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Des oies et des dindons
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Des oies et des dindons
C’est Jean Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des finances de Louis XIV, qui expliquait un jour que «l’art de l’imposition (des taxes) consiste à plumer l’oie (c’est nous !) pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris ! »
Le moins que l’on puisse dire cette année c’est que les cris des oies seront plutôt tendres. Il y aura bien ceux de quelques riches qui devront payer un solidarity levy de 5 % et ceux des fumeurs et des buveurs qui paieront un excise duty de 10 % et de 5 % de plus respectivement. Cependant le solidarity levy s’appliquant à ceux dont les revenus annuels sont de plus de Rs 3,5 millions, ils auraient vraiment mauvaise grâce de trop tempêter et nos fumeurs/buveurs doivent quand même savoir, après une longue série de Budgets, que la première oie tondue ce sera inévitablement eux ! Ceux qui continueront, malgré tout à fumer et à boire, doivent comprendre que c’est comme cela que l’on transforme une oie fiscale en dindon… farci !
Pravind Jugnauth avait à sa gauche les piliers de sa hiérarchie politique. D’abord Ivan Collendavelloo, ensuite sir Anerood Jugnauth et finalement celui qu’un chroniqueur de Weekly, en l’occurrence Iqbal Ahmed Khan, appelait non sans humour, hier matin, Soodhun of Arabia, après son dernier élan de cœur vers la maison Saud. Ils paraissaient tous les trois bien fatigués. Le ministre des Finances, qui est pourtant aussi leader de parti, Premier ministre, ministre des Affaires intérieures, responsable de la NDU et des communications extérieures, paraissait, lui, être en bien meilleure forme. Heureusement ! Il est vrai que quand on bénéficie des bonnes grâces de l’Inde via une ligne de crédit «exceptionnelle» de Rs 18 milliards, à laquelle on peut ajouter une autre ligne de crédit de Rs 4,7 milliards datant de février 2012, pas utilisée depuis, on peut (à tort ?) se sentir chanceux. Si l’on y rajoute le «don» de Rs 12,7 milliards (toujours de la même source) de l’an dernier, on pourrait se croire verni ! La question est de savoir qui pourrait être plumé et de quoi ?
En effet, si ces emprunts ensemencent des investissements productifs, qui génèrent des revenus nouveaux, qui en permettent le remboursement, nous serons tous au-devant de nos affaires. Admettant, pour peu, qu’il n’y ait aucun «Agalega deal», ce Budget n’a pourtant pas fait référence ni à ceux que le gouvernement a maintenant promis de rembourser chez la BAI (personne n’est sûr de la somme exacte à ce stade, Pravind Jugnauth étudiant toujours un «plan»… de Rs 10 milliards ?), ni à la condamnation Betamax de Rs 5 milliards. Ces dépenses-là sont loin d’être «productives». Si l’on ajoute, pour bonne mesure, que le déficit budgétaire baisse de 3,5 % à 3,2 % grâce à des dons de Rs 6,9 milliards (lesquels?) et d’une injection de special funds (Build Mauritius et National Resilience Funds) de Rs 5,7 milliards, on peut proposer que l’oie puisse criailler de plaisir car elle aurait pu (dû ?) avoir payé 2,6 % du PIB en plus en taxes !
Espérons que l’an prochain (et après…), nous ne glouglouterons pas ! Comme le dindon…. Avant leur farce.
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