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Quo vadis ?
Y a-t-il un pilote à bord de Mauritius Incorporated ? Comment ne pas s’interroger alors que les yeux sont braqués sur la marmite politique, essayant d’y déceler le moindre signe d’une éventuelle élection partielle à Belle-Rose/Quatre-Bornes ?
Ajouté à cela, le fait que nous venons d’entamer l’année financière 2017-18 pousse à réfléchir sur les perspectives économiques. Qui plus est, le ministre des Finances s’est fixé comme objectif pour la présente année fiscale une croissance de 4,1 %. Certes, nous sommes loin de la démesure en matière de projection mais franchir la barre de 4 % de croissance serait un accomplissement majeur dans la conjoncture. Il y a diverses raisons à cela.
D’abord, si cette prévision se concrétise, ce sera la première fois depuis sept ans que le produit intérieur brut de Maurice progressera à un rythme semblable. En effet, il faut remonter à 2010 pour voir une croissance supérieure à 4 %. La portée d’un tel rebond dépassera largement le simple cadre économique pour prendre aussi une dimension psychologique. Le pays aura donc amorcé un tournant majeur dans la période de l’après-crise.
Mais trêve de rêverie, redescendons sur terre. L’économie mauricienne est toujours dans un état de piétinement. Le fait brutal nous a été rappelé par l’institut des statistiques il y a à peine quelques jours. L’expansion économique sera de l’ordre de 3,7 % à la fin de l’année calendaire 2017, soit une légère amélioration par rapport à 2016. Pas de quoi pavoiser ! Surtout que ce même Statistics Mauritius tablait en mars sur une croissance de 3,8 % pour cette année. Cet abaissement des estimations au beau milieu de l’année ne manque pas de susciter des interrogations quant à l’impact réel des mesures budgétaires 2017-18.
Face aux doutes et en dépit du fait que nous sommes désormais habitués aux calculs optimistes de début d’année et aux ajustements subséquents, nous estimons qu’il est plus que nécessaire d’analyser les tendances afin d’y voir plus clair. À plus d’un titre, cet exercice est effectivement très révélateur. Il montre un début de frémissement depuis 2013.
C’est ce que confirment les analystes de Statistics Mauritius. «The year-on-year growth rates show a turning point in the fourth quarter of 2013; however the quarter-to-quarter seasonally adjusted data show a turning point as early as the first quarter of 2013». Le rebond de l’activité est encore plus marqué en 2016. Comparé à 2015, les quatre trimestres de l’année écoulée pointent tous vers le haut. À titre d’exemple, le Pib a crû de 4,1 % lors des trois derniers mois de 2016. Pareille performance trimestrielle n’a pas été réalisée depuis 2012.
Ces green shoots qui sont mis en lumière dans l’édition 2017 du Top 100 Companies ne bénéficient pas, malheureusement, de l’attention nécessaire à leur épanouissement. Les dirigeants du pays étant trop occupés à élaborer des stratégies de survie politique ou encore à tenter de se défaire de leurs casseroles. Du coup, l’on se retrouve sans cesse à courir après des taux de croissance chimériques. Encore heureux que ces jours-ci, nous soyons revenus à des objectifs plus raisonnables.
Les atteindre est cependant une tout autre histoire. D’autant plus que des freins subsistent. L’investissement privé, par exemple, peine à renouer avec un niveau de croissance durable. La preuve, le taux passera de 6,2 % en 2016 à 2,8 % cette année. L’espoir repose donc sur le secteur public mais là encore, rien n’est joué. Plusieurs projets sont en souffrance.
Entre-temps, le Brexit qui nous a déjà coûté 10 % de nos exportations impose à nos industries de véritables défis. À ce stade, seul un sursaut nous évitera une nouvelle bifurcation de la courbe de croissance.
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