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Le travail ou l’oeuvre ?

19 janvier 2017, 09:32

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Le travail ou l’oeuvre ?

«On va travailler pour l’avancement de la discipline.» Cette phrase, émanant des dirigeants sportifs, fraîchement élus au sein du bureau exécutif de leur fédération respective, on l’a archi lue et entendue.

Une chose me frappe personnellement dans ces propos. C’est l’utilisation du mot «travailler». Le sens premier de celui-ci concerne la conduite d’une activité professionnelle. Avec, bien évidemment, à terme une rémunération. Chose parfaitement logique. Le contraire ne serait ni plus ni moins que de l’esclavage.

Cela dit, rarement a-t-on entendu un de ces élus déclarer qu’il «oeuvrera» pour la progression de son sport et de ses licenciés. OEuvrer, cela a un sens, allons dire, plus précis. On oeuvre pour une cause par conviction, par amour. Et, à la différence du travail, on le fait sans la moindre considération pour les questions pécuniaires. Sans la moindre arrière-pensée ou autres ambitions obscures. On donne son temps, son énergie, son savoir-faire pour arriver au résultat que l’on s’est fixé. On dit, en psychanalyse, qu’il y a un lien entre le langage et l’inconscient. En d’autres termes, l’utilisation des mots est très importante car elle traduit souvent l’état d’être, voire les pensées profondes de quelqu’un.

En affirmant ainsi «travailler» pour leur discipline, certains dirigeants s’approprient, du coup, dans un petit coin de leur tête, le droit à une récompense puisque tout travail conduit à celle-ci. Mais, vu qu’ils ne sont pas éligibles à un salaire, alors, ils essaient de compenser celui-ci avec les voyages, les per diem et autres privilèges. Une fois qu’ils y ont pris goût, le détachement devient compliqué. Ils oublient ce que sont le respect des valeurs sportives, la morale et le bon sens pour se livrer dans des conflits de toutes sortes, allant même parfois jusqu’à de vulgaires bagarres, pour se maintenir à tout prix au pouvoir.

Puisqu’ils disent «travailler», il serait peut-être temps de penser alors, en s’appuyant sur des dispositions légales, à se conformer à la démarche qui généralement précède toute embauche : une entrevue. Le candidat postulant à un poste à responsabilité dans une fédération aurait l’obligation de se présenter devant un panel d’«interviewers». Muni de tous les documents qui attesteraient de ses compétences, de ses connaissances de sa discipline et du sport en général. Il devra également répondre aux questions qui lui seront posées pour prouver sa bonne foi et ses convictions. Il devra aussi exposer, en détail, la vision qu’il a pour son sport et son plan d’action pour l’atteindre. Un tel exercice ne serait pas saugrenu. Au contraire, il augmenterait les chances d’avoir «the right man in the right place…»