Publicité

Propos délibérés ou manque de SAJesse ?

28 octobre 2017, 08:52

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Les dernières sorties verbales du ministrementor sir Anerood Jugnauth (SAJ) ont provoqué bien des réactions. De nombreux Mauriciens se demandent comment un homme de son expérience peut tenir de tels propos démesurés.

Dans les paroles de SAJ, on décèle un élément de dérapage. Mais ses sorties verbales sont, dans certains cas, bien calculées et ciblées. Des fois, ses adversaires, certains doués de talents machiavéliques hors pair, ont déformé ses propos dans le but de l’endommager politiquement. Les phrases célèbres de SAJ dont «moralité pa ranpli vent» et «démons» reviennent souvent dans des discussions politiques.

L’affaire de «moralité pas rempli ventre» remonte à 1983-84, quand Taïwan qui prétendait être la vraie Chine décida de faire un don de riz à Maurice. Suivant la reconnaissance de la République populaire de Chine (RPC) par sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) en 1972, Maurice avait coupé ses liens avec Taïwan, une île rebelle que la Chine revendique comme son territoire. Maurice ne reconnaissait qu’une Chine, la RPC. Or, avant l’émergence de la RPC comme puissance économique, le riche Taïwan dépensait ses ressources pour amadouer et corrompre des dirigeants du tiers-monde afin de les amener à ignorer la RPC. Après les élections de 1983, Taïwan se fit particulièrement actif à Maurice. Ainsi, des dirigeants mauriciens visitèrent Taïwan en catimini. Ils furent reçus avec faste. Cela n’échappa pas aux espions de la RPC et les nouveaux liens avec Taïwan assortis de services de «poupées» furent dénoncés par le MMM qui, comme les travaillistes, estima que Maurice ne reconnaissait que la RPC et qu’il était fortement répréhensible et immoral de la part de notre pays d’entretenir des relations avec Taïwan. C’est dans ce contexte que Taïwan ajouta un don de riz aux poupées. Puisque Maurice était lui-même en difficulté au début des années 80, ce don de riz aida le pays. Et quand SAJ déclara que «moralité pa ranpli vent» il voulait dire que notre position morale en ne reconnaissant que la RPC et ignorant Taïwan, ce dernier ne nous aurait pas octroyé ce don de riz.

Le riz – «ration» cette fois-ci – allait créer davantage d’ennuis politiques pour SAJ plus tard. Pour soulager la population, SSR avait pris la décision d’allouer des subsides pour maintenir le prix du riz de ration à la portée de la population. Ce n’est que bien des années plus tard que le basmati et le riz de luxe entrèrent dans les moeurs des Mauriciens. Un débat fut alors engagé sur la nécessité d’allouer des subsides pour le riz ration d’autant qu’on croyait que le gouvernement aidait les riches. Oui, les riches, car ces derniers l’achetaient comme aliment pour leurs chiens. SAJ prit alors cet argument de riz subventionné par le gouvernement à l’avantage des chiens des riches. Mais voilà qu’un génie en communication des Rouges transforma cette prise de position de SAJ en véritable catastrophe verbale aux dépens de ce dernier. Ce dirigeant fit SAJ dire que «sé lisien ki manz diri rasion». Entendez par là que ceux qui mangeaient du riz ration - assez nombreux dans la classe laborieuse – pouvaient être assimilés à des chiens. Extrapolée, cette phrase faisait SAJ insulter toute une section de la population.

Tout comme dans l’affaire des démons en 1995. SAJ en fait voulait dire que certains Mauriciens n’étaient pas justes dans leur position par rapport aux langues orientales. Et les écoles confessionnelles voulaient tout gagner sans faire de concessions. Il utilisa effectivement le terme «démons» et voilà qu’un génie (celui-la même qui déforma l’affaire des chiens et du riz ration ?) fit SAJ traiter toute une section de la population de «démons».

SAJ a le verbe facile et il a sa propre façon d’expliquer en langage bien simple des questions complexes. Quand il dit qu’il p… Sur ses adversaires, il entend sûrement dire que le gouvernement jouit d’une majorité confortable et que l’opposition divisée et impotente est loin de menacer le pouvoir. Ce qui serait intéressant à savoir c’est comment une nouvelle alliance MSM-MMM va gérer le phénomène Anerood. Qui osera placer une muselière pour contrôler un vieux doberman ? Alors que, depuis un certain temps, les dirigeants du MSM s’abstiennent de toute attaque frontale contre le MMM, SAJ traitait Rajesh Bhagwan de lysol pas plus tard que le mardi 24 octobre…