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L’équation du coeur
D’abord un aveu d’échec. Aucun observateur, aucun candidat, aucun parti ne savait que l’écart entre Arvin Boolell et le reste des candidats allait être si grand (plus de 4 700 voix). Les travaillistes, eux-mêmes, ont été les premiers surpris par l’ampleur de leur victoire. Plusieurs raisons peuvent expliquer le Labour Revival – mais ce n’est pas l’objet de ce papier. Et, de toutes façons, tout le monde le sait et nul besoin de le répéter : le meilleur agent des travaillistes n’est nul autre que Pravind Jugnauth lui-même.
Ensuite un constat général. Tous les partis ont glané leur part respective de l’électorat. Si certains estiment que Xavier-Luc Duval faisait un bon score jusqu’ici, ils tendent à oublier que le leader du PMSD a toujours fait partie d’une alliance – menée tantôt par les rouges et tantôt par le parti orange. En affrontant cette fois-ci seul l’électorat, le PMSD s’est exposé à une photographie réelle. Et le fait brutal est que sans des alliés, les coqs ne vont jamais tirer leur caution.
En revanche, ce qui retient l’attention, c’est la lente et sûre dégringolade du MMM – qui, à un moment de son histoire, frôlait les 50 % de l’électorat. Aujourd’hui l’épopée mauve se rétrécit comme une peau de chagrin. Le drame dans tout cela, c’est que malgré les défaites qui se succèdent, la direction du MMM semble ne pas vouloir en tirer les leçons. A la place, elle trouve toutes sortes de justifications qui ne tiennent, selon nous, pas toujours la route…
Bien évidemment, on s’attend que Paul Bérenger qui a, une énième fois, soumis sa démission (sans que cela provoque le moindre débat au sein des instances mauves), balaie nos propos d’un revers de la main...
***
D’abord le slogan Un vote pour Boolell, c’est un vote pour Ramgoolam n’a clairement pas accroché. Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir martelé matin, midi et soir.
Ensuite les combats du MMM, parti de centre-gauche, ont été repris par une foultitude de partis qui revendiquent des origines idéologiques similaires. L’effet combiné Diolle/ Bizlall/Parapen a été ressenti par les agents sur le terrain.
Ces agents du MMM ont connu un début de course des plus laborieux. Personne ne connaissait Nita Juddoo. Comment allons-nous faire pour la faire connaître si nousmêmes, nous ne la connaissons pas, se plaignait plus d’un. En optant pour Nita Juddoo au lieu de Vijay Makhan (candidat à Belle-Rose–Quatre-Bornes en 2010) et principal dirigeant du comité régional du no18, la direction du MMM a provoqué l’éclatement du comité régional et a provoqué une démobilisation-frustration chez les membres. Résultat : Vijay Makhan a choisi de garder ses distances de la campagne (en évoquant des raisons de santé) et plusieurs militants de longue date sont soit restés chez eux, soit ont voté/travaillé pour des candidats adverses.
Une vraie autocritique des mauves commencera d’abord par une autopsie de la campagne menée par le tandem Gunness-Bhagwan. Il faudrait revenir sur la façon dont l’après-2014 a été analysée et puis gérée. La débâcle des dernières législatives est peut-être la pire des crises qu’a connues le MMM – et des crises il y en a eu (voir pages 12 et 13). C’est la base du parti qui a le plus souffert de cette alliance avec les rouges. Aujourd’hui, les rumeurs de rapprochement avec le MSM provoquent une autre érosion…
Il y a aussi, comme évoqué lors du dernier BP mauve, une guerre intestine pour prendre le leadership du parti entre les clans Gunness et Jeeha – une longue et éprouvante guerre intestine qui nuit au parti de l’intérieur. D’ailleurs, l’absence du leader adjoint lors du congrès de La Source a été mal perçue par plus d’un et a révélé la source du mal…
Au final, Bérenger demeure sûrement le plus grand atout du parti du coeur. Mais à force de penser qu’il maîtrise tout, tout le temps, il risque de faire imploser le MMM. On se demande souvent : que serait le MMM sans Bérenger ? Or, par rapport à son histoire, et afin d’échapper au culte de la personnalité, l’on devrait aussi se demander : que serait Bérenger sans le MMM…
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