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Les poseurs du dimanche et notre argent
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Les poseurs du dimanche et notre argent
Cela fait cliché de parler de boîte de Pandore. Aussi, dans le mythe de Pandore, le personnage principal est surtout une allégorie de la curiosité humaine, avec une tendance un peu misogyne. Dans l’affaire BAI, on devinait qu’on dépassait de loin la fiction et la simple curiosité humaine pour plonger dans le bourbier de la politique mauricienne et de ses financements occultes. C’est nouveau : la récente mise en ligne par le journal Sunday Times d’un enregistrement d’une conversation, tenue en avril 2015 à Paris, entre Dawood Rawat, son entourage et un négociateur bavard du gouvernement, interpelle. Ce négociateur, un habitué de la cuisine interne des affaires gouvernementales, évoque les noms de Pravind Jugnauth et de Roshi Bhadain, comme s’il était un ami proche du tandem d’antan.
Un tandem qui aujourd’hui s’entre-déchire à coups de menace de commission d’enquête (où, tiens, tiens, siège ce même négociateur de Lepep, grassement payé pour soi-disant aider à combler le trou BAI) ou de partielle au numéro 18 (à moins que ce soit un autre bluff de Roshi Bhadain, lui qui a dit le tout et son contraire sur l’affaire BAI – avant d’aller poser avec les grévistes de la faim).
Sans pudeur aucune, il y a aussi l’ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances de Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval. Qui est aussi allé poser avec des grévistes. Faisons, avant, un rapide flash-back, en 2013. Le leader de l’opposition d’alors (Paul Bérenger) interroge le vice-Premier ministre et ministre des Finances d’alors (Xavier-Luc Duval) sur un inquiétant rapport du FMI relatif au conglomérat des Rawat. Après le charabia officiel sur la Banque de Maurice et la Financial Services Commission qui, selon lui, agissent de concert pour veiller à tout dysfonctionnement, M. Duval répond ceci : «And I repeat, Mr Speaker, sir, that this is a company that is regulated. It is a group that is regulated by the Financial Services Commission. It has auditors. It has just published its financial statement for 31 December 2012, which shows Rs 6 billion of excess assets over liabilities…» Et aujourd’hui, il parle de panadol aux gens qui ont cru aux institutions de l’État et aux membres du gouvernement.
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Autre flash-back, puisque nos politiciens ont la mémoire si courte. Vishnu Lutchmeenaraidoo, celui qui aurait tout déclenché, dixit Roshi Bhadain. Nous sommes en septembre 2015.
Il est invité sur le plateau de l’express. Et il se bombe le torse et dit en substance : «Maurice a évité le pire. On a su éviter que la chute de la BAI ait de graves conséquences sur l’économie. Il y avait un prix à payer. Il y a d’abord eu l’octroi d’une ligne de crédit de Rs 3,5 milliards de la Banque de Maurice. Mais les contribuables n’auraient pas à débourser un sou.»
«Nous avons, en fait, opté pour la paix sociale. La chute de ce groupe a fait perdre de l’argent à 240 000 personnes qui allaient se révolter. Je n’ai pas le moindre regret d’avoir fait ce que j’ai fait.»
Interrogé sur les prévisions d’une croissance de 5,7 % en 2016, l’ancien ministre des Finances affirme qu’il ne veut pas discuter de chiffres. «Ne venez pas me juger sur six mois. Je ne rentre pas dans le jeu du taux de croissance, parce que c’est un jeu de société. Il y a assez de personnes dans ce pays qui croient dans ce que je dis.»
Ça, c’était en 2015. Deux ans plus tard, l’on se demande combien croient encore aux paroles de ceux qui ont été portés au pouvoir – Lutchmeenaraidoo en tête ?
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Les politiciens viennent et puis s’en vont. Mais si Dawood Rawat gagne son procès contre l’État, qui va casquer ? Les Jugnauth ? Ramgoolam ? Duval ? Bhadain ? Ou tout autre individu payé par nos sous contribuables ? Ou le simple contribuable et ses enfants qui n’ont jamais bénéficié du moindre sou de la BAI ?
En tout cas, la bande sonore va être une munition de choix pour les avocats des Rawat. À moins que Pravind Jugnauth vienne démentir et que le négociateur assume ou démente ses propos… On verra bien.
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