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AVANT QUE LE BAQUET NE SE RENVERSE….

29 janvier 2017, 07:50

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Cela vous est peut être arrivé au moins une fois d’avoir trop mangé ?

Le contexte est souvent celui d’un grand repas ou d’un buffet ou tout vous fait de l’œil, tout paraît appétissant. Ou vous avez peut-être très faim ! Vous pourriez alors commencer par quelques crevettes enrobées de pate croustillante, que vous badigeonneriez légèrement dans une mayonnaise – rose de préférence. Avant de quitter le buffet, vous ajouterez a votre assiette trois petits sushi (tellement mignons !), deux mini samossas que l’on vous décrit «poisson» et peut être laisserez-vous un peu trop trainer votre fourchette dans le bol de «chasive» …. Avant de commencer à picorer, vous retournerez au buffet ayant oublié de prendre livraison du bol de bouillon chinois dans lequel nageaient quelques ailerons de requin.

Vous retournez au buffet pour la partie sérieuse du repas. Tout un choix ! Le fumet du carry poulet-crevette ? Les pates italiennes nappées d’une belle sauce tomate «Mama» ? Le poisson aigre doux sur son lit de «bredes» Tom Pouce(le médecin ayant dument recommandé des légumes …) ou le bœuf bourguignon accompagné de sa purée d’arouille ? Qu’à cela ne tienne ! On goutera un peu de tout. Avec deux tranches de pain pour faire bonne mesure …

On y ajoutera, du plateau de dessert, une petite tartelette aux amandes, une meringue (il y a longtemps que je n’en ai pas vu !), un mini napolitain, de la mousse au chocolat, une petite louche de salade de fruits et une belle cuillerée de glace sous son coulis de fraise. Suivi d’un double expresso ! A la maison, on croque un fruit, on boit une tasse de tisane et on y ajoute deux carrés de chocolat noir, à l’orange.

Ce n’est pas du repas que je veux vous parler, mais du malaise qui s’ensuit alors, vers 3 heures du matin, quand vous vous réveillez en sueur, quelque acidité au fond de la gorge, avec le tube digestif qui demande pardon et qui fait remonter le trop plein, ce qui vous mènera vers la salle d’eau. Pour dégobiller.

Cette indigestion, ou quelque chose lui ressemblant fortement, c’est ce que de plus en plus parmi nous avons ressenti au cours de ces derniers jours face à notre sur-bouffe de politique a toutes les sauces. Notre repas politicien n’est peut-être pas aussi volontaire, mais on l’ingurgite néanmoins jusqu’à l’indisposition. Pas moyen d’y échapper. Alors que la politique suppose , en priorité, que l’on s’occupe des «affaires de la cité» , nous enfourchons allègrement, ici, le canasson revanchard , nous nous recouvrons des draps «noubanistes» aussi sales que ceux que l’on pointait du doigt chez l’autre et , enveloppé de la bonne conscience que semble donner les « per diem» accumulés, on s’attèle à arracher les «mauvaises herbes» et a installer ses «jackos» , quitte à miner l’indépendance des institutions jusqu’à l’os.

Plus récemment , il a fallu , dans le sillage du retrait du PMSD du gouvernement – pour embarras gastrique face à une culture politique finalement estimée indigeste – assister au spectacle d’une passation de pouvoir papa-piti plutôt chaotique et aux allures un peu médiévales, puis avaler l’explication de Mr Wong qu’il a été ministre PMSD pour des raisons de quota ethnique et qu’ayant rejoint le MSM en tant que transfuge , il est désormais à nouveau ministre à cause de… sa compétence pour , finalement, assister à la nomination du nouveau ministre de la bonne gouvernance , pourchassé…. d’une casserole ! D’autre part, englués que nous sommes entre les interprétations possibles des clauses 59,60(3) et 117 de la Constitution ne changera rien au fait que Pravind Jugnauth est, valeur du jour, un PM légitime même si sa casserole a lui est, comme l’épée de Damoclès, au-dessus de sa tête. Et quel effet sur notre système digestif, cette conversion du bon docteur Joomye a la politique de «cuisiner autrement» du MSM ? Ou ce cheminement de la femme de «conviction» que serait madame Monty pour accéder aux salaires** (et aux responsabilités !) de PPS ? Saviez-vous, en passant, que les PPS du parlement britannique ou néozélandais, desquels nous nous sommes inspirés, font la liaison entre ministres et parlementaires («the eyes and ears of ministers in parliament») et qu’ils ne touchent pas un rond de plus que leur salaire de parlementaire pour ce faire, eux ?

Ajoutez a tout cela le soufflé de l’opposition unie qui ne gonfle pas à la première tentative de cuisson, Navin tentant de retrouver sa virginité perdue et la dyspepsie qui ronge les «backbenchers » MSM, dont le salaire de parlementaire ne sera pas, finalement, agrémenté : désolé, il n’y a plus de place dans les wagons 1ere et 2eme classe ! Et comment oublier la démission plutôt inattendue du ministre Badhain s’insurgeant contre la forme qu’a prise l’accession de Pravind Jugnauth au poste de PM , mais surtout contre la mafia qui entourerait ce dernier et qui menacerait de s’accaparer de tout . Pour tout bouffer, quoi !

Tiens ! C’est l’ex ministre de la Bonne Gouvernance qui parlait, n’est-ce pas ? Et qui n’a, pourtant, rien dit tant qu’il était formellement responsable de (et payé pour …) dénoncer ce qui lui sert aujourd’hui de bouclier personnel ?

Cet ancien ministre ayant, en effet, évoqué le «baquet» de malpropreté qu’il est capable de renverser sur la chaussée si on lui cherche noise, l’ancien premier ministre lui répondait du tac au tac qu’il avait entendu dire des «choses» sur son ancien protégé, et qu’il n’hésitera pas maintenant à fouiller les poubelles pour trouver de quoi le «clouter» dare dare ! Quelle belle paire, en fin de compte ! Pas surprenant qu’ils étaient alliés pour nous monter notre Héritage (City) …

On attribue a Otto von Bismarck la remarque que la politique et le législatif ressemblent beaucoup à la fabrication de saucisses : vraiment peu ragoutant ! Le Wurstmeister qui se respecte, cependant, se sent insulté par la comparaison et on le comprend. Avant même que le baquet de merde, pour le moment caché dans le cyber espace, ne nous tombe sur la tronche, nous ce que l’on ressent, c’est déjà la forte nausée précédant le vomissement d’en avoir par trop avalé !

Autre petit sujet de malaise digestif : si l’on parle de robotiser 50% des emplois du jour, cela ne semble pas devoir inclure ceux des politiciens ! Il faudra donc aussi acheter des actions de Glaxo Smith Kline : ils sont ceux qui produisent l’antiacide Andrews …

** Les salaires plus allocations d’un PPS sont a Rs 246,210 , soit 56% de plus que ceux d’un simple député.