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L’emploi, priorité des priorités
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L’emploi, priorité des priorités
L’appel de la population dans le cadre du dernier sondage Business Magazine/VERDE a-t-il été entendu ? On serait tenté de le croire à la lecture de la circulaire adressée aux dirigeants de la fonction publique par le secrétaire financier en marge des préparatifs budgétaires.
Dev Manraj revient, dans ce document, sur le chantier prioritaire dressé par les sondés à l’issue de l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre, en janvier dernier. «Les attentes sont grandissantes sur la création d’emplois, la croissance et la qualité de vie», écrit-il à l’intention de ceux chargés de piloter la politique gouvernementale. C’est, en effet, le vœu exprimé par une grande majorité de Mauriciens lors de cette étude.
Le hic, c’est que le haut fonctionnaire ne donne pas de détails sur les moyens qui seront mis en œuvre pour répondre aux attentes d’une population de plus en plus impatiente. Il se contente tout simplement d’évoquer la «nécessité de développer des politiques nouvelles et innovantes».
Tenant compte des promesses élec- torales en matière de création d’emplois, cette posture évasive est tout sauf rassurante. Le gouvernement, par l’entremise de son ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo, disait à qui voulait l’entendre que Maurice serait dans une situation de plein-emploi cette année-ci.
Or, les derniers chiffres de l’institut des statistiques démontrent que le taux de chômage se maintient au-dessus de la barre des 7 % en 2016. Il est calculé à 7,3 %, soit un repli de 0,6 % par rapport à 2015. Certes, il y a eu baisse, mais nous sommes loin, alors là, très loin des 100 000 emplois annoncés pour d’ici à 2019.
Pourquoi donc ce besoin de se fixer des objectifs hors d’atteinte, surtout dans le court terme ? Est-ce une surestimation de ses capacités d’administrateur ou une absence totale de discernement ? Dans n’importe quel cas de figure, cette démarche n’a pas aidé à faire monter la cote du gouvernement. C’est le contraire qui est vrai. Sept Mauriciens sur dix, selon l’étude réalisée en début d’année, se disent insatisfaits de l’action du gouvernement.
Au lieu de se tirer une balle dans le pied en cherchant vainement à marquer des points faciles sur ses adversaires, la majorité gouvernementale gagnerait à
être plus audacieuse quand aux mesures visant à booster la croissance et à géné- rer des emplois. C’est à ce niveau qu’elle est attendue. Le secrétaire financier l’a bien noté, mais il y a aussi une évidence : la conjoncture volatile rend la tâche plus compliquée. Statistics Mauritius s’en est vite rendu compte. L’institut a d’ailleurs revu ses estimations initiales de croissance pour 2016. Elles ont été ramenées à 3,5 % alors qu’en décembre dernier, elles étaient calculées à 3,6 %.
Tout cela nous révèle que le présent modèle est à bout de souffle. Les secteurs traditionnels n’arrivent plus à accueillir la masse de jeunes qui se déverse chaque année sur le marché de l’emploi. Nos voisins réunionnais sont confrontés à une problématique similaire. Même, s’il prévoit que «2017 sera une année de frémissement de reprise économique», Ibrahim Patel, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’île sœur, reconnaît que l’emploi demeure un sujet de préoccupa- tion. D’autant plus que le chômage des jeunes y plafonne à 54 %.
L’enjeu est de taille pour les gouver- nants. Certes, il est important de conso- lider les piliers existants, mais il est inimaginable d’envisager sérieusement l’avenir sans la mise en branle de nouveaux moteurs de croissance.
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