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Réformer la gouvernance

8 février 2017, 11:28

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Le vent a tourné. Les analystes tentent de s’en persuader. Ils tablent pour la plupart sur une reprise économique dès cette année. Alors que les projections se multiplient, dans la vraie vie, les gouvernements se retrouvent confrontés à un défi de taille : s’assurer d’un partage équitable de la richesse.

Le débat n’est pas nouveau. Mais il a pris une nouvelle dimension. En cause, la montée du populisme. Aux États-Unis, Donald Trump promet à ses compatriotes de porter la croissance économique à 4 %. En France, Benoît Hamon propose d’introduire un revenu universel d’existence s’il s’installe à l’Élysée. Et à Maurice, Pravind Jugnauth annonce que le pays passera à la vitesse supérieure sur le plan économique. Son objectif : hisser Maurice dans le cercle des pays à haut revenu. Autant de discours ici comme ailleurs visant à redonner espoir à des populations en quête de renouveau. Tel a été le cas en 2014 lorsque les Mauriciens – dans une grande majorité – ont décidé de sanctionner le régime Ramgoolam. Cela contre la promesse d’une rupture et d’un second miracle économique.

Plus de deux ans se sont écoulés, mais les premiers signes de l’instauration d’une ère nouvelle se font toujours attendre. Pire, l’équipe mandatée pour initier le changement promis et tant souhaité a volé en éclats. Les amis d’hier sont devenus les ennemis d’aujourd’hui. Au grand dam du «peuple admirable».

Au bâtiment du Trésor, Pravind Jugnauth marche sur les œufs. Son statut – il ne l’a pas obtenu d’un plébiscite populaire –, le contraint davantage à se démarquer de ses prédécesseurs. Cette posture l’expose toutefois à des risques notamment celui d’être happé par le vent populiste qui souffle sur plusieurs régions de la planète. Face aux critiques acerbes de ses opposants, il pourrait, en effet, être tenté d’émuler ceux qui ont réussi à sortir de l’ombre grâce justement aux discours populaires.  

Évidemment, le populisme n’est pas la solution. Qu’on le veuille ou non, c’est un mirage qui finit toujours par s’écraser contre la dure réalité socioéconomique. Les options du chef du gouvernement se réduisent donc à envisager différemment la gouvernance. Surtout, s’il compte agir efficacement et durablement sur l’inégalité des chances.  

La Banque mondiale est du même avis. Elle juge indispensable une réforme de la gouvernance pour résoudre «les défis de la sécurité, de la croissance et de l’équité».

Son président, Jim Yong Kim, explique : «… alors que la demande de services efficaces, d’infrastructures de qualité et d’institutions ne cesse de croître, et que les gouvernements ne disposent que de ressources limitées, celles-ci doivent être utilisées d’une manière aussi rationnelle et transparente que possible». Et d’ajouter que «cela implique de tirer parti de l’expertise secteur privé, de travailler étroitement avec la société civile et d’intensifier les efforts de lutte contre la corruption. Sans une meilleure gouvernance, nous ne parviendrons pas à réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés : mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée».

Plus que jamais, il est nécessaire de rompre avec le statu quo. Pravind Jugnauth a-t-il vraiment la volonté de faire bouger les lignes ? En tout cas, une chose est sûre : il a du pain sur la planche.