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Congestion routière - Metro Express: le grand bluff

20 avril 2018, 12:55

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Congestion routière - Metro Express: le grand bluff
Impression d’artiste du pont routier qui reliera Chebel à l’autoroute
M1, à Sorèze, en enjambant la Grand-Rivière-Nord-Ouest.

2019 s’approchant à grande vitesse, il est désormais un «must» pour le gouvernement de penser au bilan qu’il nous présentera, le moment des prochaines élections législatives venu. C’est ainsi que la mise en chantier du Metro Express est devenue réalité après tant d’années de tergiversation.

Le Premier ministre ne rate pas une occasion pour assurer que ce nouveau moyen de transport en commun va moderniser le pays. Il dit que ce sera un joyau vers lequel accourront les Mauriciens et que les nombreux véhicules qui encombrent chaque jour nos routes resteront au garage.

Le gouvernement ne veut cependant pas rester sur cet acquis. Le voici qui décide enfin de passer à ce que tout conducteur et autres usagers de la route attendent depuis des années : résoudre le problème d’engorgement au niveau des ronds-points se trouvant à Jumbo, Dowlut et Pont-Fer, dans la région de Phoenix, de même que d’autres se trouvant sur l’autoroute M1 et la route A1.

Pravind Jugnauth vient de passer, avec toute la fierté qu’arborent les chefs de gouvernement quand ils finissent enfin par mettre en place un projet que le commun des mortels attendait depuis Mathusalem, à la pose de la première pierre du Road Decongestion Programme à ces points névralgiques, sur la M1, à Phoenix.

Mais il ne se contente pas de cela et armé d’une envie évidente de rattraper le temps perdu, le voici qui procède, dans la foulée, à la mise en marche des travaux pour la construction d’une nouvelle voie, avec un pont qui enjambera la Grand-Rivière-Nord-Ouest à Chebel, et rejoindra Sorèze sur l’autoroute M1. Et aussi, il relance la suite du projet Ring Road, phase 2, qui dormait du plus profond sommeil depuis des années.

Toutes ces améliorations dans l’infrastructure routière à différents points de l’ile nous démontrent, hélas, que la flotte de véhicules ne diminuera point mais augmentera d’évidence. Sinon à quoi serviront-elles ? Il faut bien mettre en place l’espace nécessaire pour les accommoder. Qui a dit que ce gouvernement en était incapable ? Ce qui est surprenant encore, c’est que tous ces projets de décongestion routière se feront sans l’aide financière de l’Inde ou de l’Arabie Saoudite.

L’autre disait «government is government, and government decides». Nous, nous devons dire «kan gouvernman oulé, li kapav». Ce qui surprend le plus dans toute cette affaire, c’est que le Metro Express était censé résoudre le problème de congestion routière entre Curepipe et Port-Louis à lui tout seul.

Donc, toutes ces améliorations sur la M1 et l’A1 se présentent comme une contradiction flagrante sur le but annoncé du métro. Le gouvernement savait pertinemment bien que le métro à lui seul n’arriverait pas au bout du problème et que le décongestionnement des axes d’étranglement que représentent les ronds-points ne pouvait que mieux aider à la fluidité du trafic sur les routes principales.

Cette décision tardive de procéder à ce qui paraissait essentiel au Mauricien lambda, aurait coûté bien moins cher à l’économie nationale si elle avait été prise il y a déjà plusieurs années, depuis le temps qu’on parle de Road Decongestion Programme peu importe le gouvernement en place. Pour preuve, quand la décision fut prise de doter la M1 d’une troisième voie, de St-Jean vers Phoenix, le citoyen lambda pensait que cela allait aboutir à un autopont au niveau du rond-point de Pont-Fer. Grande fut la surprise quand on découvrit que cette voie venait s’étrangler sur le rond-point !

La question qui fâche : qui pourra, aujourd’hui, interdire à un Mauricien de penser que le fait politique de vendre l’idée du Metro Express comme LA solution magique pour décongestionner le trajet Curepipe–Port-Louis n’était qu’un bluff ?