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Le Bhadain post-BAI pourra-t-il convaincre ?

25 janvier 2017, 07:40

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Ni révoqué, ni démissionnaire, Roshi Bhadain ambitionne d’incarner l’alternance politique. Il souhaite moderniser le jeu, en se muant en un genre de Gandhi mauricien, adepte des réseaux sociaux et de la vie simple. Il espère qu’une foule réelle le suive dans sa démarche, outre le soutien émanant des dizaines de milliers de fans virtuels qu’il revendique sur Facebook. Mais il n’a pas les coudées aussi franches qu’il ne le pense.
 
Peut-on, ou, plutôt, doit-on croire au discours moderniste de l’ancien ministre MSM ? À nos yeux, il y a deux Bhadain au moins. Et bien plus de 60 «achievements».
 
L’un était ministre-enquêteur, ami des  Jugnauth, résolument pro-pouvoir et anti-BAI, utilisant des méthodes s’apparentant au KGB pour parvenir à ses fins, et le nouveau Bhadain est devenu simple parlementaire, désormais lanceur d’alerte contre le pouvoir des mêmes Jugnauth qu’il adorait et qui essaie de se dépêtrer sans trop de dégâts de la nébuleuse affaire BAI (qui pourrait s’avérer son plus lourd boulet dans sa nouvelle carrière).

Bhadain, puissant ministre qui avait l’oreille de SAJ, alors que Pravind Jugnauth était pris dans les filets de MedPoint, avait profité de sa position au pouvoir pour confronter ses adversaires politiques et tous ceux qui se dressaient sur sa route, tandis que le nouveau Bhadain, désormais honni publiquement par SAJ, a besoin de la presse libre et indépendante pour dénoncer les persécutions et abus de pouvoir. 

Revirement de situation ? Pas vraiment.  Les méthodes n’ont pas changé tout à fait. C’est la couleur du maillot qui change, sous nos yeux qui ne sont même plus médusés. 

Car Bhadain ne nous surprend pas vraiment en menaçant ses nouveaux ennemis de tout déballer sur les scandales au sein du GM. Il garde ses munitions dans le ‘cyberspace’ si jamais on le cherche...Alors que nous, qui ne sommes pas dans le secret des divinités,  demeurons dans le flou. Et si Bhadain avait obtenu le portefeuille de ministre des Finances?
 
Vu qu’il est issu du système MSM, Bhadain n’aurait pas dû être surpris de n’avoir pu récupérer ses divinités à son bureau, hier matin. Il confie avoir juste eu le temps de ravir une tasse, une tasse spéciale, sur laquelle était affectueusement écrit «Proud to call you Dad»... 

Bhadain semble marcher dans un ‘no man’s land’. Il emprunte un sentier qui zigzague entre les Jugnauth, qui ne vont pas le rater ,et Navin Ramgoolam, celui qu’il aspirait à assassiner politiquement, au nom du père et du fils...
 
Mais le passé est le passé, dit-il. Toutefois...

***

...autorisons-nous un flashback sur Roshi Bhadain, ministre. En septembre 2015, l’express, prenant à contre-pied une bonne partie de l’opinion, s’insurgeait contre le fait que Roshi Bhadain détournait la MBC à ses fins personnelles. Monsieur Bonne gouvernance nous apparaissait  dès lors comme un homme dangereux.
 
Nous étions convaincus que le ministre jadis responsable de la station de radiotélévision nationale, alors qu’il détenait le portefeuille de la Bonne gouvernance, était susceptible d’affecter de plus en plus de personnes, en voulant trop faire, en essayant de bien faire (car nous lui faisions ce crédit-là malgré tout).

C’est, en fait, un article d’opinion de l’express, paru le dimanche 9 août 2015, sous le titre «Un homme, beaucoup d’affectés !» qui devait mécontenter l’exministre des Services financiers, de la bonne gouvernance et des TCI. Bhadain n’était pas du tout content que l’express ait placé sa photo à côté de celles de Richard Reid (condamné à perpétuité dans le Colorado) et du Dr Andrew Wakefield (auteur d’une étude frauduleuse sur le vaccin triple MMR dans The Lancet). Il ne digérait pas notre  propos : «Plus près de nous, il y a Roshi Bhadain, qu’il ne faut comparer ni à un fou de dieu ni à un scientifique malhonnête bien évidemment, mais dont les interventions qui se multiplient commencent à affecter de plus en plus de monde dans ce pays.» 

***

Bhadain, qui souhaite être aimé de tous, devrait savoir qu’il ne pourra plus mettre une distance entre le père Jugnauth et son fils Pravind. SAJ le lui a clairement fait comprendre : qu’il aille se faire voir ailleurs. 

De l’autre côté, c’est clair que l’opposition parlementaire qui tente, laborieusement, de présenter un front uni et qui se dispute les  71 % de l’électorat qui désapprouve la passation de pouvoir entre les Jugnauth ne voudra pas de lui - car Bhadain est aussi, paradoxalement, devenu aussi encombrant que Ramgoolam lui-même ! Surtout pour attraper les poissons qui nagent dans le réservoir des 37 % d’indécis.