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Stratégie anti-incendie

18 novembre 2017, 08:45

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Nous savions que le cas Soodhun était pour le Premier ministre un véritable test de leadership. Nous avons du reste été témoins de son agacement en prenant connaissance des propos inacceptables de son ministre du Logement et des terres. Nous avions aussi compris qu’il ne pouvait pas agir tout de suite en raison des liens unissant le président du MSM et les Jugnauth (surtout le père) – et qu’il devait consulter largement autour de lui. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons salué, dans notre éditorial Yes, Prime Minister, la courageuse décision de Pravind Jugnauth, certes prise après la pression populaire et la mobilisation tous azimuts anti-Soodhun sur la Toile et dans la rue.

Une semaine plus tard, les effets de la révocation du Conseil des ministres du président du MSM se font plus que jamais sentir, alors que d’autres foyers de contestation de l’ordre premier ministériel éclatent çà et là.

À ce jour, personne ne sait si sir Anerood approuve ou désapprouve la décision de son fils. Ce qui ne manque pas de provoquer une crise de confiance ou d’allégeance au sein du MSM. Toujours est-il que l’absence du ministre mentor à la dernière réunion du groupe parlementaire du MSM, puis à la prestation de serment de Roubina Jadoo-Jaunbocus, donne lieu à plusieurs interprétations et provoque des fissures au sein du parti soleil. Si Jadoo-Jaunbocus se dit «très très triste» du sort de Soodhun,force est de constater qu’elle est par ailleurs très très souriante et visiblement excitée par sa promotion – provoquée indirectement par le président du MSM. Ce dernier occasionne aussi le réveil des ambitions des seconds couteaux – qui veulent sortir de l’ombre et profiter du soleil et des places libérées par le trio Dayal-Yerrigadoo-Soodhun, aujourd’hui suspendus aux décisions de justice.

Si le MSM pensait qu’il allait «manz pistas» et déplacer le focus sur les partis de l’opposition avec la partielle au no 18 – stratégie qui était bien lancée, surtout avec l’innommable bourde sexiste de l’ex-secrétaire général du PMSD vis-à-vis de la speaker ; un mauvais cinéma des coqs condamné unanimement par la critique populaire –, Showkutally Soodhun est venu renverser la vapeur et les projecteurs sont, plus que jamais, aujourd’hui, braqués sur le MSM. Du coup, la partielle à Belle-Rose–Quatre-Bornes sombre, encore un peu plus, dans un désintéressement grandissant, et ce, malgré la présence de 40 candidats (les uns plus folkloriques que les autres).

Pour faire oublier la crise post-Soodhun, le PM doit aujourd’hui redoubler d’ingéniosité – en éteignant les différents feux au sein de son parti ; tout en rafistolant les liens, de moins en moins solides, avec le ML de Collendavelloo, qui aura tout fait pour sauver Soodhun. En vain !

La confiance est le liant qui permet aux animaux politiques de cohabiter en harmonie et de se sentir en sécurité les uns auprès des autres. C’est un ingrédient indispensable pour que Lepep surmonte, collectivement, les épreuves consécutives qui se dressent sur sa route. Et quand l’on assume, comme Pravind Jugnauth, une charge de dirigeant politique, il importe d’imposer le la afin d’assurer la cohésion des troupes. Il lui faut, en fait, assumer pleinement sa décision de révocation de Soodhun et d’expliquer aux autres membres du Cabinet qu’un sort similaire les attend, indépendamment de leur pouvoir de nuisance ou de marchandage. Certes, il y a des risques de conflit, mais en général les membres d’un équipage préfèrent un leader qui ne transige pas et qui, pendant la tempête (surtout), sait garder le cap.

Une équipe n’existe et ne se donne efficacement à son travail que dans la mesure où elle présente une certaine cohésion. En physique, la cohésion indique «la force qui unit les molécules d’un liquide ou d’un solide». Appliquée à un groupe de politiciens, la notion de cohésion renvoie aux facteurs qui permettent de résister aux forces de désintégration. Pravind Jugnauth sait qu’il y a autour de lui, et en face de son équipe, plusieurs qui vont tout faire pour souffler sur les braises. Pas pour les éteindre mais pour qu’elles consument son gouvernement.