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Consignes de vote : Paradigm Shift

22 août 2017, 07:08

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Qu’on l’accepte ou pas, qu’on soit d’accord ou pas, là n’est pas la question. Le fait mauricien est que les élections de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF) pèsent de tout leur poids dans la realpolitik chez nous, dans les circonscriptions rurales comme urbaines. Sinon pourquoi le Prime Minister’s Office (PMO) aurait tout fait, en fin de semaine dernière, pour que son poulain, Somduth Dulthumun, obtienne un sixième mandat à la tête des 298 shivalas du pays ?  

En vain. 

Pour ceux qui n’ont pas compris l’importance stratégique des shivalas dans les élections mauriciennes, sachez que, sous l’ombrelle sanataniste, ils représentent le gros du réservoir de l’électorat Vaish – (caste de nos Premiers ministres traditionnels, à l’exception de Paul Bérenger bien évidemment) – qui a choisi son camp dimanche.Le mot d’ordre de l’hôtel du gouvernement, normalement suivi à la lettre, n’a pas été respecté cette fois-ci. Et pire : c’est Rajenrah Ramdhean, le candidat officieux de l’opposition travailliste, qui a remporté la victoire – malgré le soutien accordé à Dulthumun par le PMO et plusieurs groupuscules socioculturels qui veulent se faire bien voir par le pouvoir. Cela veut dire que le Premier ministre n’a pas (ou plutôt n’a plus) la faveur d’une majorité chez la minorité jugée (par certains) «incontournable».

Depuis sa naissance, l’express milite contre le rôle, selon nous, néfaste que jouent les associations socioreligieuses ou socioculturelles dans le cadre de notre nation building. Elles représentent, à nos yeux, un obstacle au mauricianisme (idéal où chaque individu se voit confier un poste de responsabilité publique selon son seul mérite et non par rapport à son appartenance religieuse ou ancestrale ou clanique). Dans cette optique, alors que nous sommes pour la promotion de la Culture (c’est-à-dire toutes les cultures), nous trouvons incestueuses les relations opportunistes entre les groupes dits socioculturels, surtout ceux qui n’existent que sur papier, avec les dirigeants politiques des partis dits nationaux.

C’est aussi pour cela que nous condamnons cette politique clientéliste du gouvernement Lepep, telle qu’étalée, par exemple, dans le discours du Budget 2016-2017 :«Madam Speaker, Mauritius is one of the few countries that are fortunate to have a mosaic of cultures and religious beliefs where all citizens have deep mutual respect. We have to acknowledge the formidable work and dedication of socio-cultural and religious organisations in preserving and promoting our cultural, linguistic and religious values.I am pleased to announce that I am increasing the subsidies for religious bodies by ten percent. (…) Socio-cultural organisations as well will get support for extension and renovation of their buildings. This will be done through a special loan scheme from the DBM.»

Mais force est de constater que malgré tout cela, le gouvernement Lepep a été incapable de faire élire son Somduth Dulthumun, personnage notoire pour ses violentes critiques contre la presse libre et indépendante, qu’il incendiait publiquement quand le ton lui déplaisait. Est-ce annonciateur, déjà, d’une fin de règne pour Pravind Jugnauth ? La question mérite d’être posée eu égard aux moyens déployés pour cette élection, à l’apparence banale, pour diriger la MSDTF et ses 298 centres de recueillement.

Derrière la défaite de Dulthumun, il y a la remontée, en filigrane, de Navin Ramgoolam et d’Anil Bachoo, qui s’avère spectaculaire, deux ans et demi après leur lourde défaite électorale. Nous assistons, en fait, à un paradigm shift de l’électorat hindou… Et qui dit remontée pour le PTr, normalement, dit descente pour le MSM.