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Entre des barons et un marron
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Entre des barons et un marron
Ce n’est certainement pas un hasard si du «Lannate» et de la drogue synthétique ont été découverts, cette semaine, à la prison de Melrose. Cela fait partie d’une stratégie bien pensée pour dérouter la commission Lam Shang Leen et, dans la foulée, semer la panique au sein de nos prisons, plus particulièrement celles (censées être de haute sécurité) de Melrose et de Beau-Bassin. Ainsi, ceux visés par les trafiquants notoires sont précisément ceux-là mêmes qui gênent le commerce des drogues en et/ou de la prison.
Depuis le début de cette année, l’express a commencé une minutieuse enquête sur le trafic de drogue à Maurice, en interrogeant diverses autorités carcérales, prisonniers, anciens gardes-chiourmes, avocats, membres de la brigade antidrogue, spécialistes du renseignement dans nos prisons, trafiquants de drogue, travailleurs sociaux et membres de la Human Rights Commission, entre autres. C’est notre façon, à nous, de soutenir la commission Lam Shang Leen.
Notre constat journalistique est alarmant. Tout est concocté derrière les barreaux : importations massives de plusieurs types de drogue, règlements de comptes tous azimuts entre passeurs, importateurs et ripoux, distribution de drogue sur une base régionale. La prison est devenue une véritable start-up pour les barons de demain.
N’était-ce la présence d’une poignée d’irréductibles officiers de prison, dont des gardes-chiourmes, la situation aurait été encore plus explosive; pour l’instant il y a toujours un semblant de direction, malgré les nombreuses failles notées. Ce chiffre peut vous faire peur : au moins un garde-chiourme sur quatre travaille pour les barons de la drogue. Ces derniers continuent en toute impunité leur business derrière les barreaux, avec la complicité de quelques officiers corrompus, qui sont de mèche avec des hommes de loi-facilitateurs.
Derrière les barreaux, à l’abri des regards, les cerveaux mauriciens s’allient avec les contacts africains – et c’est ainsi que Maurice est devenue une véritable plaque tournante de la drogue en Afrique australe. Si la commission Lam Shang Leen éclaire certains aspects du vaste trafic, il est évident que les ressources sont encore trop limitées pour tout cerner, surtout face aux puissants barons qui corrompent ou arrosent pratiquement tout le monde sur leur passage. Mais malgré tout, l’espoir n’est pas perdu, grâce à quelques hommes d’honneur, qui n’ont pas peur. À lire notre enquête en pages 10 et 11.
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Pravind Jugnauth a soufflé le chaud et le froid hier. Il a condamné les propos de Soodhun mais a refusé de le sanctionner comme VPM. Manque de courage politique? Le Premier ministre, arrivé au pouvoir sans passer par les urnes, doit avoir ses raisons de prôner le statu quo malgré le dérapage criminel de Showkutally Soodhun.
Mais le grand public attend qu’il prenne, enfin, la mesure de son poste premier ministériel : prendre des décisions difficiles, quitte à sacrifier les petits intérêts de son parti, afin de voir plus grand, comme un homme d’État, pas un homme de parti...
Dans un courriel, l’observateur Sydney Selvon nous rappelle, avec raison, que la stratégie du MSM a toujours été bâtie sur les cendres d’une explosion de haine communale. «La stratégie est de diviser au mieux les communautés en proposant des chefs sectaires forts. Cela dure depuis 1983 (...) avec un appel aux divers communalismes avec Sylvio Michel, Gaëtan Duval, SAJ, SSR et Boodhoo (...) La stratégie d’inciter les diverses communautés à se replier sur elles-mêmes pour se ‘défendre’ a été décidée pour donner un nouvel élan de popularité au régime agonisant (...)»
En défendant Soodhun, Gulbul et Teeluckdharry, Pravind Jugnauth place clairement l’intérêt de son parti avant celui du pays... C’est le propre d’un Premier ministre marron !
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