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Ça sent le poisson !

2 juillet 2017, 07:33

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 L’euphorie de New York est vite passée. Retour au réel de Port-Louis, où presque plus rien ne va. Chaque semaine, le Parlement vient institutionnaliser, en live, nos dysfonctionnements au sommet de l’État. Hier, on a bien vu que la Speaker et le Leader of the House ne commandent plus le respect au sein de notre (jadis) Auguste Assemblée nationale. Les ordres d’expulsion ne sont pas suivis. Les Standing Orders non plus. Même la bible qu’est le Hansard a été modifiée à des fins politiciennes. Posons-nous la question : si on ne peut pas se fier au Parlement, ni au Hansard, alors dans quelle démocratie vivons-nous ? KC Ranzé élargit ce débat vital à notre progrès à la page suivante…

Une alliance d’accapareurs qui a de plus en plus faim. On le sait tous : un gouvernement et les institutions de l’État ne devraient pas être au service d’un Premier ministre ou de sa famille. Pourtant, c’est l’impression qui se dégage sous le Prime ministership de Pravind Jugnauth, surtout quand nous constatons que deux des quatre piliers de notre système démocratique sont chancelants : l’exécutif et le législatif (d’autant que ce dernier est complètement écrasé par le premier).

Et aujourd’hui, plus que jamais, les yeux sont rivés sur le DPP, bras incontournable de notre système judiciaire. D’une certaine façon, le DPP a, entre ses mains, l’avenir politique de l’actuel Premier ministre (Pravind Jugnauth par rapport à l’appel devant le Privy Council) et de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam (par rapport aux millions retrouvés dans ses coffres-forts et à Roches-Noires). Pourtant, Me Satyajit Boolell aurait pu ne plus être en poste ou avoir les mains liées. Le DPP l’a échappé belle. Après une double déposition des ministres Soodhun et Bhadain (alors diehard des deux Jugnauth), Me Boolell a dû s’enfuir, comme un truand, de chez lui afin d’échapper à... une arrestation policière. Une scène surréaliste pour un pays qui érige, sur le papier, l’État de droit comme un principe de bonne gouvernance.

Une dictature constitutionnelle s’empare des institutions publiques (administration, justice, investisseurs institutionnels, médias complaisants…) en les plaçant sous tutelle pour les mettre au service de la dictature qui se prépare. C’est pour cette raison qu’une dictature constitutionnelle s’avère, au départ, difficilement attaquable : elle reste dans le cadre de la loi, mais en la détournant de son esprit pour n’en retenir que la lettre. Comme le gouvernement Lepep n’a pas pu arrêter le DPP, ou utiliser l’ICAC contre lui dans l’affaire Sun Tan, il a essayé de mettre sur pied sa «Prosecution Commission» (PC) ? La PC de triste mémoire n’allait pas être une émanation du judiciaire, malgré les apparences qu’on tentait de lui donner en évoquant trois ex-juges de la Cour suprême et la Judicial and Legal Services Commission. C’était une grossière construction politicienne visant, avant tout, à contrôler les pouvoirs du DPP – un poste constitutionnel où le mot-clé demeure indépendance. La séparation des pouvoirs, explicitée par Locke et Montesquieu, a précisément pour objectif d’empêcher la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme ou d’un parti politique ou d’une famille. «Il faut, en effet, préserver les hommes de toute tentative de tyrannie du souverain et protéger leur liberté, et ce, en limitant le pouvoir par un autre pouvoir.»

Heureusement qu’il reste aussi la presse indépendante comme contre-pouvoir. Depuis vendredi soir, les internautes s’échangent la nouvelle saison de Menteur Menteur (https:// www.lexpress.mu/video/310900/menteur-menteur-revele-poissongate), notre émission satirique (dans un tout nouveau décor) qui remet bien de nos politiciens à leur place de … menteurs patentés. Peu habitués à ce genre d’émissions audiovisuelles sur nos acteurs politiques - c’est clair qu’on ne peut pas compter sur la MBC ou sur la presse complaisante pour ce genre de ton ! - qui font la part belle au «fact-checking» et à la traque aux mensonges, nos amis internautes sont en ébullition et nous inondent de commentaires. Ils sont bien partis pour faire exploser les chiffres de vues de Menteur Menteur. Rien que la bande-annonce, diffusée le mois dernier, avait récolté 260 000 vues… Pour cette nouvelle saison de Menteur Menteur, l’express a pris le pari de vous révéler un scandale par émission. Pour cette foisci, nous avons mis au jour un juteux trafic dans les prisons - (non, pour une fois nous ne parlons pas de drogue !) : le trafic de... poisson par nul autre qu’un proche du Premier ministre, un proche qui le suit comme une ombre à chaque déplacement public de Pravind Jugnauth. Ce qui fait dire à notre animateur-vedette Axcel Chenney : «Ziska poisson zot pas quitter, ziska manger prisonniers zot pas quitter…» C’est tout dire !