Publicité

Innovation

23 août 2017, 05:08

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

«Un problème ne peut pas être résolu avec le même niveau de conscience que celui qui l’a créé.» 

Rarement cette citation du célèbre scientifique du XXe siècle, Albert Einstein, n’aura été aussi pertinente à Maurice. Dans un contexte où la croissance s’essouffle et où les modèles d’affaires traditionnels sont menacés, l’innovation apparaît souvent et fréquemment dans les discours. Tant mieux ! La prise de conscience s’opère.

Faut-il encore passer à ce nouveau niveau de conscience. Transition que les discours que l’on entend actuellement ne suffisent pas à produire tant ils reflètent un état de conscience ancien et peu innovant. Quand on parle d’innovation, le réflexe est de se tourner vers le gouvernement pour voir quels sont les programmes proposés et mis en place. On pense à l’innovation dans le vieux paradigme de la relation entre les budgets, les efforts et le résultat. Certes, les coups de pouce à la recherche universitaire et industrielle sont nécessaires. Mais il faut penser que les innovations ne sont efficaces que lorsqu’elles tombent entre les mains de personnes susceptibles de les uti- liser. À défaut de quoi elles restent au stade d’idées, de projets, de rêves. Ce dont les tiroirs de nos ministères regorgent déjà. 

Or, si tous les Mauriciens disent vouloir l’innovation, combien sont-ils qui sont prêts à sortir les projets des tiroirs et à les appliquer ? Combien sont prêts à renoncer aux vieux modèles pour s’ouvrir aux idées nouvelles ? Qui est prêt à accepter que ce qui existe pourrait changer… pour le mieux. 

Oser l’innovation implique moins de produire des idées nouvelles que de développer un contexte propice à les exécuter. Cela implique de dire que toute personne devrait envisager que l’activité qui l’occupe à ce jour pourrait ne plus exister demain. Ce qui ne serait qu’un moindre mal puisqu’elle serait déjà prête à essayer une active nouvelle. Et réessayer encore…

Dans ce contexte, le véritable rôle du gouvernement en matière d’innovation est moins de financer le processus de production d’idées que de placer les citoyens face à leurs responsabilités : l’innovation est l’affaire de tous. L’innovation nationale est le résultat d’une décision collective des citoyens d’un pays d’adopter des modes de pensée et d’action qui sont propices à sa réalisation. 

C’est là où le bât blesse à Maurice. Car notre système social et éducatif n’y est pas propice. Nous favorisons l’apprentissage routinier, l’acquisition de connaissances plutôt que d’attitudes. De plus, nous avons placé une foi aveugle dans les vertus de la compétition, de la course. La course à quoi ? Nous ne savons plus. Nous produisons des individus qui pensent qu’il est plus important d’être à l’avant plan des connaissances construites par leurs professeurs (des personnes qui sont passées avant eux et qui vont les juger avec les repères du passé), que d’être les premiers à tenter une expérience à laquelle leurs professeurs n’y comprendraient rien. 

Dans le monde du travail, nous entendons également des discours qui conduisent à entretenir parmi les travailleurs comme parmi les professionnels des attentes sur le maintien d’avantages dont on ne sait pas s’ils existeront demain. Alors que les connaissances actuelles ou les droits ancrés dans des contrats et des accords, pourraient perdre rapidement de valeur et s’avérer vains face à des situations nouvelles. 

Si nous voulons sortir de l’ornière de la répétition dans laquelle nous semblons empêtrés, le premier pas serait moins de plaider pour des budgets et des aides gouvernementales que de s’ouvrir à un nouveau discours. Un discours qui délaisse l’ordre ancien ou la course à la reconnaissance sociale par des références au passé. Pour adopter une curiosité de ce qui n’est pas encore inventé, pour s’ouvrir à un nouveau mode de vie.

C’est, en soi, tout un programme qui, dans le discours politique, économique et éducatif, reste à être inventé. Il est presque à souhaiter que les aides gouvernementales se fassent rares afin de permettre son avènement. 

Publicité