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Le sens du service

15 février 2017, 09:50

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Le sens du service

Les élections régionales à Rodrigues nous rappellent combien ils sont nombreux au sein de la République à être animés de cette flamme. Celle de servir. Du moins, c’est ce qu’ils affirment pour la plupart.

Pourtant, lorsque nous voyons à l’oeuvre cette race de serviteurs autoproclamés à leur arrivée aux affaires, il est difficile d’imaginer que leur objectif premier soit de servir ! On dirait plutôt que le fil conducteur de leur action se résume à : se servir, d’abord et avant tout. Tel est surtout le cas lorsqu’ils se retrouvent au pouvoir après un long passage à vide. Nous avons d’ailleurs été royalement servis sous le régime Ramgoolam. Pour se débarrasser de la culture d’affairisme, du népotisme, du trafic d’influence et des conflits d’intérêts qui avaient gangrené l’appareil d’État, la population a fait le choix du changement.

Elle a opté pour ceux qui se sont présentés à elle comme des administrateurs engagés «à conduire les affaires du pays différemment, soit sur la base des principes de la discipline, de la transparence, de la redevabilité et d’une gouvernance exemplaire». Après seulement deux ans, nombreux sont ceux à s’interroger sur les promesses de l’alliance Lepep. Un sondage réalisé par la firme de business intelligence VERDE pour le compte de Business Magazine est très révélateur quant à l’état d’esprit de la population.

Interrogé sur ce qui devrait être la priorité du gouvernement de Pravind Jugnauth pour le reste du présent mandat, le Mauricien ne passe pas par quatre chemins : «It’s the economy, stupid». Un réflexe tout à fait normal en temps d’incertitude, mais que les politiciens ont tendance à oublier. Les Mauriciens, comme beaucoup d’autres citoyens de par le monde, s’attendent à ce que leurs dirigeants se concentrent sur les questions qui touchent à leurs conditions de vie. Ce qui est loin d’être le cas. D’ailleurs, 72,1 % des sondés constatent que les autorités ont pris la mauvaise direction. Leurs priorités diffèrent de celles qu’ils considèrent être celles du gouvernement. D’où les revendications pour une plus grande consultation avec la société civile sur des sujets d’intérêt national.

Pravind Jugnauth et son armada de conseillers gagneraient donc à prêter l’oreille. D’autant plus que 44,2 % des participants au sondage envisagent aujourd’hui de changer d’allégeance politique. Rien de très rassurant, notamment pour ceux qui sont guidés par des motivations autres que celle de servir le pays. À moins qu’ils soient là pour un seul mandat. Dans ce cas précis, cela fait sens qu’ils cherchent à émuler leurs prédécesseurs en trouvant les moyens de s’en mettre plein les poches.

Souvent, ce sont des ambitions personnelles démesurées ou encore des manoeuvres purement électoralistes qui sont à l’origine de cette perversion de l’exercice du pouvoir. Et qui empêchent nos politiques de cerner la profonde transformation sociétale qui s’opère.

Maurice est aujourd’hui malade de sa politique parce que le terme «se mettre au service du pays» a été galvaudé. Notre sondage est une piqûre de rappel pour ceux qui disent travailler pour le bien commun. Reconnectez-vous à la réalité avant qu’il ne soit trop tard !