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Tapages parlementaires et silence des cleaners

25 octobre 2017, 07:46

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Aujourd’hui, c’est le dixième jour de grève pour six personnes. C’est un problème humain urgent. Qui se doit d’être au-delà de la chose politique, même si les politiciens sont directement responsables de ce sinistre état des choses. Mais hier, la démonstration a été faite au Parlement que certains politiciens pensent, hélas, d’abord et avant tout à scorer des points politiques, quitte à aller s’attendrir, par la suite, au jardin de la Compagnie, devant les caméras de la presse plurielle, si possible…

On a attendu trois mois pour que les travaux parlementaires reprennent. Et quelle reprise ! Tout cela à nos frais de contribuables.

Il y a eu des excès à plusieurs niveaux ; excès qu’il nous faut dénoncer pour une meilleure marche de notre démocratie.

D’abord, la PNQ aurait pu porter sur les dames cleaners et une question durant le PMQT aurait pu alors être posée sur le Metro Express, si la logique en termes d’actualité s’imposait (puisque c’est le Premier ministre qui préside le Steering Committee sur ce dossier). Mais apparemment, l’ancien ministre des Finances du régime travailliste, aujourd’hui leader de l’opposition, qui n’avait pas été invité au jardin de la Compagnie (au démarrage de la grève) aurait pu y laisser des plumes sur le dossier des cleaners. En raison de son passé compliqué.

Il y a aussi le ministre Nando Bodha qui a tout fait hier pour épuiser les 30 minutes réservées à la PNQ – il a en effet choisi de «noyer le poisson». Ce qui a irrité, avec raison, le leader de l’opposition. Or, Xavier- Luc Duval a fait preuve d’un manque de respect total envers la Speaker – on peut aimer ou ne pas aimer Maya Hanoomanjee, mais toujours est-il que l’ancienne candidate battue de Lepep est la Speaker ! Et quand elle est debout, l’on doit s’asseoir par respect pour l’institution qu’est le Parlement, pas pour elle forcément. Ce que Duval ne comprend pas. Poussant ainsi à la confrontation politicienne… dans un brouhaha total, qui ne nous fait pas honneur.

On peut aussi reprocher cette trop longue pause de plus d’une heure entre la suspension de la séance et la reprise, qui donne l’impression que le Leader of the House aurait agi de mèche avec la Speaker pour accoucher de cette motion contre le leader de l’opposition, afin qu’il soit expulsé pendant «two days». C’est grave. Un Premier ministre agissant de concert avec la Speaker pour se débarrasser d’un leader de l’opposition (poste constitutionnel). Donc, pas de PNQ mardi prochain. La démocratie encaisse. Et ce sont les dames cleaners, auprès de qui les politiciens aiment se faire photographier, qui souffrent en silence… loin du théâtre populaire qu’est devenu le Parlement.

***

Le pouvoir absolu s’inscrit dans une logique immuable. En théorie, il signifie la possibilité légale de tout contrôler au nom d’une légitimité supérieure, sans contrepoids. Dans la pratique, l’absolutisme pourrait prendre la forme de la stratégie du Mouvement socialiste militant (MSM) – qui veut tout écraser sur son passage. La presse libre, les oppositions divisées.

Après son éclatante victoire au scrutin du 10 décembre 2014, le MSM et ses partenaires minoritaires sont les maîtres incontestables de l’échiquier, au Parlement aussi (malgré les départs de Bhadain, Yerrigadoo et momentanément (?) de Tarolah). Face au MSM, il y a un océan de désespoir dans les rangs de l’opposition, qui doit préparer la partielle du no18.

Du côté mauve, on a senti une gêne, hier. Si Paul Bérenger, avec son souci du respect des principes parlementaires, a clairement reproché les excès du PMSD lors de la confrontation avec la Speaker, le leader du MMM a clairement fait comprendre qu’il n’aurait pas suivi le PMSD en cas de walk-out sur cet incident précis. Mais à la reprise, il n’y avait ni bleus, ni rouges et… ni mauves. C’est évident que le MMM ne pouvait pas être le seul parti de l’opposition présent – dans sa nouvelle configuration (d’autant que celle-ci a été agréée de bon coeur par la Speaker). Cela aurait donné l’impression d’un rapprochement en effet.

Triste, triste, tout ce qui se passe. C’est clair que seul Prem Nababsing pourrait toujours faire réunir nos parlementaires. Après l’hommage unanime, c’est parti hier dans tous les sens. Le grand public et les dames cleaners restent les grands perdants de notre sombre histoire démocratique…