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Le PMSD «défoncé»
Si on analyse de près la sortie d’une rare vulgarité de Mahmad Khodabaccus contre la speaker, Maya Hanoomanjee, on constate sans difficulté qu’il n’a pas commis un simple dérapage verbal. Mais ce dirigeant du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) s’est plutôt livré à une véritable escalade, prenant un malin plaisir à débiter ses propos et regrettant même la présence des femmes dans l’assistance. Sinon, disait-il, il aurait révélé si ce qu’il comptait faire avec la femme ciblée.
Mahmad Khodabaccus joue le rôle de principal entertainer lors des réunions du PMSD. Mais à Quatre Bornes, le mardi 31 octobre, il a dépassé toutes les limites de l’humour pour conduire son parti, qu’il a servi fidèlement, vers une catastrophe politique. Faute tellement grave qui compromet, à court terme, les chances d’élection du candidat PMSD Dhanesh Maraye ; et, à long terme, les prétentions de Xavier-Luc Duval de vaincre le signe… indien et se placer sur le trône du Premier ministre de la République de Maurice.
Après la débâcle signée Mahmad Khodabaccus, les chances du PMSD de grappiller des votes hors de son électorat traditionnel deviennent problématiques. Le candidat bleu au no18 est bien endommagé, à moins que le PMSD réédite son exploit de 1967 quand il enleva les trois sièges du no18 en faisant élire Maurice Lesage, Yvon St-Guillaume et Ajum Dahal avec 54 % des voix. En 1967, le PMSD pouvait aussi faire élire Krishna Ramlagun à Curepipe, Da Patten à Rose-Hill et Sham Panchoo à Beau-Bassin. Mais le PMSD de 2017, 50 ans après, ne jouit plus de la même puissance de feu dans les villes.
Après l’attaque de Mahmad Khodabaccus à l’encontre de la speaker, le candidat Maraye se retrouve en fâcheuse posture, même par rapport à ses proches. Il est vrai que les familles mauriciennes sont bien divisées en termes d’affiliation partisane, mais il y a quand même une ligne rouge qu’elles ne franchissent pour ne pas briser les liens qui les unissent. Sans que cela n’ait été porté sur la place publique, on peut parier que l’élégant Dhanesh a pris son téléphone mardi soir même pour présenter ses plus plates excuses à Maya Hanoomanjee, une femme qu’il a côtoyée depuis son enfance.
Il se trouve que le défunt oncle de Dhanesh, Roy Maraye, associé pendant des décennies à l’agence de Toyota de Maurice, avait épousé une fille Hanoomanjee, dont le frère s’appelle Jagdish Devraj. Et ce dernier n’est autre que l’époux de notre fameuse speaker, celle-là même qui a déclenché tous les ennuis qui ébranlent actuellement le PMSD.
Cette même speaker dont la prestation est souvent condamnée dans la classe politique. Bien que personne ne lui demande d’émuler Harilall Vaghjee, la speaker du jour aurait pu faire preuve d’un minimum de fair-play dans la conduite des affaires. Or, on la voit évoluer tantôt comme «arrière-central» du Mouvement socialiste militant, tantôt comme arbitre qui administre le carton rouge.
Si l’attaque de l’adversaire devient trop percutante, le défenseur central trouve les moyens de le tacler, sinon de le descendre. Si l’adversaire s’échappe pour se retrouver seul devant le gardien de but orange, l’arbitre siffle un hors-jeu et si le joueur ose contester la décision, il est expulsé du terrain. On assiste à un match truqué séance après séance et on comprend l’exaspération des parlementaires comme Rajesh Bhagwan, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval.
Mais le leader bleu était loin d’être raisonnable dans sa façon de réagir face à une nouvelle maladresse de la speaker il y a deux semaines. C’est sans doute encouragé par le geste condamnable de son leader que Mahmad Khodabaccus s’est cru autorisé à passer à l’étape de défoncer.
Pour limiter la casse, le PMSD a invité le «défonceur» à «bwar dilwil, rest lakaz», sans doute jusqu’à la fermeture des salles de vote le 17 décembre. Reste à savoir si cette mesure va calmer les esprits. Mardi soir, il semblait que Mahmad Kodabaccus était fort apprécié des dirigeants du PMSD qui se sont par la suite regroupés pour une photo souvenir. Ce n’est que suivant la publication sur les plateformes de La Sentinelle d’un compte-rendu du meeting PMSD et d’un clip et les vives réactions hostiles enregistrées que l’orateur s’est excusé. Mais la direction du PMSD a pris davantage de temps avant de décider d’une quelconque sanction à l’encontre de son homme.
Il reste au PMSD encore une initiative – spectaculaire celle-là – à prendre mais qui forcera Xavier Duval à avaler son orgueil. Le chef des coqs doit rendre une visite à la speaker pour lui présenter ses plus humbles excuses. Ses propres excuses, mais aussi celles de Mahmad Khodabaccus.
Quelle que soit la prochaine initiative du PMSD pour se tirer d’affaire, les candidats des autres partis riront surement sous cape ce samedi 4 novembre, proclamé Nomination Day. Quant à Dhanesh Maraye, condamné à faire du porte- à-porte en traînant deux bruyantes casseroles, il demandera sans doute à Dieu de le protéger de ses amis jusqu’au 17 décembre.
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