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Yes, Prime Minister
On n’y croyait plus. On pensait que vous aviez les mains liées. Mais, pour une fois, vous nous avez agréablement surpris, hier soir. Vous avez fait preuve de leadership, en tranchant dans le vif, avant que la situation ne s’envenime sur le plan sociétal. Pour cela, on vous dit merci, monsieur le Premier ministre, merci d’avoir fait preuve de leadership.
Après être venu, mardi dernier, vous confier nos craintes et vous mettre devant les faits (que d’aucuns auraient pu exploiter autrement afin d’en tirer un capital politique ou médiatique), l’express ne peut que saluer votre décision – qui privilégie l’intérêt national (et la paix sociale) au détriment des intérêts claniques et politiques. Ainsi donc, après l’ancien Garde des sceaux Ravi Yerrigadoo, que vous avez forcé à «step down», le 13 septembre dernier, vous venez d’accrocher, à votre jeune tableau de chasse, un gibier de taille – qui est de surcroît un ami de votre père et de la famille, un «esclave» autoproclamé des Jugnauth, un protégé de la famille Royale de l’Arabie saoudite.
Cela marque, à nos yeux, un véritable tournant dans votre Prime Ministership. Cela va vous causer pas mal de désagréments, mais, au final, vous en sortirez gagnant, puisque vous avez fait preuve de salubrité publique, à l’unisson avec les protestations émanant de la rue.
Depuis que nous avons évoqué, dans notre livraison de mercredi, les raisons de la rencontre, au PMO, qu’Axcel Chenney et moi avons eue avec vous, on a assisté, impuissants, à une montée en puissance de la sourde colère dans la rue. Colère alimentée, comme on le craignait, par la diffusion, par des esprits irresponsables, de la vidéo en question, mais aussi par la mollesse qui vous caractérisait jusqu’ici (pour Yerrigadoo, on dit que vous avez agi face au documentary evidence car vous ne risquiez pas, dans son cas, une partielle). Et en l’espace de deux, trois, jours, le pays aura traversé des moments graves – il y régnait une impression de calme artificiel, voire virtuel, en attendant l’explosion qui, elle, s’annonçait réelle. Car beaucoup parmi nous ont été blessés par les paroles criminelles de Soodhun.
Et la blessure ne se refermait pas. Nous pensions que vous n’alliez pas pouvoir trancher. Que Showkutally Soodhun, malgré son discours séditieux, sera toléré au même titre que Ravi Rutnah ou Kalyan Tarolah… Bref, que tout était permis avec vous...
Et aujourd’hui, pratiquement tous les patriotes vivent le départ du vice-Premier ministre comme un soulagement. Certes, tout n’est pas excusé. Certes, tout n’est pas rentré dans l’ordre. Mais toujours est-il qu’on n’entendra ni Soodhun se justifier (ce qui risquait d’aggraver la situation) ni ses collègues comme Collendavelloo ou Koonjoo tenter maladroitement de le défendre dans l’opinion. Le leader du ML (par ailleurs avocat de Sobrinho) est allé jusqu’à dire, en substance, que ce n’est pas aussi grave, sur le plan strictement légal, car Soodhun a tenu son discours en privé, en petit comité. Et que celui qui l’avait filmé est davantage criminel que Soodhun. Ah bon, ce qui est peut-être défendable légalement devient-il acceptable moralement ?
***
En termes de moralisation de la vie politique, le leader du MSM a frappé un grand coup. Et aujourd’hui, il peut aller encore plus loin sur sa lancée. Autour de lui, il y a encore des personnages qui méritent, comme Yerrigadoo et Soodhun, d’être oustés du Conseil des ministres. Aussi, sur des dossiers comme le combat contre la drogue, la réforme électorale, le financement politique, la Freedom of Information Act, le changement climatique, les énergies renouvelables, la lutte contre la fraude et la corruption, les gains de productivité, la cause chagossienne, la culture, etc., Pravind Jugnauth devrait consulter davantage. Il vient de nous prouver qu’il est prêt à écouter et à se retrousser les manches.
C’est une lueur d’espoir que nous accueillons. Tout n’est donc pas perdu.
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