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Le voyou et l’essentiel

21 septembre 2017, 07:13

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Le voyou et l’essentiel

Non, non, et non. Ce n’était pas un lapsus. C’était des insultes, balancées, en direct, avec hargne, sexisme, et une vulgarité inouïe, avec des gestes et des crocs menaçants. Ravi Rutnah a franchi la ligne rouge. Tout le monde l’aura compris. Il a dépassé toutes les limites du permissible.  

Il est intéressant de noter que, le 6 février 2016, dans cette même rubrique, j’avais écrit ceci : «Aujourd’hui, quand on entend le ML du tandem Collendavelloo-Gayan – et leur aboyeur Rutnah – s’en prendre ainsi à la presse libre et plurielle, l’on a presque envie de rire. Sauf qu’ils sont pathétiques et ne comprennent toujours pas l’importance de la presse dans une démocratie.» (Référence https://www.lexpress.mu/idee/275384/cahier-dun-non-retour-au-pays-natal )

Oui, je l’avais traité d’aboyeur ! Depuis plus d’un an. Devrais-je alors m’excuser moi aussi... 

Mais jamais de la vie. Car Rutnah avait aboyé, a aboyé et continuera toujours à aboyer. Ce n’est pas de sa faute, en fait. C’est la faute à ceux qui lui ont donné une instruction dans la vie et un ticket pour être parlementaire dans notre jadis auguste Assemblée nationale. 

Rutnah n’est pas digne d’être le représentant des citoyens mauriciens. C’est sur le tard, bien trop tard, qu’Ivan Collendavelloo, la ministre de l’Égalité du genre Fazila Daureeawoo, et Anil Gayan essaient de prendre leurs distances du parlementaire-voyou. 

***

Autre personnage vilipendé : Husein Abdool Rahim. Depuis qu’il a juré l’affidavit qui a fait tomber l’Attorney General, les allégations pleuvent contre lui. Ce faisant, on s’égare de l’essentiel : c’est-à-dire les pratiques condamnables, soutenues par des documents, au cœur de l’État et ce, en faveur d’un personnage controversable, pour qui l’on fait une «letter of character» avec en-tête et tampon (et dûment signée par Ravi Yerrigadoo)...

Comment un tel personnage a-t-il pu être en possession de tels documents? C’est ce qui nous avait choqués dès le départ. C’est notre propos et notre focus au sein de l’express : documentary evidence! En d’autres mots, we stand by the facts, by the facts only! 

C’est pour cela que, lundi, on s’est rendu volontairement à l’ICAC avec des documents, pas avec le dénonciateur – afin de ne pas perdre de vue ce qui devrait être notre combat comme journaliste, ayant à cœur la lutte contre la corruption. Envers et contre tous, contre toutes les formes de pression, flatteries, représailles ou autres coups bas...

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L’élection de Donald Trump rime avec l’ère Post-Truth. À l’express, on se targue de faire du fact-checking du mieux de nos modestes possibilités. Comme b.a.-ba de notre métier : il y a des questions de base qui orientent nos décisions éditoriales : est-ce que les infos qui nous parviennent par des sources plurielles sont vérifiables ou pas ? 

Dans le Yerrigadoogate, Husein Abdool Rahim était fragile (il l’est toujours - lisez en page 4 les textes d’Axcel Chenney et de Yasin Denmamode), mais, qu’on le veuille ou non, ses documents, brandis dans un affidavit, demeurent solides. Pour nous, c’est ce qui importe le plus.