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Un tramway (mal) nommé…

3 septembre 2017, 07:12

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Comme dans la pièce mythique de Tennessee Williams*, le mensonge et la violence sont les deux thèmes prédominants des tristes actualités émanant de La Butte et de cité Barkly.Mensonge d’une opposition (Lepep) qui avait promis, en décembre 2014, d’enterrer, pour de bon, le projet de «métro léger» mais qui, aujourd’hui au pouvoir, fait verser des larmes à cause d’une gestion calamiteuse du plus gros projet de développement du pays. Et violence des propos de l’ancien gouvernement (Ramgoolam, Mohamed et Duval) qui, dans leur rôle d’opposants au même projet (qu’ils portaient jadis), lancent, comme des projectiles, des termes enflammés et incendiaires, comme Kaya, février 1999, explosion sociale…

Désir. Cette envie ardente de renverser un gouvernement aujourd’hui en chute libre est peut-être légitime. Le gouvernement en général, Nando Bodha et Étienne Sinatambou en particulier, méritent clairement un carton rouge pour leur manque de tact, de communication et de compassion. Alors que les membres du gouvernement Lepep se réfugient derrière leurs gardes du corps (de plus en plus nombreux), ils envoient les policiers au casse-pipe, pour sortir, sous la pluie, les effets personnels de ceux qu’on doit expulser du tracé. Heureusement, pour notre paix sociale (et pour les embouteillages), que la Cour suprême, même si elle doit se montrer aveugle, a eu une approche plus humaine que les élus du peuple !

L’opposition systématique ne conduit pas au règlement des conflits, mais à l’exacerbation de ceux-ci. Les politiciens opportunistes qui descendent dans la rue, comme les champignons venimeux apparaissent à chaque grosse averse, sont à l’opposé des militants avec des convictions chevillées au corps. Parmi ceux-ci, on retrouve des individus carriéristes qui prennent une posture populiste leur permettant de reconquérir le pouvoir perdu. Le penseur Bernard Charbonneau leur a consacré une thèse : «La dureté de la concurrence sélectionne les plus doués, ceux qui ont le sens de la manipulation des masses… La sélection se fait à l’envers : l’individu ayant un minimum d’exigence intellectuelle se détourne de la “politique” en la laissant aux mains de médiocrités incapables de tout autre talent.»

C’est pour cela qu’il nous faut, en notre capacité de contrepouvoir, surveiller les manœuvres des opportunistes. Un contrepouvoir n’est pas uniquement contre le pouvoir en place, mais contre tous les pouvoirs, y compris celui de la manipulation des masses.

* * *

Kenya. Signe de maturation ou période d’instabilité ? La justice kenyane, en annulant la présidentielle du 8 août pour cause d’irrégularités, a agréablement surpris bien des observateurs démocratiques à travers le monde. C’est une première et c’est, dit-on, le signe d’une «maturation» de la démocratie en Afrique, un continent encore sujet à des violences interethniques, comme le rappelait dangereusement, hier, Uhuru Kenyatta, qui ne compte nullement lâcher le pouvoir. C’est un signal fort aux despotes de tous les pays : il ne peut et il ne doit y avoir qu’une suprématie : celle de l’État de droit…

*Réalisé en 1951 d’après la célèbre pièce de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même montée à Broadway en 1947, «Un tramway nommé Désir s’est élevé au rang de mythe cinématographique.