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Impeach them !
La politique, c’est l’art d’arracher le pouvoir. Mais la partie la plus difficile, c’est de conserver ce pouvoir. Surtout si le système politique permet la destitution du leader, comme c’est, encore heureux, le cas aux États-Unis. Ces jours-ci, Donald Trump, Theresa May et Pravind Jugnauth ne doivent pas bien dormir. Ils font tous les trois – le dos au mur – face à leur destin politique. Ce destin étant lui-même vissé sur l’autel de leur crédibilité et de leur capacité ou incapacité à rebondir pour arracher les satisfecit, carburant renouvelable de leur survie.
Aux States, on parle de plus en plus ‘d’impeachment’ parmi ceux qui organisent la riposte anti-Trump, par rapport à sa décision criminelle de se retirer de l’Accord de Paris – comme si la doctrine Make-American-Great-Again devait dominer celle qui devrait nous unir tous, indépendamment de notre position sur la carte mondiale, soit une Make-The-Planet-Great-Again policy ! Nous, à Maurice, dans l’océan Indien, nous subissons déjà, de plein fouet, les effets du réchauffement. C’est suffisant, si tant qu’on se respecte, pour condamner publiquement Donald Trump et soutenir tous ces Américains qui se liguent aujourd’hui, un peu sous le leadership de Michael Bloomberg, contre Trump et qui ont décidé de dire au monde : Trump se retire de l’accord, mais les Américains dans leur majorité restent et resteront ! Heureusement.
Pour se rappeler aux bons souvenirs de Bob Woodward et Carl Bernstein du Washington Post (en 1975, ils ont contribué à faire tomber Richard Nixon), des journalistes zélés, et non des moindres, se sont promis d’avoir la tête de Trump avant la fin de son mandat. Ce serait une bonne chose de faite, avouons-le.
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Les élections législatives anticipées du 8 juin, en Grande-Bretagne, risquent d’être un mauvais calcul pour Theresa May et son parti conservateur. Une enquête de l’institut YouGov, dont les résultats contredisent d’autres sondages disponibles, prédit que les Tories pourraient perdre 20 sièges sur les 330 qu’ils détiennent, repassant sous les 326 sièges équivalant à la majorité absolue. Le Parti travailliste en gagnerait près de 30.
En plein Brexit, la décision de May de tenir ces élections anticipées avait pris le monde de court. May disait vouloir garantir un climat de stabilité. Les observateurs britanniques soulignent que ce sera la troisième fois en deux ans que les Britanniques vont voter après les élections législatives de mai 2015 et le référendum sur le Brexit de juin 2016.
Ces temps-ci, les choses ne se déroulent pas comme prévu pour May. Mais elle sent que le terrain glisse et son langage commence à se durcir pour dire le moins : «J’ai les couilles pour affronter ces élections et je n’ai aucun regret.»
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8 juin à Maurice. Pravind Jugnauth, fort de ses milliards empruntés, va essayer de rectifier le tir. C’est dommage que nous n’ayons pas une procédure d’impeachment dans un système modernisé, qui permettrait à un Parlement reconstitué de destituer un haut fonctionnaire, un conseiller politique, un Premier ministre ou ministre des Finances dans des cas de «trahison, corruption, ou autres crimes et délits majeurs». Dans l’affaire de l’Euroloan, par exemple, on aurait pu déclencher la procédure.
Pour son deuxième Budget, malgré son emprunt colossal, la marge de manœuvre de Pravind Jugnauth est extrêmement limitée et nos indicateurs économiques sont dans le rouge. Normalement, le gros de ses milliards est censé faire démarrer le projet de Metro, tant souhaité par New Delhi. Il ne pourra donc pas faire trop d’annonces ou de mesures confettis, surtout quand l’on sait maintenant que celles-ci ne se matérialisent pas, comme ces fameuses bicyclettes/motocyclettes Made in Moris ou le fameux village pharmaceutique. Cela risque d’être un autre ‘non-event’économique, juste un show politique, que le secteur privé applaudira, une fois encore.
Dans pareil contexte, que fera l’opposition divisée quand le Premier ministre et ministre des Finances fera son beau discours face à une galerie bondée ? Trouver une mesure absurde pour prétexter un walk-out sous les caméras ? Cela dit, la solidarité au sein de l’opposition a pris un sacré coup hier avec la décision du MMM de ne pas soutenir un éventuel Roshi Bhadain démissionnaire au no 18. Cette partielle, outre le fait d’être un autre gaspillage de fonds publics, il est clair, n’a aucun enjeu pour le gouvernement, qui, probablement, n’y participera pas. Le seul enjeu, peut-être, est pour l’opposition, qui va devoir se battre entre elle – ce qui fera rigoler pas mal l’Hôtel du gouvernement. Le tandem Bhadain-Duval contre une éventuelle candidate mauve avec un PTr qui risque de ne pas aligner Arvin Boolell (pour des raisons de stratégie interne au parti)… À moins que Xavier Duval, dans son élan de soutien à Bhadain, décide lui aussi de démissionner, ce qui changera la donne. Bref une comédie burlesque si le projet de film de Bhadain se réalise…
La distraction de Bhadain (qui joue son avenir car les chances de sa réélection sont minimes, selon nous) coûtera cher au contribuable et nous fera perdre du temps.Pire, elle va nous faire détourner les yeux des vrais enjeux nationaux qui sont d’ordre économique, énergétique, environnemental, écologique...
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