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Fuite en avant

6 septembre 2017, 07:11

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L’image d’un Ivan Collendavelloo ou d’un Étienne Sinatambou, seigneurial, fier, arrogant, mettant en avant une soi-disant maîtrise du ‘Rule of Law’ et des dossiers gouvernementaux, a volé en éclats à cité Barkly. Flanqués d’un troisième ténor du barreau, Me Anil Gayan, pourtant député de la région, et du maire des villes sœurs, le costaud Ken Fong, ils ont dû prendre la poudre d’escampette sous l’escorte de leurs gardes du corps, eux-mêmes tétanisés par la colère du peuple. «Allez vous faire voir ailleurs (…) Regardez-vous dans un miroir (…) On ne montera jamais dans votre métro», leur ont lancé des habitants déchaînés.

Le projet de Metro, que Lepep avait vivement condamné, en 2014, avant de faire une volte-face et de l’embrasser en 2015 grâce à la manne financière de l’Inde, devient un tracé difficile, rempli de contours escarpés. Pour beaucoup, le déficit de communication et la gestion calamiteuse de ce projet représentent, sans doute, la dernière gare de ce gouvernement – un gouvernement bricolé à la va-vite dans le sillage de la chute du régime travailliste et dont les faiblesses inhérentes apparaissent de plus en plus.  

Aujourd’hui, il ne fait plus de doute que beaucoup de ministres ne sont pas à la hauteur des attentes de ceux qui les ont portés au pouvoir. D’où la fuite en avant que nous avons vue. D’où les gardes du corps qui se font de plus en plus nombreux, que ce soit autour du PM, de la présidente de la République, du VPM…

La posture du ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, qui semble avoir été dépossédé du dossier ‘Metro Express’, est aussi de plus en plus pathétique. Alors que le public qui finance l’action gouvernementale réclame des explications, Monsieur Bodha, ancien présentateur vedette de la MBC, devenu ministre, répond, de manière hautaine, à la presse (courroie de transmission entre les élus et le peuple) : «Laissez-moi rentrer chez moi !»... 

Les événements de Barkly marquent le début d’une période d’agitation. Les secousses ont déjà été ressenties à la MBC, où le Chairman devenu DG (selon le modèle Choomka à l’IBA) et les deux directeurs à l’information, Jugdish Jatoo et David Boodnah, préfèrent jeter l’éponge avant d’être sacrifiés ? Le jeu est vicié à la moribonde station de radiotélévision nationale – où les journalistes sont appelés à jouer les propagandistes comme en Corée du Nord, sous les ordres de la dysfonctionnelle cellule de com du PMO, dont le directeur lorgnerait désormais du côté de la MBC, après avoir reçu un carton rouge des journalistes. Du coup, la rédaction de la MBC ne sait plus si elle doit couvrir ou non un événement. Si elle couvre, elle court le risque d’une suspension en bonne et due forme. Et si la rédaction ne couvre pas, elle court pareillement le même risque. C’est à ne plus rien comprendre…alors que le contribuable continue, lui, à casquer pour des redevances obligatoires et ridicules.

Aux Casernes centrales aussi, où les jours de Mario(nnette) Nobin sont comptés, il y a une vague de changements dans une vaine tentative de reprendre le contrôle de la situation. Le directeur des services de renseignement, un proche de sir Anerood, surveillé de près depuis la défaite de Somduth Dulthumun à la tête de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation, est devenu le parfait bouc émissaire. Pendant ce temps, Krishna Jhugroo, un autre proche du pouvoir, est positionné pour devenir le prochain CP.  

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Que compte faire le gouvernement Lepep, alors qu’un parfum de fin de règne flotte déjà dans l’air ? Il n’a en fait qu’une option : d’ici le 20 septembre, il va lui falloir émettre le Writ pour la partielle au numéro 18. C’est l’occasion unique pour déplacer les projecteurs qui sont pour l’heure braqués sur les nombreux manquements du gouvernement en général, et du projet de Metro en particulier. Ainsi, il peut se faire oublier un peu tout en semant la division entre les oppositions (qui récoltent des dividendes de la mal-gouvernance de Lepep). Mais au final, Pravind Jugnauth ne pourra que “buy time”. Car à l’allure où son tram mal nommé avance, le train-train quotidien ne peut que dérailler, et ce, même si Jugnauth Junior veut rester accroché jusqu’au bout…à un destin qui n’est, peut-être, pas le sien !