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Police: monstre à deux têtes ?
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Police: monstre à deux têtes ?
On peut comprendre Mario Nobin s’il ne sait plus où donner de la tête – ou plutôt vers qui incliner la casquette de commissaire. En fait, en attendant que les attributions du nouveau ministère de la Défense soient «gazetted», la scission des responsabilités entre l’ancien Premier ministre et le nouveau Premier ministre est distillée au compte-gouttes. Presque à tâtons.
Au départ, on disait que SAJ allait s’occuper uniquement de la Défense (SMF), de Rodrigues, des institutions réformatrices et de Chagos. Et que le ministère de l’Intérieur resterait entre les mains du fils, comme cela a toujours été le cas. Première levée de boucliers : ce n’est pas normal de séparer la SMF de la police puisque la première est une unité paramilitaire qui répond au commissaire de police. On parlait même d’entorse à la Constitution.
Par la suite, avec le transfert du Secretary for Home Affairs, Premhans Jhugroo, qui a quitté le PMO ( ce qui est du jamais vu dans les annales de la Fonction publique) pour aller épauler le ministre mentor, et avec les fuites organisées, on aura compris que le ministère de l’Intérieur ne sera pas finalement scindé mais que toute la force policière passera sous sir Anerood. Pour la première fois, un Premier ministre n’aurait donc pas un droit de regard direct sur la police ! Mais cela n’est pas anticonstitutionnel car, même si cela n’a jamais été fait dans le passé, le Premier ministre a effectivement le droit de «designate any other minister» pour s’en occuper. En l’occurrence Pravind Jugnauth aurait choisi son père pour cette première.
Si ce cas de figure est officialisé, le commissaire de police aura à répondre au ministre mentor – alors que Pravind Jugnauth aura, lui, à passer par son mentor pour tout ce qui touche au Law & Order. Cependant, un flou va perdurer. Il semblerait que les National Security Services (NSS) ainsi que les services de l’Immigration (qui relèvent aussi de la police) vont, eux, rester sous le PMO – ce qui équivaudrait à une rupture avec la pratique établie. En d’autres mots, le patron des renseignements ne répondrait plus au commissaire de police mais à Pravind Jugnauth, alors que Mario Nobin ne répondrait plus à Pravind Jugnauth mais à SAJ. Si cette structure n’est pas bien pensée, on pourrait créer un monstre administratif à deux têtes, surtout si la Défense décidait d’accorder plus d’autonomie aux soldats de la SMF…
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Nous vivons une période charnière non seulement sur le plan politique mais au sein de l’administration publique aussi. Alors que de nombreux hauts fonctionnaires pensaient que le départ d’un Premier ministre équivaudrait à une ère de renouveau et d’opportunités, la venue de sir Bhinod Bacha et l’omniprésence de Dev Manraj au PMO sont perçues comme une douche froide, surtout durant cette période de transition où l’effort de tout un chacun est requis…
Le flou n’est pas derrière nous. Qu’adviendra-t-il si la clique du nouveau PM se retrouve en désaccord avec SAJ, le responsable désigné du Law & Order ? Se dirigerait-on vers une crise institutionnelle, voire constitutionnelle ? La question mérite d’être posée en des termes clairs, alors que l’on entame la cohabitation entre les deux Jugnauth.
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