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Impact limité
Les chantiers s’ouvrent peu à peu à travers l’île. Du coup, l’industrie de la construction, étendue sur son lit de mort en 2016 avec zéro croissance, reprend des couleurs. Après avoir bondi à 7,5 % l’an dernier, l’expansion de ce secteur est projetée à 9,5 % cette année. Une tendance qui devrait se maintenir dans le court - moyen terme. Le hic, c’est que l’impact de cette reprise dans le secteur du bâtiment n’est pas aussi retentissant sur le produit intérieur brut.
Les analystes de MCB Focusavaient déjà anticipé la situation en février dernier, lorsqu’ils se sont mis à contre-courant en abaissant leurs estimations de croissance pour 2018 de 10 points de base. Concédant que le secteur du BTP sera un moteur clé de la croissance nationale cette année eu égard au nombre de projets infrastructurels annoncés, ils concluent toutefois que les prévisions sur le plan de l’investissement sont moins optimistes. Cela, en raison du fait que très souvent un temps fou s’écoule entre le moment de l’annonce et la mise en chantier d’un projet. Une observation que MCB Focus n’est pas la seule à avoir faite.
Quelques jours plus tard, la Banque de Maurice développait la même argumentation lors de son comité de politique monétaire pour justifier une réduction de ses prévisions de croissance. Le régulateur explique qu’elle a ramené ses prévisions de 4,2 % initialement, à 4 % pour cette année. Aux bancs des accusés : les mauvaises conditions climatiques du début d’année mais aussi, et surtout, le retard dans les projets infrastructurels.
C’est donc sans surprise que l’institut des statistiques a emprunté la même voie, le mois dernier. Sans pour autant mentionner explicitement les raisons évoquées par les autres organisations, l’agence gouvernementale a également recalculé la croissance à la baisse.
Outre la longue période de gestation pointée du doigt, pourquoi la construction semble avoir un effet multiplicateur limité sur la croissance économique du pays ? Une récente étude de la Commission de la concurrence apporte un autre élément de réponse : les accords de gouvernement à gouvernement. En essayant de comprendre les conditions qui caractérisent le marché, la Commission a posé le doigt sur la plaie. Elle a découvert que ces accords viennent damer le pion aux entrepreneurs locaux engagés dans l’industrie du bâtiment.
Pour ses besoins en financement, Maurice s’est tourné vers des pays «amis» comme l’Inde et la Chine. Mais les fonds mis à la disposition des autorités locales par ces bailleurs sont soumis à certaines conditions pas nécessairement à l’avantage de Maurice.
C’est ce qu’a découvert la Commission de la concurrence. «Alors que ces accords peuvent grandement bénéficier à Maurice du point de vue du financement et du transfert de connaissances, plusieurs associations du BTP ont fait état de leurs inquiétudes quant aux retombées négatives sur les opérateurs locaux», a-t-elle constaté.
Ceux qui tentent de se positionner sur les marchés publics dénoncent également la facilité avec laquelle les firmes étrangères ayant obtenu des contrats sur le sol mauricien peuvent recourir à la main-d’oeuvre de leur pays. Le cas du Metro Express est cité en exemple.
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