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Tout est une affaire de contraste
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Tout est une affaire de contraste
Ce n’est pas tous les jours la fête d’être chef de gouvernement ! Prenez Donald Trump aux États-Unis. N’avait-il pas dit que son prédécesseur – dont il n’a, en aucun cas, ni l’élégance et encore moins la finesse – avait eu tort de poursuivre la guerre en Afghanistan ? Il vient d’accepter de la prolonger à nouveau ! N’avait-il pas, il y a quelque temps, à la suite de la énième provocation de Kim Jong-un, annoncé qu’une partie de la flotte américaine faisait route vers la Corée du Nord ? Le lendemain, on retraçait ladite flotte faisant route vers Singapour… N’a-t-il pas promis lors de sa campagne électorale, plus de 60 fois différentes selon un relevé de «Think Progress», de «immediately repeal and replace Obamacare», en proposant mieux, à moins cher ? On attend toujours… Sans compter le «fire and fury» du mois d’août promis à la Corée du Nord par celui qui disait qu’en situation de conflit, il ne fallait jamais révéler ce que l’on allait (ou ne pas) faire… Depuis, Kim 3.0 a lancé des missiles au-dessus du Japon, menacé Guam et procédé à un essai thermonucléaire six fois la puissance d’Hiroshima! Sans déclencher ni feu, ni fureur…
Theresa May ne souffre pas des mêmes maladies que Donald Trump, mais elle est quand même à la tête d’un gouvernement minoritaire après des élections générales qui devaient, selon son avis, consolider sa majorité parlementaire ! De plus, elle surfe constamment entre le fait qu’elle avait fait campagne lors du référendum pour rester en Europe, alors que maintenant, elle doit endosser le point de vue opposé – version «hard».
Et que dire du Macron jupitérien qui, d’un taux de popularité de 62 % à son investiture, est retombé à 39 % en quelques mois ? Et qui doit maintenant affronter la rue pour amorcer les réformes des lois du travail pour lesquelles il détient pourtant un mandat clair. Vous ne vous sentez pas un peu troublé par les déboires d’Aung San Suu Kyi au Myanmar face aux sévices militaires contre les Rohingyas ? Un peu choqué de l’arrogance et du dévergondage du successeur de Mandela en Afrique du Sud, M. Jacob Gedleyihlekisa Zuma ? Plus qu’esquinté par la chute de Madame Dilma Rousseff au Brésil ? Un peu secoué que le président Kenyatta ait vu son élection récente être annulée par la Cour suprême ? La liste ne s’arrête pas là…
Cependant, chez nous, le Premier ministre, même si accablé de problèmes divers, ne fait pas face à des défis de la même envergure ! Du moins pour le moment. Quelques petits couacs sur le Metro Express, un Attorney General de perdu, des grognards chahutés par les auditions publiques devant la commission Lam Shang Leen, quelques journalistes sans diplômes, le tout alimenté par une trâlée de reniements et de cas de népotisme, ce n’est vraiment pas rose, certes, mais cela devrait lui laisser un peu de temps pour s’occuper du pays et notamment de l’économie. Car comme nous l’avons souligné il y a quelques dimanches de cela, une économie qui tourne, qui crée de l’emploi et qui, grâce à sa productivité en progression, permet l’amélioration générale des conditions de vie, reste sa seule planche de salut véritable avant les prochaines élections générales. Subventionner le dollar des exportateurs, par contre, ce n’est qu’un palliatif.
Et quoi penser de la déclaration de notre ancien Premier ministre, le ministre Mentor sir Anerood Jugnauth, disant qu’il est «dégoûté» de lire la presse locale ? Son dégoût, explique-t-il, est à l’effet que «éna sertenn soz finn pasé, wi, mé enn bann zafer finn azouté». Comme son fils qui n’identifie pas les journalistes mafieux, sir Anerood ne s’attarde pas à identifier avec précision ce à quoi il fait référence et laisse, ce faisant, planer un discrédit général sur toute la presse. On pourrait noter, en passant, que les «sertenn soz» qui se sont passées le dégoûtent apparemment moins que «bann zafer azouté» mais ce qui est certain, c’est que nous ne serons pas en position de relativiser les «soz» et les «zafer» si on ne dévoile pas d’abord ce que sont ces choses et ces affaires ! Par ailleurs, on ne le répétera jamais assez : l’express est un journal indépendant et neutre et même si ses motivations et sa bonne foi sont claires, il n’est pas infaillible.
Pour revenir à la nouvelle de la semaine, saluons ici la décision du Premier ministre de demander à Ravi Yerrigadoo de démissionner, pour protéger l’intégrité de la fonction d’Attorney General et, par là même, celle du pays. C’était le seul choix sage. D’autant que le principal protagoniste, ne pouvant apparemment faire la différence entre lui-même et sa fonction, semblait incapable de prendre cette même décision, niait tout et, invoquait le soutien indéfectible de son PM, comme son bouclier ultime. Une attitude qui contraste singulièrement avec celle de Pravind Jugnauth lui-même, démissionnaire volontaire de son poste de ministre des TIC, le 30 juin 2015. Tout est, en effet, affaire de contraste : Pravind Jugnauth venait alors d’être condamné. Yerrigadoo est encore innocent et pas même encore formellement accusé.
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