Publicité

Inflation et nomination

24 décembre 2017, 07:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Inflation et nomination

Nous sommes, hélas, un pays politisé à outrance. Ainsi, lorsqu’une critique est émise sur la gouvernance, l’on ne s’attarde pas autant sur le fond du sujet que sur la personne qui formule cette opinion. C’est ainsi que beaucoup d’avis éclairés sont escamotés, sur l’autel de la démagogie. Et l’on continue alors notre chemin, tranquillement, sans nous remettre en question, en prônant une politique de l’autruche.

Le FMI, qui n’a pas d’intérêts directs à Maurice (nous n’avons pas d’emprunts auprès de l’institution), et qui connaît fort bien nos problèmes et acteurs économiques, véhicule un avis objectif. Et quand il vient tirer la sonnette d’alarme dans un papier spécialement écrit sur Maurice (Selected Issues, December 2017), il y a lieu de le prendre au sérieux. D’ailleurs, ceux qui ont l’habitude de lire les critiques diplomatiques du FMI, notamment dans ses Article IV papers, vous diront que c’est l’une des rares fois que l’institution de Bretton Woods se montre aussi sévère. «Inflation was low in Mauritius because globally inflation was low», «the Central Bank cannot effectively create price stability because its tools don’t work», Ou encore...

...«Despite efforts to improve its monetary policy framework, Mauritius does not appear to abide by most of the core principles that characterize an effective monetary policy framework», relève l’étude sur Maurice, qui fait la part belle à notre faible compétitivité sur le plan international et sur les mesures à prendre pour qu’on sorte du ‘middle income trap’ et qu’on atteigne cet autre palier de développement économique.

Parmi les problèmes observés par les experts internationaux du FMI, il y a ceux qui sont liés à la lourde bureaucratie mauricienne, au manque de capitaux, aux ressources humaines improprement formées et à la corruption qui infiltre plusieurs secteurs. «Stagnating productivity in some sectors and recent associated increases in unit labor costs have signaled growing cost competitiveness concerns.»

* * *

Il est temps d’arrêter de gloser sur notre première place en Afrique subsaharienne et nous mesurer à Singapour, Hong Kong, Malte et l’Islande, par exemple.

Et maintenant que la partielle est derrière nous, il convient pour le ministre des Finances, par ailleurs Premier ministre, d’oublier le Parti travailliste ou ses projets d’alliance pour se concentrer, enfin, sur l’économie. Ses priorités doivent demeurer la relance de la croissance, la refonte du marché du travail, et l’inadéquation des ressources humaines par rapport à nos besoins et un grand projet d’innovation pouvant réinventer notre modèle économique – qui s’essouffle depuis des années.

Pour changer la donne, le Premier ministre n’aura pas les coudées franches, si l’on se base sur la qualité des hommes qui l’entourent. Sa dernière nomination fait tiquer. Le remplacement de Ramesh Basant Roi par Yandraduth Googoolye pose deux problèmes. 1) A-t-il été choisi sur la base de ses compétences ou parce qu’il est proche du clan Jugnauth ? 2) S’il s’avère qu’il a, lui aussi, comme sir Anerood Jugnauth, retiré son argent de la Bramer Bank avant que la licence de celle-ci ne soit révoquée par la Banque centrale, alors il serait coupable d’avoir commis un délit d’initié... Ailleurs, d’autres banquiers ont dû céder à la pression pour protéger «la crédibilité» de leur institution. Chez nous, cela tend à devenir la norme... depuis que le mentor nous a dit : «Ki ou krwar mo kouyon...» Lui non, sans doute, mais la majorité des Mauriciens peut-être...