«Ce n’est pas la compétition que je veux ou que les joueurs veulent. (…) Ce n’est pas un rêve fou pour les joueurs.» Comme en atteste cette déclaration, Jose Mourinho n’était pas interessé par l’Europa League avant d’entrer en compétition en septembre dernier, en phase de poule, avant d’affronter le Feyenoord Rotterdam, en septembre 2016.

Huit mois plus tard, la donne a complètement changé puisque United est en finale et peut frapper fort s’il dispose de l’Ajax Amsterdam en finale. L’Europa League est devenue sa seule planche de salut. Une chance historique de réunifier les trois Coupes d’Europe (Ligue des champions, Coupe des Coupes et Coupe de l’UEFA rebaptisée Europa League) et de rejoindre un cercle très fermé de grands d’Europe qui ont accompli cet exploit. Et, surtout, une accession directe en Champions League.

«The Special One» n’est plus à un paradoxe près. Le roi des «punchlines» est même rattrapé par l’une de ses armes favorites : l’art de la critique ! Son détracteur se nomme Roy Keane, un ancien de la maison mancunienne, toujours très acerbe dès qu’il s’agit de parler de son ancien club.

«Tout d’abord, félicitations à Manchester United. Mais leur niveau de performance ce soir vient de laisser une équipe comme le Celta Vigo dicter le jeu et se garder une chance de gagner le match lors de la dernière minute», balance ‘Keano’ sur ITV. «Ce n’est pas une bonne réflexion de la part de Manchester United. Cela montre ce qu’ils ont été toute la saison, la quantité des matches nuls qu’ils ont eu. Vous pouvez le voir ce soir, tout simplement ils auraient pu avoir cette mentalité défensive toute la nuit.»

Hé oui, ‘Keano’ dit tout haut ce que beaucoup de fans pensent tout bas : MU ne joue pas «the United way». Au lieu du «attack, attack, attack» prôné du temps de papy Ferguson, on a aujourd’hui droit à du «boring, boring United». «Une équipe comme Manchester United à l’extérieur contre le Celta Vigo ? Allez faire le travail, gagner 2-0 ou 3-0 – c’était là-bas qu’il fallait faire la différence. Mais ils ne pouvaient pas atteindre ce niveau», peste encore l’ancienne teigne irlandaise de MU. Roy Keane donne un conseil d’ami à MU avant la finale MU-Ajax. «Ce n’est pas seulement ce soir, c’est toute la saison. Pour une équipe comme Manchester United, avec les joueurs qu’ils ont sur le terrain, si la mentalité vient du manager, vous pouvez sortir beaucoup d’excuses. Soyez plus impitoyables.»

Dans le passé, nul n’a oublié que Jose Mourinho s’est souvent exprimé en termes dénigrants sur l’Europa League, bien qu’il lui doive une partie de sa renommée : en 2003, jeune entraîneur du FC Porto, il a remporté la Coupe UEFA, le premier trophée important de sa carrière (sic). «Je ne veux pas jouer en Europa League. Gagner cette épreuve constituerait une profonde déception pour moi», avait déclaré le Portugais en 2013, lors de son retour à Chelsea alors que Rafa Benitez venait de la gagner avec les «Blues».

«Crass en l’air, tombe lor néné», dit-on en créole, car aujourd’hui c’est bien cette même Europa qui peut sauver la saison de Mourinho.

Et cette fois, comment juge-t-il «l’importance» de cette compétition ? Ça dépend des jours et de son humeur apparemment ! Mercredi : «Pour le Celta, c’est le match le plus important de leur histoire, selon eux. Mon sentiment c’est que c’est aussi le match le plus important de notre histoire. Je ne crois pas que le Celta ait plus d’envie que nous. (...) Personne n’est plus motivé que moi pour gagner», a estimé l’entraîneur des «Red Devils» en conférence de presse.

Avant de se raviser le lendemain, toujours face aux médias : «Ce n’était pas le match le plus important pour moi ni pour le club, mais ça l’était pour Vigo.» Avouez qu’il y a parfois de quoi devenir chèvre avec l’entraîneur portugais ! Jeudi soir, après la qualification pour la finale, à Old Trafford, JM a pourtant explosé de joie. Comme quoi, il n’y a pas de petite victoire et il faudrait sûrement tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de débiter des âneries…