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Risques

13 décembre 2017, 07:51

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Une visite du Fonds monétaire international et le rapport qui suit cette visite sont des événements qui tiennent en haleine un pays. Dans cet exercice, les mots sont polis et ampoulés. Il faut lire entre les lignes. La visite qui s’est conclue le 21 novembre dernier a tenu ses promesses tant le rapport met en exergue ce que le FMI appelle les «vulnérabilités» de l’économie mauricienne qui, de son avis, sont «émergentes».

Dans le court terme, l’attention est braquée sur le repli des exportations et les éventuels délais d’exécution des travaux publics, facteurs susceptibles d’assombrir la conjoncture.

Mais tels ne sont pas les facteurs les plus inquiétants. Le FMI met plutôt en avant des faiblesses d’ordre monétaire et fiscal susceptibles de fragiliser l’équilibre financier à la base de l’économie tout entière.

Le souci de la Banque centrale devrait être, selon le FMI, l’inflation. Les risques sont élevés : hausse du prix du carburant et salaire minimum contribuent à alimenter les pressions inflationnistes. Que la Banque de Maurice tente de contrôler en épongeant des liquidités, même si elle doit répondre aux pressions des exportateurs qui demandent une roupie faible et des taux d’intérêts plus bas. Le FMI souligne alors que la diversité (comprenez : contradiction) des objectifs place la Banque centrale dans un rôle d’équilibriste, de celui qui redresse la barre selon les besoins. Du coup, il faut deviner où, quand et comment la Banque de Maurice pourrait intervenir. Ce qui affaiblit la crédibilité du système. Le FMI suggère à la Banque de Maurice de se doter d’une cible d’inflation claire et de communiquer à ce sujet. Ce qui raffermirait son indépendance.

Au niveau des changes, le pays est revenu à une situation de réserves plus sécuritaire. Ce qui devrait lui permettre de gérer une politique de change plus claire visant à assurer la stabilité de la monnaie.

S’il est nécessaire de mieux comprendre le cadre monétaire, c’est que les risques de déstabilisation sont élevés. En filigrane les perturbations de l’offshore. Ce secteur qui brasse une somme impressionnante de fonds flottants à court terme. Le tarissement des activités non-conformes aux demandes de l’OCDE doit être géré de manière «ordonnée» (une formule gentille pour parler du chaos à éviter). Ce qui pose un risque sur la stabilité du système financier.

Que penser de ce rapport ?

Il sonne clairement comme un rappel à l’ordre. Un réveil national s’impose. Notamment par rapport à notre inhérente fragilité. L’île Maurice n’est pas invincible.

Derrière la complexité du système financier se cache des facteurs de déstabilisation possible de notre ordre des choses. Notamment cette fragilité du secteur offshore dans lequel les milliards de flux ont alimenté notre niveau de vie sans que nous n’en prenions la mesure puisque tout se passait derrière des écrans et des papiers. La crise qui inquiète pour l’heure les locataires des tours d’Ébène pourrait se répandre dans l’économie tout entière. Si elle n’est pas gérée, bien sûr. Pour la gérer, la Banque de Maurice doit avoir les coudées franches et s’émanciper des pressions des lobbyistes comme des politiciens.

Plus en profondeur, ce rapport, de par sa nature, est condamné à englober tout un ensemble de situations sous le grand chapeau de «compétitivité». Un terme d’économistes que les gouvernements successifs sont trop contents de laisser aux économistes, tant ils redoutent de le voir en face. Cela demanderait de descendre plus bas, de se rapprocher de la réalité de l’entreprise. Des vrais problèmes pratiques auxquels sont confrontés les Mauriciens au travail.

Si le gouvernement tient à démontrer qu’il a bien reçu le message du FMI, c’est moins vers le gouverneur de la Banque de Maurice qu’il doit tourner son attention que vers tous ceux qui pourraient traduire en termes pratiques cet impératif de compétitivité. Comprenez le ministre de l’Agriculture pour le secteur sucre, ceux du Commerce, de l’Emploi…

À défaut de transformations réelles dans notre approche à la compétitivité, nous sommes avertis de possibles pressions inflationnistes et secousses au niveau des changes. Tenons-le nous pour dit.

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