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Glory to thee, Platinum, ô Barclay Card of Mine

3 mars 2018, 12:14

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Le 12 mars 2018, on célèbre les 50 ans d’Indépendance de Maurice. Les célébrations qui devraient être grandioses seront toutefois entachées par l’énorme scandale qui secoue actuellement la présidence de la république mauricienne.

C’est la première fois qu’un dossier aussi accablant - avec d’irréfutables preuves à l’appui - est révélé sur les transactions financières douteuses d’un chef d’État. Des présidents ont été cassés à l’étranger pour avoir été trouvés coupables de corruption ou d’actes illégaux mais le cas d’Ameenah Gurib-Fakim est unique et ne manquerait pas d’intéresser les médias internationaux et les organismes qui militent pour soutenir la bonne gouvernance dans la gestion des ressources publiques. D’ailleurs, un journal singapourien en parle - Mauritius President mired in financial scandal, set to quit.

On attend également la réaction de la branche locale «bon enfant» de Transparency International sur ce scandale.

Que la présidente démissionne ou pas, les dégâts sont déjà conséquents. Les spin doctors de Pravind Jugnauth pourraient se livrer à un exercice de damage control mais pourraient aussi prendre des initiatives spectaculaires. Prendrontils le risque de débarquer la présidente et son supposément grand protecteur en la personne d’Ivan Collendavelloo ? S’inspirant de la pratique du fameux père qui pouvait toujours faire les autres porter le blâme - pa mwa sa, li sa - le camp Pravind Jugnauth pourrait toujours «chihuahuariser » toute la controverse et pointer du doigt un allié qui aurait abusé de leur bonne foi et proposé un tel personnage comme chef d’État.

Le fait qu’Ivan Collendavelloo ait endossé carrément le maillot de parrain d’Ameenah Gurib-Fakim conviendrait parfaitement à la cuisine si cette dernière choisisse un coup de Jarnac aux dépens d’un allié devenu encombrant. Les dégâts en termes de solidité de la majorité parlementaire seraient contrôlables car Ivan Collendavelloo pourrait se retrouver comme un lonesome cowboy s’éloignant du saloon, abandonné des autres. En affirmant que la présidente c’est sa protégée, Collendavelloo lance un message sans équivoque au Premier ministre : si vous touchez à la femme, vous touchez à moi. Mais en fonction du rapport des forces et du poids politique réel du chef du Muvman liberater (ML), le camp Jugnauth pourrait bien lui rabattre le caquet.

Si Collendavelloo ne fait plus partie du gouvernement, cela arrangerait sans aucun doute ceux qui travaillent assidûment depuis décembre 2017 à concrétiser une alliance entre le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Mouvement socialiste mauricien (MSM). Le MMM pourrait tirer une certaine satisfaction en voyant chuter une bête noire chérie qui a failli priver de peu Paul Bérenger d’une élection au no19.

Dans le contexte politique plus large, le MSM a bénéficié plus ou moins des divisions dans les rangs de l’opposition, exploitant l’animosité qui existe entre le leader du MMM et Navin Ramgoolam et Xavier-Luc Duval. Or le MMM réagit favorablement à la motion de blâme que le député travailliste Shakeel Mohamed présente contre la présidente. Le MMM n’aime pas être mis devant un fait accompli, question d’orgueil. Aussi, on avait estimé, à un certain moment, qu’en raison des considérations de communalisme scientifique, certains hommes politiques auraient voulu ne pas trop se mouiller dans l’affaire Gurbib-Fakim. On peut maintenant constater que l’affaire a déclenché une dynamique unitaire dans les rangs de l’opposition. Il serait dans l’intérêt du MSM qu’une telle tendance ne se produise pas et que l’opposition reste divisée.

Le gouvernement Jugnauth aura beaucoup de difficultés dans les jours à venir à gérer la célébration du 50e anniversaire du pays et limiter les répercussions, sur le plan international, de l’affaire de carte de crédit de la présidente mauricienne. La présence du président indien Ram Nath Kovind sera couverte par les médias indiens. Les journalistes indiens, connus pour leur audace et leur agressivité, ne manqueront pas de répercuter le scandale autour de la présidente mauricienne.

Le Parlement ne siégeant pas actuellement pour pouvoir débattre de la motion de Shakeel Mohamed et la présidente elle-même ayant choisi la voie de stonewalling, le bureau du Premier ministre prend des risques certains avec la gestion de la présence de la VIP no1 lors des manifestations officielles et combien solennelles du 12 mars. L’allusion à la présidente lors de l’exercice de décorations décernées aux citoyens méritants pourrait sonner faux dans le contexte actuel de même que son arrivée sur les lieux des célébrations officielles et du lever du drapeau de même que lors de la traditionnelle garden party au Réduit. Certains à «lespri kabosé» pourraient même détourner les premières lignes de l’hymne national pour dire Glory to thee, Platinum, ô Barclay Card of Mine.