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Un p’tit tour chez l’opticien

26 juillet 2017, 07:36

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Après une sympathique distribution de molletons hier, à La Laura, le Premier ministre a cru utile de s’en prendre à l’express pour notre regard sans complaisance sur la gouvernance Lepep. Alors que nous l’accusons de déficit de leadership, lui, il nous intime d’aller nous faire voir chez l’opticien. C’est en particulier un éditorial, intitulé Mille fois Ramgoolam ? (publié le 9 juillet dernier) qui semble être resté en travers de la gorge du chef du gouvernement. Pourtant, au vu des scandales qui jalonnent la route de cette présente législature, cette question sur le règne Jugnauth ou le style Ramgoolam nous semble légitime et pertinente. 

Les régimes, comme hier sous Navin Ramgoolam, et comme aujourd’hui sous Pravind Jugnauth, qui n’acceptent pas la diversité d’opinions ainsi que la pluralité et le ton de la presse libre, ces régimes qui ne veulent pas d’une Freedom of Information Act tant promise et qui gardent la MBC sous leur coupole, sont résolument contre la démocratie participative. Souvent durant l’existence de notre journal, on s’est vu confronté à pareils régimes politiques aux tendances autocratiques, totalitaires. Ils nous traînent dans la boue devant leurs fans déréglés ou sur des affiches illégales, nous prêtent des agendas sombres ou nous associent à des complots inexistants. Ce n’est guère nouveau. En fait, ils essaient de contrôler les différentes institutions qui font une démocratie (police, judiciaire, fonction publique, presse, culture, etc.) au lieu de les laisser fonctionner librement.

Pourtant, ce pays a besoin de transparence dans la conduite des affaires et d’indépendance pour l’épanouissement de ses institutions, et certainement pas d’une presse servile. Au lieu de focaliser sur la presse qui a une existence de quelque 244 ans chez nous, un Premier ministre, néophyte comme le nôtre, devrait plutôt développer des qualités de leadership que ce pays est en droit d’attendre de lui. Il devrait, en étudiant les dossiers Soodhun, Gulbul, Teeluckdharry, pour ne citer que ces trois cas, se soucier davantage de l’image négative projetée par son prime ministership, ou plutôt par son manque de prime ministership.

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Comment les partis traditionnels recrutent leur nouveau personnel politique ? La question, autrement plus complexe qu’un simple tirage au sort sous l’égide de la GRA, s’avère importante, surtout dans un contexte où l’on assiste à un foisonnement de nouveaux visages (aux patronymes souvent déjà connus) dans le cadre de la partielle annoncée – mais pas encore fixée – au no 18. 

Outre l’absence d’un vrai renouvellement politique, en termes de pensées et de projets de société, les signes d’une crise de la politique sont évidents. Faut être aveugle ou avoir la frousse des opticiens, comme dirait Pravind Jugnauth, pour ne pas voir les écrits sur les murs, dans la ville comme sur la Toile, d’un peuple dégoûté.

Nos politiciens, eux, fièrement, font des carrières longues de plus de 40 ans – et tout le monde applaudit. Entre-temps, la défiance à l’égard de nos partis traditionnels semble être à son apogée. Depuis le taux de quelque 37 % d’indécis (selon le dernier sondage commandité par La Sentinelle, réalisé en novembre 2016), on assiste clairement à un éloignement progressif de nos votants vis-à-vis de nos acteurs politiques et de leurs relais…