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Il faudrait qu’il se lève tôt !
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Il faudrait qu’il se lève tôt !
Intenses manœuvres à l’œuvre. Alors que Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval accordaient leurs violons à River Walk, des émissaires déterminés de l’alliance Lepep ratissaient large pour gratter le moindre soutien parlementaire pouvant leur permettre d’atteindre une majorité de trois quarts. Aux dernières nouvelles, même s’il y a encore quelques macadams à aplanir, l’équipe gouvernementale aurait atteint environ 48 voix sur les 52 requises pour aller de l’avant avec l’amendement constitutionnel : 32 MSM + 7 ML + 2 OPR + 5 (?) indépendants + 2 MP...
L’opération séduction se poursuit auprès des députés bleus, rouges, mauves…et tout peut encore basculer, tant l’équilibre s’avère précaire dans les rangs défigurés de l’Assemblée nationale. Entre-temps, les deux projets de loi relatifs à la Prosecution Commission (PC) auront mystérieusement disparu, hier soir, de l’ordre du jour d’aujourd’hui. Ce n’est, peut-être, pas parce que le MMM et le PMSD ont réclamé, d’une seule voix, davantage de temps pour débattre, mais c’est sûrement dû au fait que le MSM et ses partenaires épars croient toujours, en leur for intérieur, pouvoir amender la Constitution pour revoir le pouvoir du DPP, sans le PMSD. Malgré une côte de popularité en baisse constante depuis décembre 2014, le MSM estime qu’il demeure plus populaire que les autres partis et, ce, en dépit de l’usure après deux ans au pouvoir. Il n’a pas vraiment tort - si l’on en croit les résultats d’un sondage Synthèses/La Sentinelle - dont nous publions un extrait aujourd’hui (voir ci-contre).
Au Parlement, la PC a été repoussée, le temps pour Lepep de tenter d’atteindre la barre des 52 pour l’amendement constitutionnel, devenu une véritable obsession du pouvoir en place.
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«San nou, Xavier zamé ti pou gagn 11 dépité !» L’assaut est donné. Lepep a implosé en moins de 24 mois. Sans tarder, les alliés objectifs d’hier sont (re)devenus des adversaires qui s’affrontent devant un public de moins en moins médusé. Plus rien ne pourrait désormais nous étonner en termes de combinaisons politiciennes. Les alliances se font (devant nous), et se défont (dans notre dos), et se refont secrètement au départ, avant d’être officialisées, comme à l’accoutumée.
Lorsqu’il s’agit de combattre politiquement ses adversaires du jour, sir Anerood Jugnauth devient un être primaire. À son âge surtout, il ne faut pas compter sur lui pour faire de concessions. Xavier-Luc Duval, qui n’a pu le rencontrer (malgré son statut de numéro 2 du gouvernement), a été acculé. Il a dû ramasser ses affaires, et «lev paké alé». Sir Anerood n’est pas du genre à négocier avec quelqu’un qui a un couteau dans le dos. Duval, lui, joue dans le registre consensuel - un euphémisme pour traduire ce marchandage de pouvoir ou de «boutes» entre propriétaires de parti, qui se relaient au pouvoir ou dans l’opposition.
En souriant, sans doute pour masquer la pression à laquelle il a eu à faire face ces derniers temps, le nouveau leader de l’opposition a plaidé pour une opposition unie, dans la même foulée que l’annonce de sa démission. Sauf qu’en l’espace de deux jours, il se voit obligé de passer du poste constitutionnel de Premier ministre adjoint au poste, non moins constitutionnel, de leader de l’opposition. Un grand écart dont lui seul cultive le secret !
Après avoir craché sur le tandem Ramgoolam-Bérenger durant la dernière campagne électorale, ne se retrouve-t-il pas aujourd’hui littéralement coincé entre les deux leaders qui ont un objectif commun : faire chuter le régime des Jugnauth. Intellectuellement, stratégiquement, comment passe-t-on, en deux jours, d’une posture gouverne=mentale à celle d’opposant à ce même gouvernement ? Pourrait-il puiser dans ses notes des Conseils des ministres qu’il a présidés pour poser des PNQ qui feront mouche ? Ou sera-t-il un homme d’État qui va respecter toutes les clauses de confidentialité ? Ou sera-t-il un leader de l’opposition mou, consensuel, comme les parenthèses quasi inéxistantes qu’ont été Nando Bodha et Alan Ganoo dans le passé ?
Pour pouvoir remplacer Paul Bérenger, qui a placé la barre à un haut niveau, Xavier-Luc Duval devrait bosser jour et nuit sur des dossiers complexes, soigner la formulation des questions et ne pas avoir peur de faire du rentre-dedans à ses anciens camarades du Cabinet. En sera-t-il capable, alors qu’il sort d’une relation amoureuse (avec quelques crises de nerfs) de deux ans avec eux ? S’il fait moins bien que le leader du MMM - qui a su transformer la PNQ en une arme politique redoutable -, il pourra difficilement prétendre remplacer celui-ci parmi l’électorat qu’il lui dispute. Et de l’autre côté, pour faire mieux que Paul Bérenger, il aura à se lever tôt, avant même le soleil…
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