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Passation de pouvoir: Au nom du fils !
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Passation de pouvoir: Au nom du fils !
Ainsi soit-il, se résignerait-on de dire devant l’évolution rocambolesque de la scène politique locale.
Le père n’en peut plus. Il ne veut plus être Premier ministre pour des raisons qu’il ne juge pas utile de dévoiler au peuple mauricien. Or, voilà deux ans que ce même peuple admirable, ébloui par les promesses mirobolantes de l’alliance Lepep, dégoûté par les frasques de l’ancien régime et se remémorant les années fastes du tandem SAJ-Lutchmeenaraidoo, présenté de nouveau à la population comme Premier ministre et ministre des Finances respectivement, plébiscitait SAJ pour être à la tête du pays pour les cinq ans à venir. Il n’était, à aucun moment, question de partage de pouvoir Premier ministériel avec qui que ce soit !
C’était le retour du Rambo local qui était annoncé, avec à ses côtés son magicien de ministre des Finances. Nous, le peuple, depuis lors, avons attendu, avec une patience à guérir la gale, que le miracle économique tant jeté en appât pointe ne serait-ce que le bout du nez. C’était une fois encore... «Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» Qui plus est, aucun des deux ne s’était présenté comme membre d’un des trois partis de l’alliance Lepep.
On connaît bien la suite de cet épisode de notre histoire politique contemporaine. Plusieurs pôles de pouvoir se manifestèrent, étalant sur la place publique une bataille d’orgueil et d’ego ! Lutchmeenaraidoo perdit son fauteuil de ministre des Finances et, pour sa sur- vie politique, rejoignit sur la pointe des pieds le MSM, son deuxième amour parmi tant d’autres lits politiques qu’il a changés. Il avouait, entre-temps, qu’il ne croyait plus dans les chiffres et encore moins dans le miracle économique tant vanté, car il n’avait pas de baguette magique ! Comment oublier sa soi-disant croisade contre un peuple «zougader», alors qu’il spéculait lui-même dans l’or et convertissait le Centre de conférence de Grand-Baie en casino ?
SAJ, au fil des mois depuis son installation comme Premier ministre, prit conscience de son incapacité d’asseoir son autorité. Il se rendit vite compte qu’il ne contrôlait plus rien.
Il se retrouvait souvent en minorité dans la prise de décisions. Souvenons-nous de la valse décisionnelle autour du projet Heritage City.
«Dans toute cette salade indigeste, SAJ ne nous a guère éclairés sur les vraies raisons qui ont motivé sa décision.»
En s’adressant à la nation pour nous annoncer l’abandon de sa responsabilité de Premier ministre, il essaya, sans grande conviction, de nous brosser un tableau des plus élogieux de son primeministership durant ces deux dernières années.
Il nous parla de la saga BAI mais il oublia de mentionner comment plu- sieurs clients de ce système continuent de souffrir jusqu’à ce jour, et comment lui, d’après ses propres dires, pour ne pas passer pour le dernier des couillons, avait vite fait de retirer son argent de la Bramer Bank avant que la licence de cette banque ne soit révoquée par la Banque centrale. Ceux qui étaient dans le secret des dieux en firent autant et tant pis pour le peuple !
Il nous évoquait aussi une soi-disant non-ingérence politique dans le recrutement des fonctionnaires par la PSC en critiquant, pas sans raison, le régime précédent dans ce domaine. Là encore, il passait sous silence le fait que la PSC avait délégué le recrutement pour des centaines de postes d’une certaine catégorie aux ministères concernés, avec tout ce qu’une telle politique a eu comment incidence, privilégiant, à ne point en douter, le noubanisme.
Dans ce même registre, il a convenablement passé sous silence la nomination scandaleuse à des postes de haute responsabilité dans le corps parapublic et des institutions publiques des fils, filles, pères, copains et copines de ministres et autres apparatchiks du pouvoir. Il y en a tellement que l’on risque d’oublier certains de ses, pas si propres, superconseillers sur lesquels pèse le poids de la justice. Et l’éjection autant scandaleuse du performant Megh Pillay du siège de directeur général d’Air Mauritius ?
Certainement, cela aurait satisfait la population s’il avait évoqué le scandale des Rs 19 millions payées comme frais d’avocat à une seule personne, proche parent d’un de ses ministres. Ou encore ces dépenses faramineuses du denier public autour des projets, tel le Heritage City, conçus que pour la glorification de certains dans son entourage, inclus lui-même.
Il aurait pu aussi faire état de son ministre destitué, plus connu sous le sobriquet de «ministre bal kuler».
Tout ce qui précède n’est pas exhaustif. Car il y a aussi la situation catastrophique de Law and Order, la fourniture d’eau 24/7, les fléaux sociaux parmi tant d’autres.
En plus, il a annoncé qu’il part tout en restant. (La population sera mieux éclairée si des légistes peuvent, en termes clairs, expliciter les dispositions constitutionnelles concernant la démission d’un Premier ministre, tout en faisant la lumière sur l’article 60 (3) et (4) de notre Constitution.)
Dans toute cette salade indigeste, SAJ ne nous a guère éclairés sur les vraies raisons qui ont motivé sa décision de rendre le tablier de Premier ministre !
Il ne nous reste plus qu’à conclure que c’est uniquement pour satisfaire une ambition personnelle qu’il a adoubé son fils du collier premier ministériel, après l’avoir fait son dauphin au sein du MSM et ensuite jeté sur lui le manteau de leader au grand dam d’autres aspirants plus légitimes. Que ce dernier ait été plébiscité ou pas par le peuple est le cadet de ses soucis. La démocratie, violée impunément, peut aller se faire voir.
Uniquement au nom du fils !
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