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La descente aux enfers
Le Licensing Committee – sur instructions du Chief Stipe Stéphane de Chalain ou pas – durcit le ton cette année. Il se veut intransigeant à l’égard de ceux qui ont joué avec le feu et qui ont fait fi des mises en garde qui leur avaient été lancées.
Ainsi, trois jockeys mauriciens, sans doute les meilleurs de leur génération, en l’occurrence Rye Joorawon, Yashin Emamdee et Jeannot Bardottier, brillent par leur absence depuis le début de la saison. Dommage, puisqu’ils sont tous des cavaliers doués qui n’ont rien à envier aux étrangers sur leur piste «natale». Du reste, Joorawon (348) et Emamdee (235) – les deux premiers du Top 5 des jockeys avec le plus grand nombre de gagnants depuis 1945 – ont brillé au plus haut niveau lors des journées internationales dans les styles qu’on leur connaît.
Mais les errements qui ont été les leurs durant leurs parcours les ont conduits à une situation où, strictement sur le plan professionnel, ils ne savent plus de quoi demain sera fait. Si Jeannot Bardottier, que plusieurs entraîneurs ont essayé, en vain, de prendre sous leurs ailes, a trouvé refuge en Allemagne où il n’a plus droit à l’erreur, en revanche Rye Joorawon, qui est encore sous le coup d’une suspension, a échoué dans ses tentatives de se relancer à Dubbayy et en Malaisie.
Lui qui est considéré comme un «cavalier naturel» – sans doute le meilleur après Karis Teetan et Nooresh Juglall, qui ont, eux, pu échapper au cercle vicieux, voire diabolique, qui sévit au Champ de Mars – n’arrivait même pas à attirer des montes à l’entraînement avant sa récente aventure malaisienne. Dure, dure, cette descente aux enfers !
On craint pour son avenir comme jockey, d’autant plus que 2018 ne ressemble en rien à ses devancières dans la mesure où la majorité d’écuries, en raison de gros investissements consentis dans l’achat de chevaux, ont voulu chercher et obtenu l’expertise étrangère. La nouvelle génération de jockeys mauriciens – et ce n’est pas un manque de respect à leur égard – est (pour le moment du moins) loin, en termes d’aptitude, de celle composée de Joorawon, Emamdee, Naiko, voire Mahadia et Boutanive (pas le Roland de 2018 !). Cette génération-là n’avait peur de personne au Champ de Mars. Pourtant, elle affrontait des Jeffrey Lloyd, Robbie Fradd et autres François Herholdt.
Mais rien n’est plus comme avant. S’il ratera les prochaines journées pour cause de suspension, Rye Joorawon, par exemple, n’est pas certain non plus de retrouver la compétition au terme de sa mise à l’écart. C’est aussi l’expérience, amère et angoissante, que vit en ce moment Yashin Emamdee. Lui qui est issu de l’école Jean Halbwachs vit dans l’anxiété quotidiennement puisque même au terme de ses trois journées de suspension en ce début de saison, il n’a toujours pas obtenu sa licence de jockey.
L’on peut avoir tendance à éprouver une certaine sympathie envers ces cavaliers mauriciens en raison principalement de leurs talents innés et de leur maîtrise du Champ de Mars, mais quelque part, c’est une situation dans laquelle ils se sont volontairement mis.
C’est l’heure pour eux de se remettre en question. Leur gagne-pain est menacé. A eux maintenant – si d’aventure ils retrouvent la piste de leurs exploits – de faire montre de respect pour une activité qui leur a tant donné. La suite de leur carrière est entre les mains d’un Licensing Committee déterminé à lancer une sévère mise en garde à tous ceux qui n’utilisent pas à bon escient leur riding licence…
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