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Des bonnes et des moins bonnes… des vertes et des pas mûres
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Des bonnes et des moins bonnes… des vertes et des pas mûres
Tout n’est pas que problème dans ce pays. Heureusement ! Grâce à une initiative forte du bureau du DPP, le procès Boskalis bénéficiera à nouveau de la coopération du tribunal de Rotterdam, en janvier 2018. Les témoins pourront donc témoigner et, pour paraphraser Me Ahmine, nous aurons effectivement l’occasion, comme nation, de mieux servir la justice ! Nous avons aussi, désormais, un salaire minimum. C’est excellent ! Surtout pour ceux qui vont en bénéficier… Espérons, seulement, qu’il n’y aura pas trop d’opérations commerciales ou industrielles, petites ou fragiles, qui devront considérer de licencier en conséquence… Autre bonne nouvelle : le projet METISS, un câble de 3 000 km bénéficiant d’un haut débit de 24 000 Gigabits/seconde et qui va coûter 40 millions d’euros, a été lancé cette semaine par ses six commanditaires du secteur privé. À un moment ou le câble SAFE laisse à désirer, c’est vraiment une nouvelle qui tombe à pic. On peut y ajouter le fait que cette année se termine sans plus aucune mention de «brown out» ou de «black-out» à propos du CEB. C’est donc que l’on a bien réussi à installer les nouvelles capacités de 15MW x 4 à la station de St Louis et que ça tourne ! Bien ! Et toc pour les oiseaux de mauvais augure, encore que cela demeure sans doute toujours un devoir de demander des comptes aux décisionnaires.
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Mais qu’en est-il dans ce pays que le mois de décembre et la fin de la session parlementaire de l’année calendaire semblent encore faire remonter son lot de décisions et d’initiatives qui chatouillent la controverse ?
L’an dernier, si vous vous en souvenez, nous nous retrouvions en plein dans la tentative de ce gouvernement d’utiliser sa majorité de trois quarts au Parlement pour tenter de faire basculer encore une institution sous son influence. Il s’agissait du poste de DPP que l’on souhaitait mettre «sous bol» avec la loi scélérate intitulée : «Prosecution Commission Bill». Le PMSD n'a peut-être pas tout à fait été le «sauveur de la démocratie» en la circonstance, mais il n’y a aucun doute que c’est son retrait du gouvernement sur cette question qui nous a évité cette étape de plus vers le dévergondage de notre démocratie !
Cette année-ci, rien d’aussi dramatique, mais plutôt une série de petites décisions apparemment anodines, mais qui sont révélatrices d’un mode d’emploi, d’une culture, d’intentions plutôt évidentes. Commençons par la nomination du nouveau gouverneur de la banque centrale. Cela m’étonnerait beaucoup que le critère principal retenu par le Premier ministre avant de faire sa recommandation à Madame la présidente ait été «l’indépendance» d’esprit de M. Googoolye. Bien au contraire ! Toute sa carrière semble avoir été motivée par un désir de se faire petit et de plaire au chef. Cela se confirmait encore en juin de cette année, par exemple, avec sa nomination, en catastrophe, comme vice-président du conseil d’administration de la FSC, après la démission de quatre directeurs, dont Dhiren Dabee, le Sollicitor General. Dans la même parenthèse de temps on permettait… à Alvaro Sobrinho de démarrer quelques opérations à lui, dont une Investment Bank, pourtant suspendue par un communiqué de la FSC du 2 mars 2017. Il n’a pas dit «non» à l’invitation. Quand on sait que la banque centrale avait, de son côté, été opposée aux demandes de licences bancaires du même personnage, Sobrinho, on ne peut conclure à de la cohérence d’esprit. Quant à de la pensée indépendante, espérons que la nouvelle responsabilité fasse l’homme, mais il est plutôt probable que nous aurons donc, désormais, une autre institution publique sous influence. D’autre part, enlever un dépôt fixe de la Bramer Bank, à la veille du retrait de sa licence, sur la base d'«insider information» n’agrémente en rien une réputation, quoiqu’en dise SAJ.
Puis, il y a eu le «Higher Education Bill» pour encore illustrer l’appétit apparemment incommensurable de notre leadership politique à mener les institutions «indépendantes» sous leurs bottes. Outre le fait de remplacer une Tertiary Education Commission de neuf membres par un Higher Education Committee (HEC) de 13, cette nouvelle législation vient conférer au ministre le pouvoir absolu d’exempter toute institution ou tout programme ou toute qualification d’une institution tertiaire des obligations de cette loi, ou autrement dit de toute décision prise par le HEC ! Vous vous souvenez de cette période travailliste où chaque loi contenait une fameuse clause déclarant que quoiqu’ait pu dire cette loi, le ministre pouvait toujours décider autrement «in the public interest» ? Que nous sommes loin de l’initiative de Rama Sithanen qui abandonnait, de son propre chef, des pouvoirs discrétionnaires détenus par le ministre des Finances d’alors… Budget de 2006, je pense ?
Dans «l’express» de jeudi, une nouvelle trouvaille «interventionniste» : on va amender le «Landlords and Tenants Act» à nouveau pour donner un moratoire d’encore trois ans sur la révision à la hausse des loyers. L’équation est pourtant simple : si vous contrôlez le prix économique de n’importe quel produit de manière déraisonnable, vous ne pourrez jamais assurer le remplacement/ renouvellement dudit produit. Or le «Landlord & Tenant Act» a été amendée en 2009 pour permettre la libéralisation des loyers … le 1er janvier 2018 ! La logique était (et reste) implacable et on y ajoutait la forme en donnant … neuf ans de préavis ! Entre-temps, certains des emplacements actuels avec des loyers d’un autre âge tombent en décrépitude et ne se renouvellent pas. Si la décision du ministre d’un nouveau moratoire de trois ans est juste, neuf ans après le constat de 2009, qu’est-ce qui va changer dans encore trois ans – à part que l’on aura juste passé le cap des élections ? C’est pourtant ce même gouvernement qui faisait le choix de la modernité du réseau des tuyaux de la CWA en pré-annonçant (avec raison !) l’augmentation du mètre cube d’eau. C’est pourtant les mêmes qui prenaient le pari de la modernité du métro au prix des inconvénients de maisons détruites, d’Arab Town déplacé, d’arbres coupés, de «promenades» effacées. Pourquoi pas le choix de la modernité de bâtiments renouvelés ? Le ministre Jhugroo aurait-il découvert la recette de l’omelette baveuse que l’on peut mijoter sans casser des œufs ?
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Petite réflexion personnelle pour terminer. Au pays du Donald, on s’est longtemps méfié du complexe militaro-industriel et des généraux trop rapides sur la gâchette, tout en se félicitant que le bouton nucléaire était entre les mains de civils. Nous sommes par contre, aujourd’hui, arrivés à une situation où l’on compte tous sur la sagesse… des militaires, Mattis, Kelly, McMaster pour éventuellement faire le contrepoids au président Trump, au détour d’un tweet trop belliqueux ! Sacré évolution ! Sûrement pas un progrès…
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