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Historiquement seule
Il y a désormais consensus au sein du gouvernement. Elle doit s’en aller. Une semaine après la révélation par l’express des relevés bancaires de la Platinum Card de Madame la présidente, celle-ci a mobilisé contre elle les membres de la majorité (y compris ceux issus du Muvman liberater), ceux de l’opposition (réunis pour une fois) et la grande majorité des Mauriciens (dégoûtés par les folles dépenses de celle qui était censée être la garante de notre Constitution). Rarement Maurice aura été si unie.
Mercredi dernier, après notre Une qui a pris pratiquement tout le monde de court, Ivan Collendavelloo a tenté une attaque frontale contre notre journal en évoquant le viol du secret bancaire et notre supposé manque d’éthique dans la pratique de notre métier de journaliste d’investigation. Par la suite, il a tenté de hausser les enchères et de remplir le rôle, bien trop grand pour lui : si-ellepart- je-pars-aussi.
Cette forme d’intimidation contreles lanceurs d’alerte – qui ironiquement provient du père de la Prevention of Corruption Act – traduisait déjà la faiblesse de la défense – d’autant que 48 heures plus tard, une Ameenah Gurib- Fakim acculée, brisant le silence du Réduit, va faire éclater sa colère sur les ondes, avant de nous lancer un ultimatum. Jamais on ne l’avait entendue aussi énervée. Et ridicule.
En fait, la colère, l’indignation, la révolte – c’était le seul registre dont disposaient Gurib-Fakim et Collendavelloo (et leur aboyeur Rutnah qui s’est encore une fois ridiculisé en essayant à la fois de défendre la présidente et de vilipender notre journal avant que Pravind Jugnauth ne la condamne publiquement). C’était leur seule stratégie : essayer de faire vaciller l’express – comme d’aucuns ont essayé, en vain, dans le Yerrigadoogate ou dans l’affaire de la bande sonore contre le VPM Soodhun. Sauf qu’on avait tout verrouillé. Qu’encore une fois, ce n’était pas du vent, mais de la Documentary Evidence, aussi authentique que les bijoux de la présidente…
Désormais la messe est dite. La pression, intenable. L’issue est connue. Alors que Pravind Jugnauth donnait l’impression qu’il ne voulait pas désavouer publiquement la présidente, le Premier ministre n’a pas tardé à comprendre qu’elle était devenue un boulet trop lourd à porter politiquement.
Mis devant les preuves, Pravind Jugnauth, qui soigne son image de «PM de rupture», avait agi contre son Attorney General, puis contre son vice-Premier ministre. Jamais deux sans trois ? Contre Ameenah Gurib-Fakim, il a fait mieux : il n’a pas imposé sa décision mais il a fait comprendre à Collendavelloo et au ML qu’ils n’étaient pas indispensables. Il a ainsi laissé venir la pression sur la présidente en restant évasif. «Anou ekout li.» Avant de lui infliger hier le coup de grâce. Objectif : envoyer le signal que son gouvernement n’a pas magouillé avec le clan Sobrinho-Gurib-Fakim. Bref qu’ils ne sont pas tous pourris.
Pour son premier passage dans le monde de la politique, Ameenah Gurib-Fakim aura compris qu’il ne faut jamais faire confiance à qui que ce soit. Elle peut ne pas être la seule qui a profité du système et de ses privilèges. Mais aujourd’hui, elle paie le prix fort. Seule. Contre tous. Cinq jours seulement avant notre demi-siècle d’Indépendance. Toute cette affaire demeurera historique à plus d’un titre.
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