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Q: Espérance ou à désespérer ?

14 janvier 2018, 07:58

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Quelques belles brassées d’espoir et de fraicheur cette semaine ? 

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un en visite à l'Académie des Sciences de l'État dans un lieu non divulgué, AFP PHOTO / KCNA VIA KNS, 2018.

Dans une manœuvre qui surprend, mais qui rassure, Kim Jong-Un tend la main à la Corée du Sud, sous prétexte des jeux Olympiques d’hiver qui approchent. Il est vrai que des exercices de ce genre ont, dans le passé, toujours été utiles pour gagner du temps, acheter quelque marge de manœuvre et que rapidement, par la suite, le régime nord-coréen se retranchait derrière ce qui lui paraissait le plus important : se faire craindre par l’ogre américain en construisant et en crédibilisant son arsenal nucléaire ! Avec le Hwasong 15, testé le 29 novembre 2017, avec une portée théorique de 13 000 km, le territoire américain est désormais accessible et le «rocket man» certainement plus craint. C’est d’autant plus de raison pour que le geste de paix de la Corée du Nord soit bien noté ! Espérons que Trump n’essaiera pas d’en faire un triomphe personnel qui fasse tout dérailler…*

Le président américain Donald Trump saluant la foule avant son embarcation à bord de l'Airforce One, à la base commune Andrews, Maryland, le 12 janvier 2018, pour un voyage d'un week-end à Mar-a-Lago. (Source AFP)

Trump, lui-même, sous pression avec la sortie du livre Fire and Fury  et n’ayant rassuré personne en affirmant qu’il était un «very stable genius», se livrait, le mardi 9 janvier, à un exercice extraordinaire à la Maison Blanche pour tenter de l’illustrer. Il réunissait ainsi deux douzaines de représentants du congrès et du sénat et essayait de faire monter une mayonnaise commune aux républicains et aux démocrates présents, afin de mieux servir le pays ! Peu importe les nombreuses occasions où la position exprimée par Trump se transformait durant cette réunion afin, peut-on croire, de plaire au dernier des présents s’étant exprimé, mais la seule initiative est définitivement à mettre à son crédit comme négociateur en chef de compromis. Encore qu’on ne manquera pas de lui faire le procès qu’il a dû délibérément créer un problème avec le DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) pour l’utiliser comme… monnaie d’échange. En effet, les 700 000 enfants «importés» illégalement par leurs parents et qui ne connaissent donc qu’un pays : les États-Unis, peuvent être évacués après l’initiative de Trump d’annuler l’amnistie signée en leur faveur par Obama ! Ainsi, le règlement de cette question, avant le 5 mars prochain, serait lié à un accord pour des frontières renforcées… et donc l’approbation de son mur ?!

En haut à gauche: Catherine Deneuve, Harvey Weinstein et l'ex-PPS, Kalyan Tarolah.

Rafraîchissante enfin la tribune de plus de cent femmes dont Ingrid Caven et Catherine Deneuve, publiée par Le Monde et qui rappelle que si «le viol est un crime, la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste». Car, faut-il le rappeler, dans le sillage de toutes les émotions suscitées par Weinstein, #MeToo et #BalanceTonPorc, que les hommes et les femmes normalement constitués se cherchent encore des fois mutuellement pour se retrouver sexuellement… très naturellement. Et de rappeler que ceux qui «ont eu pour seul tort d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses ‘intimes’ lors d’un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l’attirance n’était pas réciproque» ne peuvent être apparentés à des «agresseurs sexuels», d’autant que dans la plupart de ces situations, c’est la parole de l’un contre celle de l’autre. Il ne faut pas pour autant tout excuser non plus, c’est sûr ! De la prédation de mineures, style Roy Moore, aux promotions qui dépendent des faveurs de la couchette, en passant par les WhatsApp trop explicites de Tarolah, il y a toute une série de comportements inacceptables. Cependant, il y a une différence entre «grabbing the pussy»  et toucher un genou, pour sûr et le «correctif» actuel, qui doit bien légitimement aussi inclure la question de salaires égaux pour travail égal, ne doit pas nous mener vers l’absurdité des extrémismes religieux et des pudibonderies du politiquement correct qui, «au lieu de libérer les femmes, les rabaisseront, une fois encore au rang d’éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l’emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie».

Pendant ce temps-là, ici, au paradis, on se débattait avec de bien vieux démons aussi. Les «décompositionsrecompositions» politiques, bien sûr, mais aussi avec les vieillessavates qui obstruaient les drains et nos problèmes d’inadéquation dans le marché de l’emploi.

"Il y a un vrai démon quelque part et cela fait longtemps que celui-là est bien visible, cornes sur la tête et nez bien crochu! ", KC RANZÉ, 14 janvier 2018.

D’abord, le marché de l’emploi. Nonobstant le fait que le salaire minimum et la Negative Income Tax sont des mesures progressistes valables, il est clair que ces mesures ne vont pas créer de l’emploi… Peut-être même le contraire ! Or, les statistiques du ministère de l’Emploi sont déjà effrayantes : le secteur privé, fin 2017 par exemple, souhaitait recruter 3,174 personnes et ne trouvait, apparemment, pas d’employés pour plus de 7 % de ces postes en novembre 2017 ! Or, il y avait 40 600 personnes enregistrées comme «sans emploi» à fin septembre et l’on sait que la probabilité est qu’il y a plus de «sans-emploi» que cela, tout le monde ne choisissant pas nécessairement de s’enregistrer… Il y a un vrai démon quelque part et cela fait longtemps que celui-là est bien visible, cornes sur la tête et nez bien crochu !

La route de Baie-du-Tombeau innondée le 11 janvier 2018. (© Beekash Roopun)

Ensuite, les inondations et l’inénarrable vaudeville des drains qui ne drainent plus, parce que les citoyens irresponsables utilisent plutôt les drains comme des poubelles ! Sacs, bouteilles en plastique, vêtements, matelas, vieux meubles, tout y passe et pas seulement dans les drains, d’ailleurs. On jette aussi dans les rivières ! Résultat ? Les filtres des pompes de la CWA placées sur les rivières sont obstrués au point où la distribution d’eau en souffre. Et c’est ainsi que la boucle est bouclée : les inciviques polluent de manière inconsciente par beau temps et cela leur retourne à la gueule par temps pluvieux ! Et qui c’est qui, maintenant, a une belle paire d’ailes rouge sur le dos et qui affiche un trident entre ses crocs ? 

Ce qui nous mène à notre leadership politique qui devrait pourtant s’occuper aussi de changer favorablement la mentalité de la population, mais qui ne semble s’occuper que de pouvoir, de prébendes, de béton, de petites vengeances, d’alliances, de protection de montagnes, de manœuvres de toutes sortes, de mesquineries diverses…  

C’est à désespérer !

Et ce qui est sûr, c’est que si ce leadership lui-même ne peut pas se renouveler, aucun changement matériel, aucune réforme progressiste véritable, ne sera jamais possible ! Puisque c’est bien EUX MÊMES qui, avec leurs méthodes, leur incompétence, leur passivité, voire leur couardise, nous ont aidés, sur ces 50 dernières années, à adopter et à embrasser tous nos petits démons présents… 

Arrivée des esclaves à Port-Louis, île Maurice.

*Vendredi, il traitait notamment des pays africains qui envoient encore des immigrés aux États-Unis de «pays de merde». Faudrait peut-être lui rappeler que les tout premiers contingents d’Africains venaient par bateau… négrier et que les émigrants européens, jusqu’au 19e siècle au moins, venaient de «shitholes» aussi ?