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Rum, Biscuits et Reines
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Rum, Biscuits et Reines
La page 3 de l’express du jeudi 9 février était un peu plus parlante que d’ordinaire. Le sujet leader de la page portait le titre : «La résidence de la Speaker est le siège de Rum and Sugar» (compagnie qui a décroché auprès de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd le contrat relatif à l’approvisionnement de biscuits). Juste à côté, sur deux colonnes, il y avait le texte sur le code de conduite destiné aux membres de l’Assemblée nationale. Coïncidence, triste coincidence…
Alors que le gouvernement mauricien vient d’essuyer un sérieux revers, en Italie, dans sa tentative de faire extrader l’ancienne patronne du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, on a, cette fois-ci, avec Rum and Sugar, ce goût aigre ou amer d’être un peuple qui se laisse abuser continuellement par ses dirigeants politiques.
After Soornack, it seems to be the time for Hanoomanjee to eat…
C’est pour cela que, malgré toute notre bonne volonté, nous arrivons difficilement à prendre au sérieux la charte de la commission anticorruption. Surtout les trois premières clauses : (i) Ne pas accepter des bénéfices, avantages et récompenses; (ii) Éviter toute situation de conflit d’intérêts ; et (iii) Déclarer ses actifs et passifs et ses intérêts financiers.
Faites ou refaites le test. Demandez autour de vous ce que l’on pense du gouvernement du jour, surtout après la transition entre père et fils. (Re) Faisons la liste (dans le désordre) : nomination du fils de Raj Dayal à la tête du Conciliation Service ; nomination controversée à la tête du Trust Fund for Specialised Medical Care ; présence en force des proches du pouvoir sur la liste des 60 médecins recrutés temporairement par la Santé (dont 18 seront par la suite retenus sur une base permanente) ; SAJ poursuivi par un client de la Bramer Bank pour avoir retiré son argent juste avant que le permis de cette banque ne soit révoqué ; recrutement de la fille de la Speaker comme CEO de la SLDC ; recrutement des amis ou proches de l’ex-ministre de la Bonne gouvernance ; condamnation de Pravind Jugnauth après avoir été reconnu coupable dans l’affaire MedPoint (affaire qui finirait devant le Privy Council) ; confusion des rôles des ministres dans l’enquête sur Dufry-Frydu (le démissionnaire Roshi Bhadain parle désormais de ‘mafia’ et de ‘cuisine’) ; factures impayées de Showkutally Soodhun ; implication du ministre Gungah dans l’affaire NTA (une enquête tuée dans l’œuf avec le transfert de l’ASP Hector Tuyau) ; accident mortel provoqué par Thierry Henry ; bras de fer entre le DPP et le gouvernement (qui a culminé au Prosecution Commission Bill et à la démission subséquente des opportunistes du PMSD) ; comparution de Prakash Maunthrooa, Senior Adviser au PMO, dans le cadre de l’affaire Boskalis (un procès mis à mal par une mauvaise connexion Internet) ; enquête de l’ICAC sur le projet de Yihai au Domaine les Pailles ; emprunt en euros du ministre des Finances auprès de la State Bank pour spéculer sur l’or ; commande de Raj Dayal pour des bal kouler dans le cadre de la fête Holi, la saga Heritage City ; les échanges entre Sanspeur et Bhadain…
Pourtant, les premières phrases du manifeste électoral de Lepep se lisent ainsi : «Notre pays doit CHANGER, c’est notre conviction profonde et c’est aussi le vœu légitime du peuple. Nous pourrons bâtir ensemble cette île Maurice que vous êtes en droit d’attendre. Une île Maurice débarrassée de la FRAUDE, de la CORRUPTION et du COPINAGE; (…) un pays où primera l’ÉGALITÉ DES CHANCES…»
Que ce soit sur le manifeste ou sur la charte de l’ICAC, on est tenté d’ajouter : un pays où les Soornack et les Hanoomanjee ne seront plus reines ! Ce sera, du reste, pour nous, un premier test de leadership pour le nouveau PM.
***
À jour J-1, il est manifeste que ces quatrièmes élections régionales (après celles de 2002, 2006 et 2012) provoquent une ébullition à Rodrigues. Au-delà des enjeux de développement économique liés à l’agriculture (après le massacre des bêtes dans le sillage de la fièvre aphteuse), la fourniture problématique d’eau, l’emploi et l’exode des jeunes, et une faible connexion Internet, il s’agit avant tout d’un combat de politiciens. D’un côté : le père de l’autonomie, Serge Clair, bientôt 77 ans et qui mène l’OPR d’une main de fer depuis quatre décennies, et de l’autre côté : un tandem de relativement jeunes politiciens qui veulent que Rodrigues passe au stade post-Serge Clair. Quelque 30 000 électeurs vont décider de l’issue du scrutin. Au-delà des résultats, et après que les clameurs se seront tues, il est important de revoir les relations entre Maurice et Rodrigues et de reconsidérer, comme il se doit, les velléités indépendantistes. Car avoir SAJ comme ministre responsable de Rodrigues et avoir une Rodrigues Regional Assembly paraît de plus en plus contradictoire, surtout avec l’amendement du Rodrigues Regional Assembly Act et les commentaires d’une perspective strictement conservatrice sur la proportionnelle (que Maurice n’arrive toujours pas à introduire sur le plan national)…
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