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Doper la croissance

4 octobre 2017, 07:56

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Le pari est pris. Avec sa double casquette de Premier ministre et de ministre des Finances, Pravind Jugnauth n’a guère le choix. La coalition qu’il dirige prend l’eau de toutes parts. Pire, c’est son propre équipage qui se charge de creuser des trous béants dans la coque du navire gouvernemental.

Avec une crédibilité entamée, l’alliance Lepep n’a donc qu’une seule option : revenir à l’essentiel. Et dans la conjoncture actuelle, il n’y a pas photo. Il s’agit bien évidemment de l’économie. Le signal a été envoyé le 29 septembre. Alors que l’institut des statistiques décide de maintenir ses prévisions de croissance à 3,7 % pour cette année, le Conseil des ministres annonce son intention d’avancer de plusieurs mois le paiement de l’impôt négatif.

Prévue initialement pour août 2018, la première tranche sera finalement versée le mois prochain. Au lieu de tous les six mois, les bénéficiaires – estimés à 150 000 employés par les pouvoirs publics – recevront leurs allocations sur une base trimestrielle.

Cette démarche est tout sauf innocente. Pour mieux saisir sa portée, il est nécessaire de parcourir les derniers comptes nationaux. Riches en enseignements, ils témoignent d’abord de l’optimisme de Statistics Mauritius. Le fait est suffisamment rare pour être souligné. Le Bureau des statistiques a choisi de camper sur sa position quant à ses estimations de croissance. Ses sources de motivation : la construction, le tourisme et la consommation.

Calculée à 7 % pour cette année, la croissance du secteur de la construction a été relevée de 0,5 point de base. Elle témoigne d’une hausse non anticipée des investissements dans les bâtiments non résidentiels. Statistics Mauritius place dans cette catégorie la rénovation d’hôtels. Les chiffres trimestriels sont encore plus révélateurs de la contribution du BTP à la croissance économique cette année. Durant le deuxième trimestre, le pays a franchi la barre de 10 % de croissance dans la construction. D’une contraction de 7,4 % au deuxième trimestre de 2016, nous sommes passés à une expansion de 11,2 % à fin juin de cette année. Une progression est également notée par rapport aux trois premiers mois de l’année (7,5 %).

Un vent favorable souffle aussi sur l’industrie de l’hébergement et de la restauration. Le nombre grandissant de visiteurs – 1 360 000 touristes – portera la croissance dans ce secteur à 5,2 % contre une estimation initiale de 4,7 %.

Cependant, pour mitiger l’impact de l’essoufflement du secteur de l’exportation sur l’économie et se reconnecter au rail de la reprise mondiale, il en faut beaucoup plus. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’est pas dupe. Il a compris que la consommation lui offre une fenêtre de tir pour doper la croissance et ainsi se rapprocher de – à défaut de la toucher – la barre psychologique de 4 % d’ici à la fin de l’année fiscale 2017-18. Sa stratégie est donc limpide : jouer la carte de la demande. D’autant plus que nous sommes à la veille des fêtes de fin d’année. Une période porteuse et généralement marquée par une frénésie d’achat.

Déjà, nous avons atteint 4,1 % de croissance au deuxième trimestre, contre 2,6 % à pareille période en 2016. Une telle performance au deuxième trimestre n’a pas été réalisée depuis 2014 ! Avec le paiement de l’impôt négatif dès le mois prochain, c’est la consommation, en plein rebond depuis la crise globale, qui est appelée à se hisser à un palier supérieur. Les derniers chiffres montrent que nous sommes actuellement à 3 % pour la période avril-juin 2017.

Certes, une nouvelle hausse ne manquera pas de rejaillir sur la performance économique, mais serait-ce suffisant pour faire oublier les nombreux scandales qui éclaboussent le gouvernement ?