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Affronter la réalité
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Affronter la réalité
Ce new normal qu’évoquent les institutions multilatérales pour qualifier une économie mondiale sens dessus dessous est tout aussi valable aujourd’hui pour décrire le dérèglement climatique.
Les pluies torrentielles qui s’abattent de manière récurrente sur notre île depuis le début de l’année témoignent de ce nouvel environnement. Ces phénomènes climatiques extrêmes mettent également en exergue nos carences et sont aujourd’hui source de préoccupation citoyenne.
La pagaille provoquée par les grosses pluies de jeudi dernier illustre parfaitement notre impréparation face aux dangers climatiques. Preuve ayant été faite avec la décision, la semaine dernière, de laisser à Business Mauritius, qui n’a pas compétence en matière de sécurité civile, le soin de se prononcer sur l’ouverture ou pas des entreprises privées. Cela alors que les fonctionnaires avaient été conseillés par l’autorité publique de ne pas se rendre au bureau en raison de l’alerte de pluies torrentielles.
Après cette bourde, le gouvernement s’attèle maintenant à élaborer un nouveau protocole afin que tous les employés de la République soient logés à la même enseigne. Mieux vaut tard que jamais ! D’autant plus que les victimes de cette discrimination auraient pu saisir la justice pour réclamer réparation si les grosses pluies avaient causé des pertes de vies humaines.
Saisissant la balle au bond, le Premier ministre est monté au créneau dans le sillage de ces grosses averses pour faire un appel aux collectivités locales afin qu’elles «s’assurent que toutes les conditions sont respectées avant d’octroyer un permis de construction». Cela risque de se révéler un énième cri dans le désert. D’autres avant Pravind Jugnauth en ont fait l’amère expérience. Sous Navin Ramgoolam également, il y a eu des menaces pour mettre au pas les canards boiteux. Référence avait été faite à l’époque aux poids lourds au sein de l’administration publique, mais rien n’y fut. Pire, certaines pratiques érigées en style de management ont toujours cours dans nombre d’institutions du pays.
En cause, une absence chronique du sens de responsabilité. Qui dit responsabilité dit également redevabilité. Seule une plus grande acceptation de cette notion pourra contribuer à faire changer les choses. Tel n’est pas le cas actuellement ! Les appels, voire même les rappels à l’ordre ne mèneront nulle part aussi longtemps que ceux qui sont à des postes décisionnaires ne se sentent pas comptables envers leurs employeurs, c’est-à-dire les contribuables.
Le Premier ministre, qui a exprimé sa «détermination» à faire évoluer positivement les choses dans plusieurs sphères, a du pain sur la planche. D’abord, il y a les lois existantes à faire appliquer à l’encontre des contrevenants faisant fi des règlements en s’adonnant à des constructions sauvages, mais il y a aussi ceux qui doivent être tenus responsables pour manquement à leur devoir dans l’exercice de leurs fonctions. Quitte à revoir notre cadre juridique si cela est nécessaire pour l’adapter aux défis qu’impose le dérèglement climatique.
Cette phase d’adaptation implique également une mise à niveau de nos infrastructures car elles sont loin de répondre aux nouvelles exigences. Sinon, comment expliquer qu’à chaque averse l’on soit contraint de se demander si les écoles et les bureaux seront fermés ? Est-ce l’émergence d’une nouvelle culture ? En tout cas, ce phénomène ne manque pas d’interpeller dans la mesure où il ne correspond pas à nos ambitions économiques.
Gageons qu’il servira au moins à provoquer une réflexion sur les concepts de flexitime et de work from home.
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