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Macron ou le pari du renouvellement

9 mai 2017, 07:21

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Macron ou le pari du renouvellement

Neuf éditoriaux sur dix en France saluent la belle victoire du centriste Emmanuel Macron sur l’extrémiste Marine Le Pen. C’est clairement un triomphe des valeurs démocratiques et républicaines face à la menace xénophobe et obscurantiste, n’en déplaise à M. Stéphane Henry qui fait partie des 20 % des quelque 4 000 Français (ou Franco-Mauriciens) qui ont voté pour Marine Le Pen à Maurice. Parce que j’ai osé diaboliser Marine Le Pen (j’aurais, peut-être, dû me contenter de nos Jugnauth, Ramgoolam, ou Bérenger), dans un précédent éditorial, M. Henry affirme : «Je vous signale, M. Sivaramen, vous qui parlez de démocratie, que vous ne pouvez pas prendre pour des imbéciles les 7,7 millions de Français (dont je ne faisais pas partie) qui ont voté pour Mme Le Pen le 23 avril ni les millions de Français (dont je ferai partie) qui voteront pour elle demain (NdlR : dimanche)»…Voir sa missive complète en page 14 et ma réponse. Vraiment, il faut de tout pour faire un monde…

Pour revenir à Macron, il hérite, à son jeune âge de 39 ans, d’une France divisée exposée à des défis immenses du monde contemporain. Pourtant, il n’a pas encore une base solide : Macron n’a eu, comme au premier tour, qu’un quart des votes. Un quart s’est abstenu ou a voté blanc – un record depuis 1969. Et les deux autres quarts (les Lepénistes et les Mélenchonistes) sont hostiles aux valeurs et projets portés par Macron.«Quoi qu’il arrive, Macron ne devra jamais oublier qu’il a été à la fois très bien et très mal élu», insiste le journal catholique La Croix. «Très bien car il a bénéficié d’un des scores les plus élevés de la Ve République. Très mal parce que de nombreux citoyens ont voté en sa faveur non par adhésion mais uniquement pour écarter la menace du Front national.» Quant au quotidien économique Les Echos, «la France grondeuse a conjuré la fatalité populiste qui semblait gagner le monde occidental. Macron, c’est l’anti-Trump !».

Mais cela risque d’être une victoire de courte durée, car le 3e tour – les élections législatives du 12 juin – est derrière la porte et s’annonce des plus incertains. Il n’y aura donc pas de période de grâce. Son premier défi sera de nommer son Premier ministre et son deuxième challenge immédiat c’est de se donner de vraies fondations parlementaires. Sinon, il risque d’être un général sans armée… Pour le champion du «ni droite, ni gauche», c’est le passage à la dure réalité. Il a besoin des deux blocs pour gouverner… sans privilégier ou froisser l’autre camp. Un périlleux exercice d’équilibriste en perspective.

 

Sur le plan mondial, l’élection de Macron nous rappelle celle d’Obama en 2008. On découvre un visage vif, un discours audacieux, conquérant, rassembleur. Il incarne un espoir de renouveau.Après les mauvaises nouvelles relatives au Brexit et à l’élection de Donald Trump, l’avènement d’Emmanuel Macron s’avère une bouffée d’air frais. Mais personne n’est dupe. Un président se fait élire sur un script : le pays, la nation, l’Europe, le nouveau monde. Mais Macron ne peut que tenir un discours national et brandir un drapeau tricolore. Et déjà, il se doit de rassembler et de rassurer ceux qui ne croient plus au système qu’il veut recomposer. Dans la vie réelle, Macron dirige une communauté plurielle et de parcours individuels. D’où la complexité de sa tâche.

À Maurice, le faux débat serait de chercher un messie comme Macron, puisque le système électoral est perverti à la base et qu’un individu seul ne pourra jamais le surmonter. Ceux qui peuvent changer la donne électorale, par exemple en y introduisant une dose de proportionnelle, ne vont jamais le faire malgré les discours. Simplement, parce qu’ils bénéficient et dépendent (pour leur survie) du système. Comment faire alors… laisser la biologie et les réseaux sociaux faire le travail de renouvellement ?