notre dossier de cette semaine) est aussi un signe qui ne trompe pas. Tout comme le message à peine voilé de Ramesh Basant Roi lors du dîner annuel de la Banque de Maurice à l’intention des opérateurs économiques. Selon le Gouverneur de la Banque centrale, l’outil monétaire n’est pas la seule recette à la croissance. Le pays a aussi besoin d’un programme de réformes courageux ainsi que d’autres initiatives politiques.
“Truths need to be told bluntly, without prevaricating and without obfuscation, as otherwise people tend to delude themselves into believing that nothing fundamental needs to change if the future economic performance is to match the past.”
Et d’ajouter que le pays a besoin de cohérence et de plus d’engagement. Voilà qui devrait inspirer !
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