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Vents nouveaux
Après des vacances longues de trois mois, nos élus reviennent, enfin, au Parlement pour exercer le métier pour lequel ils sont bien payés – au lieu de rouler en Jaguar, de croquer des biscuits, ou de voyager aux frais de la princesse ou du prince.
En trois mois, beaucoup de choses se sont passées. Des séparations, des divorces, des distances imposées, des scandales mis au jour (par la presse notamment). Il y a aussi eu des repositionnements stratégiques, des rapprochements tactiques, des avenues conjoncturelles, des mouvements opportunistes et ce, dans une nouvelle dynamique : une majorité gouvernementale de 45 députés (qui a besoin d’encore sept députés pour retrouver sa majorité des trois quarts) contre 24 assis au sein d’une opposition éclatée en morceaux pas forcément alliables ou amalgamables.
Cette semaine verra aussi la saison des puceaux qui vont essayer de se hisser au niveau. Un tout nouveau Leader of the House et Premier ministre qui va répondre à sa premiere PNQ (Metro Express, importation d’heroïne, la saga Collendavelloo– Gurib-Fakim–Sobrinho ?) et à 23 autres interpellations (PMQT).
En face, Pravind Jugnauth aura de la chance de ne pas avoir à se mesurer à Paul Bérenger comme leader de l’opposition, mais à Xavier-Luc Duval qui s’est retrouvé dans les deux derniers gouvernements et qui est (un peu trop ?) mêlé à beaucoup de «collective decisions» au sein des divers Cabinets qu’il a connus. Comment fera Duval pour affirmer sa crédibilité quand les membres du gouvernement lui diront : «Abé tomem to ti vot pou sa, kan to ti ar nou...» ?
Intéressant aussi de voir la dynamique entre Xavier Duval et Paul Bérenger – est-ce que ce dernier va l’épauler lors de la PNQ, avec des questions supplémentaires ? Ou laissera-t-il Duval se perdre dans les méandres infinis d’Erskine May ? Dans le fond, le poste de leader de l’opposition n’est pas une sinécure. Il requiert beaucoup de travail. Duval aura-t-il le stamina ?
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Un nouveau genre complètement novice en politique, mais quelle bouffée d’air frais. Le phénomène s’est approché de nos côtes. Emmanuel Macron (EM) se trouve à La Reunion depuis hier. Il propage sa campagne En Marche ! Quelques jeunes Mauriciens, désireux d’offrir de nouvelles perspectives politiques à leurs concitoyens, sont allés l’écouter à l’île soeur.
La démarche est intéressante et sincère. Ils veulent voir et comprendre comment EM fait pour mobiliser autant – lui qui n’a jamais été élu, lui qui n’a pas de structure de parti, lui qui utilise les réseaux sociaux pour rallier, un peu comme Obama l’avait fait en 2008 aux Etats-Unis.
En effet, Macron, qui est en tête dans les sondages en France devant Marine Lepen, pourrait inspirer ceux et celles qui, à Maurice, veulent d’un destin nouveau, qui ne se retrouvent ni à gauche, ni à droite, ni au centre, et qui aspirent au changement total en raison du dégoût que nous inspire notre classe dirigeante… Le vent nouveau – et frais – soufflera-t-il ?
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