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Presse-Pouvoir : Merci pour l’invitation

25 août 2017, 07:17

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Comment bâtir un partenariat avec un chef de gouvernement qui menace régulièrement, et de plus en plus, les journalistes de la presse libre et indépendante ?

La rencontre de cet après-midi au PMO veut, sans doute, essayer de projeter l’image d’un pouvoir qui discute cordialement avec des contradicteurs qui jouent pleinement – et sans lâcheté – leur rôle de contre-pouvoir. Elle vise, peut-être, à jouer, pour la galerie, la carte de la transparence alors que la Freedom of Information Act demeure, depuis 987 jours, une promesse électorale en l’air.

L’opération-séduction, décidée par un stratège qui a épuisé toutes ses cartouches (même les plus débiles), s’avère, selon nous, une maladroite tentative de redorer l’image d’un gouvernement qui est en chute libre dans l’estime des Mauriciens. À notre avis, l’invitation au dialogue vient un peu tard après une communication déficiente, ou quasi inexistante, de la cellule de com du PMO, après le ton de guerrier et les manoeuvres liberticides ou d’intimidation qui ne marchent pas ! Elle vient aussi après la défaite lourde de sens d’un Somduth Dulthumun qui se plaisait à brûler, dans un passé récent, des exemplaires de l’express, un peu comme Showkutally Soodhun fracassait, lui, les vitres des locaux de La Sentinelle…

Deux exemples, s’il en fallait, du manque de respect du gouvernement Lepep envers la presse libre et indépendante. 1) Le ton cavalier, chaque semaine, d’un porte-parole comme Etienne Sinatambou, ancien animateur de radio/pseudo journaliste pendant une quinzaine de mois (tremplin qu’il a utilisé pour avoir un ticket par la suite des Jugnauth), qui a la prétention de pouvoir donner des leçons à la presse mauricienne qui a une existence de plus de 244 ans…

2) La récente nomination, scandaleuse et inacceptable, d’un ancien du Government Information Service, longtemps à la retraite, pour présider le Media Trust, organisme pourtant censé former des journalistes libres et indépendants, entre autres aux nouvelles technologies de l’information. Est-ce parce que Shayman Surajbali est proche d’un temple ou est-ce pour que tous les journalistes deviennent des propagandistes (comme il y en a pas mal déjà !) ?

À l’express, nous pensons qu’il est naturel que le pouvoir et un contre-pouvoir, comme nous, aient des frictions, des divergences. Cependant sont aussi possibles, voire souhaitables, des convergences sur des sujets nationaux, comme la dette publique, la croissance économique, la lutte contre la drogue et le financement des partis politiques, entre autres. Cela fait partie du jeu démocratique. 

Durant le règne de Navin Ramgoolam, nous avons connu des tentatives d’asphyxie directes et les avons surmontées, grâce à notre diversification économique. Aujourd’hui, donc, grâce aux pressions des politiciens qui veulent nous réduire au silence ou nous discréditer, nous pouvons, en toute indépendance, assumer notre rôle without fear or favour. Et l’on ne va pas s’en priver, croyez-nous, Monsieur le Premier ministre. Et merci pour l’invitation…

PS : C’est HIER (jeudi) qu’un carton d’invitation est arrivé à mon bureau pour une rencontre AUJOURD’HUI avec Pravind Jugnauth. En raison de rendez-vous déjà pris, je me vois, hélas, dans l’impossibilité d’honorer cette aimable invitation au Trésor. Mais le groupe La Sentinelle sera présent au rendez-vous. On déléguera un digne représentant.