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Art triste

17 mars 2017, 14:09

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Bann kamarad artis, 

Vous avez toujours su nous faire vibrer. Mais à l’ombre du quadricolore, le comportement de toute la corporation n’a pas été exemplaire. 

Prenez le cas du «bebet sega». Sa cadence à lui tient du zigzag. Chanteur populaire, il est adepte des chansons basées sur une onomatopée. A force de faire Nissa la monte, il s’est hissé en haut de l’affiche. 

«Solidaire», il s’est présenté à la conférence de presse organisée par le Front commun des artistes pour lancer un appel au boycott du 12 mars. L’idée étant de regarder les autorités dans toupi, dans leur quête d’artistes pouvant fédérer Maurice autour de son quadricolore. Ce chanteur populaire donc, s’est associé au mouvement. A été photographié en compagnie des contestataires. 

Vir palto. Quelques jours plus tard, il change de trajectoire, tel un cyclone. Sur les réseaux sociaux, il explique qu’il n’est pas d’accord avec les positions prises par les meneurs du Front commun. Et que si les autorités font appel à lui, il ne dira pas non. Il n’oublie pas sa conscience, en affirmant qu’il donnera une partie de son cachet à une ONG qui s’occupe d’enfants défavorisés. 

Effectivement, le chanteur est bien au programme du spectacle culturel du 12 mars. Sa femme aussi. Car elle aussi mène une carrière à succès. 

Paf ! Avant d’entonner sa chanson, la tête d’affiche s’adresse directement au Premier ministre, assis dans la tribune du Champ-de-Mars. Entouré de la présidente de la république et de l’invité d’honneur, le vice-président du Ghana. L’occasion est solennelle. «Pran nou artis kont dan Moris. Fer respekte drwa artis lil Moris». Petite révérence pour appuyer le message.

Au final, qui a eu plus d’impact ? Est-ce un front commun qui sans le vouloir, a accentué les divisions entre artistes ? Ou un chanteur populaire qui en deux phrases a parlé au nom de tous les artistes, devant une auguste assemblée, un jour aussi symbolique que le 12 mars ? 

Si l’appel au boycott a atteint l’un de ses objectifs, c’est de montrer que ceux qui chantent la solidarité ne la pratiquent pas forcément. Surtout quand il y a un cachet (dont le montant est jalousement gardé secret) à la clé. Ils ont beau jouer, les artistes sont des travailleurs. D’autres diraient des businessmen. Faut faire bouillir la marmite. Les contrats sont très convoités. 

Rendez-vous dans un an pour mesurer l’impact réel de la petite phrase de ce chanteur. Est-ce que l’an prochain, pour les 50 ans de l’indépendance, la loi reconnaissant le statut des artistes sera en vigueur ? Les artistes pourront-ils enfin compter sur la solidarité de leurs pairs ? Ou faut-il se rendre à l’évidence. Les artistes lame dan lame c’est une espèce disparue depuis au moins aussi longtemps que le dodo. 

Vient de paraître: Kas Poz, plus actif que jamais