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Dilemme
Lors de sa première rencontre sous la présidence de Yandraduth Googoolye, en février dernier, le comité de politique monétaire avait clairement signalé son choix : soutenir la croissance économique. Or, en trois mois, la situation a grandement évolué.
L’inflation que la majorité des membres du CPM jugeait «stable et contenue» à l’époque risque de donner le tournis au régulateur dans les semaines à venir. En cause : une flambée de l’or noir sur le marché international.
Avec la décision du président américain, Donald Trump, de sortir de l’accord nucléaire et d’imposer à nouveau des sanctions à l’encontre de l’Iran, le cours du pétrole a franchi le seuil psychologique de $70. Il est actuellement à son niveau le plus haut depuis 2014.
Selon les analystes du marché pétrolier, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et la guerre commerciale que Trump pourrait déclencher avec la Chine accentueraient l’ascension du prix des carburants. Le baril de l’or noir est ainsi vu à $80 dans le moyen terme et à $100 d’ici à l’année prochaine. Car il est estimé que sous la pression américaine, la production iranienne chutera d’environ 500 000 barils par jour.
Du coup, le débat à la BoM Tower s’annonce très animé avec en première ligne ce «dissenting member», à moins qu’il ne soit plus de la partie, qui, déjà le28 février dernier, avait invité ses pairs à considérer la voie de la normalisation en raison de l’impact de l’inflation sur la rémunération des dépôts. Sa proposition : une hausse de 25 points de base du taux directeur. Une demande rejetée par les colombes, estimant que l’inflation va demeurer modérée en l’absence de chocs majeurs.
Dans ses propos liminaires devant le CPM, le Gouverneur fraîchement nommé avait argué que les pressions inflationnistes ont apparu en raison d’une baisse dans la production de légumes frais. En conséquence, l’indice des prix à la consommation a progressé de 3 points en janvier 2018. Se basant sur les tendances récentes, il annonçait un ajustement dans les prix des légumes à leur niveau de marché au deuxième trimestre.
Toutefois, les choses ne se déroulent pas selon les prédictions de Yandraduth Googoolye. L’inflation globale a maintenu sa tendance haussière. Le taux est passé de 3,7 % en décembre à 4 % en janvier, avant de grimper à 4,5 % en février. Depuis le mois de mars, il s’est fixé à 5 %. Ce qui fait que la Banque centrale est désormais behind the curve sur le plan de la lutte contre l’inflation.
À un mois de la présentation du Budget 2018-19, la Banque centrale se retrouve sur la corde raide en matière de politique monétaire. La Bank of Mauritius Act de 2004 définit clairement son mandat : maintenir la stabilité des prix et promouvoir un développement économique ordonné et équilibré. Dans cette perspective, la prochaine réunion du CPM suscitera un intérêt particulier dans les différentes sphères du pays.
Eu égard aux enjeux, il ne serait pas étonnant que la Banque de Maurice opte pour la voie de la prudence. Ce qui pourrait donner lieu à un maintien du taux de référence tout en préparant le marché à un resserrement monétaire dans les mois suivant le Budget.
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