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Languegate : la maman de tous les scandales

30 septembre 2017, 08:07

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Kalyan Tarolah, un selfmade-man qui, d’un obscur enseignant d’hindi se déplaçant à bicyclette dans un village est devenu l’équivalent d’un Junior Minister de la république de Maurice, serait responsable d’avoir mis sur le compte du gouvernement la mère de tous les scandales que le pays connaît depuis 2015. Sa façon d’utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC) a entraîné sa perte mais, plus grave encore, expose le gouvernement au danger d’un retour en force de Navin Ramgoolam.

En principe, le secrétaire parlementaire privé (PPS) Tarolah aurait dû soumettre sa démission au moment même où le journal Sunday Times révélait l’affaire de messages et d’images obscènes. Pour avoir violé la loi sur l’utilisation des TIC, l’homme s’expose aussi à des poursuites au criminel et, en cas de condamnation, de devoir démissionner comme député. Mais puisque le gouvernement pratique une politique de stonewalling (obstruction, une fin de non-recevoir) pour ne pas ébrécher sa majorité, on ne voit pas la police se précipiter pour aller demander des explications au PPS Tarolah. Y a-t-il un Mauricien aussi naïf pour croire que Showkutally Soodhun perdra son poste de vice-Premier ministre ?

Catastrophe politique

Le PPS Tarolah a pondu la mère de tous les scandales car la population tout entière se sent concernée vu le fort taux d’utilisation des TIC dans notre société. Des milliers de messages et d’images sont échangés tous les jours mais dans le cas de Tarolah, il est un homme public qui occupe des fonctions officielles et, d’après les faits recueillis, il était présent au Parlement au moment où il communiquait avec la jeune fille concernée. Un tel agissement ne fait pas honneur aux fonctions de parlementaire. C’était une atteinte à la dignité de la Chambre.

On saura dans les jours à venir comment Pravind Jugnauth va gérer ce dernier scandale. Il lui a été plus facile de lâcher Ravi Yerrigadoo car ce dernier n’était pas un élu. Donc, aucun impact sur la majorité parlementaire. Tarolah est lui un élu et si, dans le contexte d’un scénario du pire, il est contraint à la démission, une élection partielle dans le n°10 (Montagne-Blanche– Grande-Rivière-Sud-Est) pourrait entraîner une catastrophe politique pour le régime. Car les agissements de Navin Ramgoolam portent à croire qu’il aurait opté pour cette circonscription où il est souvent invité.


Quelques mois de cela, un événement sans précédent s’est produit dans le village de Sébastopol, quand l’ancien Premier ministre a été l’invité d’honneur à la consécration d’un temple. Normalement, ce sont des personnalités du gouvernement qu’on invite à de telles cérémonies. En cas de partielle au n°10, la menace Ramgoolam entraînerait une forte mobilisation du MSM et de son allié.

Pour Navin Ramgoolam, une partielle pourrait bien l’aider à résoudre son dilemme par rapport à la circonscription de Pamplemousses- Triolet (n°5). Car le fait d’abandonner le n°5 l’aurait politiquement endommagé, tout en compromettant les chances des candidats travaillistes dans cette circonscription. Mais suivant une participation à une partielle et son élection dans le n°10, Navin Ramgoolam pourrait toujours justifier son départ du n°5.

Mal gérée, l’affaire Tarolah pourrait avoir des répercussions politiques très sérieuses pour Pravind Jugnauth. Mais ce dernier ne va pas lâcher le député. Les Mauriciens qui fréquentent assidûment les bookmakers peuvent parier que Tarolah conservera son siège de député jusqu’aux prochaines élections, même s’il perd son poste de PPS. À moins qu’il ne soit doté d’une peau d’éléphant, les ennuis ne font que commencer pour le député.

À la fréquence frénétique dont les messages et images du PPS sont relayés actuellement par WhatsApp, dans quelques jours, toute la population sera en mesure de connaître dans son intimité d’Adam l’homme qui était resté obscur jusqu’au jour où Sunday Times a déclenché la bombe. Le député Tarolah pourrait même devenir une vedette internationale une fois les images reprises sur les grands réseaux. Même sir Anerood Jugnauth finira par en devenir un témoin virtuel après avoir découvert l’arme foudroyante qu’est WhatsApp.